Schwindratzheim
Bourg rural de la plaine d’Alsace caractérisé par trois types de terrains : les terres agricoles au Nord du village, la vallée de la Zorn, le Gypsberg dont le nom provient de l'exploitation de mines de gypse au XXème siècle.
Les communes limitrophes sont : Mutzenhouse, Alteckendorf, Minversheim, Mommenheim, Waltenheim-sur-Zorn et Hochfelden, la plus grande ville à proximité.
La commune est proche du Parc Naturel Régional des Vosges du Nord.
Toponymie
Svinderadovilla est cité en 737 ; puis Swindratisheim en 758 ; Svinteratesheim en 884 ; Svinderathdesheim en 1152 ; Svindesratesheim en 1154 ; Swinderatesheim en 1251 ; Swindratsheim en 1330 ; Swindolzheim en 1459 ; Swindeltzheim en 1441 ; Schwindolzheim en 1464.
Les armes des communes se blasonnent ainsi : Parti : au premier d'argent au lion de sable, lampassé de gueules, à la bordure du même, au second d'azur à la croix haussée alésée au pied fourché d'or.
Hydrographie
La rivière La Zorn prend sa source en Moselle à 600m d’altitude. Elle traverse le village et se jette dans La Moder. Elle sort de son lit, s'épanchant alors dans toute la vallée, jusqu'au pied des maisons.
Le canal de La Marne au Rhin.
Le ruisseau le Minversheimerbach.
Il est établit qu’une vie communautaire existe avant l’ère chrétienne à l’emplacement actuel du village.
A l’origine, le sol relève du pouvoir royal, la localité apparaît en 736 lorsque le duc d’Alsace, Luitfried (700/767) vend l’ensemble de ses possessions héritées de son père Adalbert d’Alsace (665/722), frère de sainte Odile (662/720) sainte patronne de l’Alsace.
Le village est cité également en 737 dans un document de l’abbaye de Wissembourg fondée en 660 par des nobles austrasiens, sur une île de La Lauter.
En 758, Ruthard de Nordgau (+765), comte du pagus septentrionalis, fait don à l’abbaye de Schwarzach de l’église de Swingdratzheim et d’un important domaine agricole. En 884, le couvent de Honau et en 1127, le couvent de Saint-Jean de Saverne sont propriétaires de biens fonciers sur le territoire.
Politiquement, le village relève toujours du Saint Empire qui y exerce la justice. En 1289, il est tenu par les seigneurs de Lichtenberg (voir § suivant).
La Réforme est introduite en 1545 et un simultaneum est mis en place entre 1740 et 1902.
En 1592, lors de la Guerre des Evêques, le village est pillé par les Strasbourgeois.
Durant la Guerre de Trente Ans, les Suédois occupent l’Alsace, les paysans de Schwindratzheim quittent leurs habitations avec animaux, chariots et quelques hardes pour se réfugier à Bouxwiller car les murs de l’enceinte de Pfaffenhofen sont détruits en 1633. Bouxwiller est surpeuplé et aubergistes comme mécréants profitent de la situation pour soutirer les terres.
En 1635, une épidémie de Variole et de Peste se déclare, causant une surmortalité importante.
Nombreux sont ceux qui mange leurs animaux domestiques, les rats et souris, l’herbe ou des racines voire même de la chair humaine prélevée sur les cadavres.
En 1638, Bouxwiller est mis à sac par les troupes Croates. Schwindratzheim qui comptait une soixantaine de familles en 1632 est désert. Une vingtaine d’habitants retournent au village vers 1642 malgré la précarité de la situation mais le calme ne revient qu’à partir de 1648 et la signature du Traité de Westphalie.
En 1649, il faut rebâtir, une vingtaine de maisons menacent de s’écrouler ou le sont complètement. La tour de l’église et le presbytère sont endommagés. Après une quinzaine d’années d’abandon, le village est devenu une forêt de taillis.
En 1744, durant la Guerre de Succession d’Espagne, une armée de 11 000 hommes est cantonnée dans le village durant 4 jours.
En 1789, durant la Révolution Française, des volontaires sont enrôlés et la municipalité prend en charge leurs dépenses.
Au XIXème siècle, plusieurs jeunes font partie de l’armée impériale et participent aux Guerre de Crimée de 1853 à 1856 et à la Guerre Franco-Prussienne de 1870.
Le XXème siècle est marqué par les deux dernières Guerres Mondiales.
Seigneurs et gens de noblesse
Au XIIIème siècle, le village appartient à la seigneurie de Lichtenberg, baillage de Pfaffenhoffen puis comté de Hanau-Lichtenberg, et aux landgraviat de Hesse-Darmstadt du Saint-Empire Germanique en 1736.
Les seigneurs de Kageneck tirent également quelques revenus de Schwindratzheim au XVème siècle.
Au milieu du XVIIème siècle, la plupart des terres appartiennent aux hôpitaux (Strasbourg, Haguenau et Bouxwiller), à des couvents (Schwarzach, Neuenbourg, Sturzelbronn), à diverses institutions (Saint-Thomas et Notre-Dame de Strasbourg, Neuwiller-les Saverne, Saint-Laurent de Bossendorf…) et à quelques grandes Familles (de Kageneck, Mullenheim, Bulach, de Wickersheim, de Turckheim).
Les sires de Lichtenberg
Famille de nobles alsaciens, issue de l’ancienne dynastie des sires de Hunebourg, qui sont, au cours du XIIème siècle, les landgraves de Basse-Alsace et les prévôts de l’abbaye de Neuwiller-lès-Saverne. possession de l’évêché de Metz.
Albert II de Dabo-Moha dit Albert de Lichtenberg (+1212), comte de Metz, de Dabo (Dagsbourg), d'Eguisheim et de Moha, avoué d'Andlau, d'Altdorf, de Neuvillers, de Hesse et d'Herbitzheim, est nommé en 1197, copropriétaire de l'évêché de Strasbourg.
Les sires de Lichtenberg utilisent leur parenté avec les Hunebourg pour obtenir la charge de prévôt sur la ville de Strasbourg, ce fait est attesté pour la première fois en 1249.
Conrad de Lichtenberg (1273/1299) est élu au siège épiscopal de Strasbourg.
Durant les XIVème et XVème siècles, la Famille s'efforce par des alliances et des guerres d'agrandir ses biens territoriaux.?
Les amours extra-conjugaux de Jacques de Lichtenberg dit Jacques le Barbu (1416/1480), prévôt de la ville de Strasbourg avec la belle Barbe d'Ottenheim (1430/1484, portrait de droite) marquent son époque.
En 1476, il remet la seigneurie en fief au comte Simon IV de Wecker-des-Deux-Ponts-Bitche (1446/1499), époux d’Anna de Lichtenberg, une des filles de son frère Louis V (1417/1471) mais en 1480 lorsque la lignée s’éteint avec lui, le partage successoral attribue le village à l’autre héritier, le comte Philippe Ier de Hanau (1417/1480, portrait de gauche), époux d’Elisabeth de Lichtenberg, sœur de la précédente, malheureusement celui-ci décède 1 jour après ce partage. Son fils, Philippe II (1462/1504), comte de Hanau, devient seigneur de Lichtenberg.
Chroniques communales
La paroisse
La Réforme est introduite à Schwindratzheim en 1545 par le comte Philippe IV de Hanau-Lichtenberg (1514/1590) à qui appartient le village. Cette année-là se tient à Bouxwiller un synode auquel le comte fait convoquer tous les prêtres et prédicateurs de la région. Le 28 mai 1545 est considérée comme une date charnière pour l'histoire religieuse d'une série de village dont Schwindratzheim.
Le curé, Nicolas Klein, acquis à la cause et à la doctrine évangéliques, devient le premier pasteur de la communauté protestante jusqu'en 1559.
Le simultaneum
Le simultaneum est introduit en Alsace par une décision du roi Louis XIV (1638/1715). C’est une agression contre les communautés protestantes, obligées de céder le chœur de leur église aux catholiques lorsqu'il y a au moins 7 familles catholiques dans la localité. Sur le plan juridique, l’usage accorde le chœur aux catholiques et la nef aux protestants, mais l’entretien provoque souvent des tensions entre les deux communautés. Les offices religieux ne peuvent pas être célébrés en même temps, car le chœur et la nef ne sont pas séparées. D'où des querelles d’horaires et une animosité réciproque.
L’introduction d’un simultaneum connaît une véritable vague entre 1683 et 1688 avec 78 églises protestantes concernées. Le mouvement se ralentit à la mort de Louis XIV. A cette époque, il y a 123 églises simultanées en Alsace.
En 1740, le simultaneum est introduit à l'église paroissiale Saint-Pierre et Saint-Paul de Schwindratzheim. La juxtaposition des deux communautés est très difficile durant les XVIIIème et XIXème siècles et suscite d’innombrables tensions, car les catholiques sont désireux d’étendre leurs droits. En 1902, les catholiques du village construisent leur propre église et le simultaneum est officiellement supprimé.
Au début des années 2000, il subsiste encore en Alsace une cinquantaine de localités dotées d'une église simultanée.
Patrimoine
L’église protestante
Au Moyen-Âge, bien avant la Réforme, l'église est consacrée aux saints Pierre et Paul.
L'église se compose de deux parties distinctes, ayant chacune son histoire propre : le clocher et la nef.
Le clocher-chœur, solide et trapu, de style romano-gothique et son arc triomphal, sont les derniers vestiges de l’église médiévale élevée dans la 1ère moitié du XIIIème siècle. Il est couvert d’un toit en bâtière jusqu’au début du XXème siècle. Lors de la restauration de la nef en 1904, la tour est réhaussée d’un étage qui abrite les cloches. L’étage inférieur, en grès rose, est couronné d’une arcature aveugle apparente à l’intérieur de l’église au-dessus d’un arc brisé donnant accès au chœur.
En 1465, l’église est en ruine, la nef est reconstruite une première fois, puis en 1738, l’hôpital de Bouxwiller, chargé de son entretien, la fait sommairement restaurée.
Elle est soumise au simultaneum de 1740 à 1900.
La bâtisse est humide, insuffisamment éclairée par quatre fenêtres, l’entretien laisse à désirer, le simultaneum favorise la désaffection des deux confessions… en 1852, la toiture laisse filtrer l’eau et une partie du toit s’est effondrée.
Vers 1900, les catholiques inaugurent leur propre église, le Conseil presbytéral de la paroisse luthérienne engage alors une restauration complète de l’église qui est inaugurée en 1906.
En 1929, les cloches sont électrifiées. En 1943, l’éclairage électrique est installé et en 1948 la soufflerie de l’orgue est électrifiée à son tour lors d’une grande rénovation intérieure.
Une nouvelle restauration est faite pour l’installation du chauffage central, puis en 2006 pour l’installation de toilettes et une mise en conformité électrique.
Le cimetière protestant est inauguré en 1848.
L’église catholique Saint-Pierre et Saint-Paul
Elle est inaugurée en 1902 après deux années de chantier. Aujourd’hui encore, elle est annexée à la paroisse de Hochfelden.
Le cimetière catholique reste derrière l’église luthérienne.
Le moulin à farine est la propriété des comtes de Hanau-Lichtenberg.
Il est destiné essentiellement à produire de la farine, mais aussi de l’huile et à broyer du chanvre.
Pendant la Révolution Française, le moulin est confisqué comme Bien National et exploité en communauté. A cette époque, plusieurs logements ouvriers sont construits devant l’entrée du moulin. Ils sont en partie démolis lors de la construction de la voie ferrée Paris/Strasbourg, d’autres vers 1930.
Au début du XIXème siècle, la propriété est acquise par François Joseph Héberlé, originaire de Reichshoffen, qui est maire de la commune de 1826 à 1831. Un de ses fils est médecin du canton, maire de Hochfelden de 1848 à 1860 et conseiller général de 1848 à 1861.
En 1869, la propriété est vendue à Michel Koenig (+1872) de Schwindratzheim, sa veuve se remarie en 1874 avec Michel Fischbach de Berstett, grand père du propriétaire actuel.
En 1880, une partie des roues à aubes est remplacée par une turbine hydraulique qui tourne toujours.
En 1905, un incendie détruit le moulin à farine et la maison attenante, seule la maison d’habitation est reconstruite. L’huilerie et l’entreprise de battage de grain ainsi que l’exploitation agricole continuent jusqu’en 1930.
En 1950, une nouvelle activité commence avec l’installation d’une manufacture de bonneterie fine dans les anciens bâtiments de l’exploitation agricole. L’effectif compte 50 personnes et la turbine hydraulique avec son alternateur fournit le courant électrique pour les besoins de l’usine et les besoins domestiques. En 1987, l’entreprise dépose le bilan. L’équipement hydroélectrique continue à produire l’électricité nécessaire au confort domestique.
Hameaux, faubourgs, lieux dits et écarts
Les villages disparus
Frankolvisheim, situé entre Schwindratzheim et Mommenheim. La dernière mention d’un habitat remonte à 1373 sous la dénomination de Frankoltzheim.
Lortzheim, situé sur les actuels lieux-dits Lertschenberg et Lertschenthal à 1,7 Km au Nord-Est de Schwindratzheim. Il est cité en 713 puis en 746 sous la dénomination Lorancenheim ; en 1300 sous Lortzenheim, en 1345 sous Lurtzheim et en 1423 sous Lortzheim.
Gundershausen, ferme isolée aujourd’hui, située le long de la route menant vers Bossendorf. Il est cité en 1326 dans le finage de Bossendorf et vers 1350 sous Gunterhuse.
Sources
Sites, blogs, photos et lecture : Wikipedia, Bulletins d’informations de la commune 1997/1998.
Date de dernière mise à jour : 19/08/2020