Nepvant
Petit village paisible et tranquille situé sur la rive gauche de la Chiers, il fait partie des villages-rue typiques de la Meuse.
Sa rue principale ainsi que la place de l’église sont agrémentées par des espaces verts, arbustes et parterres fleuris. L’implantation de nouvelles constructions sur le haut du village apporte un souffle de jeunesse à la population.
La population est rurale et compte encore cinq exploitations agricoles.
Le territoire, peu boisé, forme une sorte de cuvette ; le village est au centre, près d’une bosse, ancien méandre de la Chiers, qui limite le territoire avec Lamouilly à l’Est.
Entouré par les communes de Brouennes et Olizy-sur-Chiers, Nepvant est situé à 1 km de Lamouilly la plus grande ville aux alentours.
La commune est proche du Parc Naturel Régional des Ardennes.
Hydrographie
La rivière La Chiers, le ruisseau du Moulin sont les principaux cours d'eau qui traversent la commune .
Toponymie
Nova via anté Epusum, Nepuiantum, Novianthum en 1139 et 1157.
Le territoire émerge sur les marnes liasiques supérieures qui se boursoufflent au contact de l'air, forment un sous-sol chancelant, se solidifiant et se déposant au fond, en forme terreuse. De là l'expression nepui-an-thum, transformée celtiquement en Nepvant.
Histoire
Au IVème siècle, sous les romains établis à Epusum, la nouvelle voie pour se rendre d’Ivoy à Sathenay passe par Nepvant.
D’après les chartes, les monuments, les vieilles annales et les traditions, l’existence de Nepvant est attestée depuis le VIIème siècle.
La localité est convertie au christianisme par l'archevêque Maximim de Trèves (+346).
L’archevêque Hillin de Falmagne (1152/1169) mentionne dans une charte de 1157 Novianthum comme étant une des 35 paroisses qui portent processionnellement leurs cierges sur le tombeau de Saint Dagobert à Stenay (voir lien, bas de page Mouzay).
Au temps de l'ancienne mouvance de la châtellenie de Stenay, le ban de Nepvant comprend huit censes fièfes. Les principaux arrière-fiefs sont : la Cour (sur la rivière La Chiers, au confluent du ruisseau de Nepvant, en amont de Lamouilly et d'Olizy) et la Folie (au pied de la côte de Stenay à Nepvant et au-dessous de la source au bas du coteau).
La Cour, en 1525, se compose de bâtiments, de 30 jours de terre aux trois saisons, et de fauchées 1/4 de pré. En 1572, elle est reprise des mains de Charles III (1543/1608), duc de Bar et de Lorraine, par Jean d'Apremont-Buzancy, seigneur en partie de Villers-devant-Orval, et par Henry, son frère.
La Folie, se compose d'une tour forte, de granges, étables, jardinages, 46 jours de terre aux trois saisons, et de fauchées. Elle a donné son nom à la famille noble de Badolet de Nepvant et de Richard de la Folie. Cette famille s'éteint dans celle des Failly de Sapogne, vers 1625, alors qu’André de Sapogne est prévôt de Chiny.
Seigneurs et gens de noblesse
1266, Thiebaut II de Bar acquit de Leudemart, sire de la Ferté, sa femme et ses enfants, les moitiés indivise dans les fiefs de Brouennes, Nepvant et Cervisy pour des rentes qu’il leur assigne sur les fors et passages de Stenay et Mouzay. Il les sous inféode à la Famille dite de Nepvant dont le chef est Badolet de la Folie. Suivent :
Richard de la Folie (Maison de Pouilly-La Ferté),
Jehan de Nepvant dit le Moine, fils du précédent.
1288, par devant Garnier d'Etain, prieur de Stenay, et Ponsars de Vaux, officiai de Montmédy, Husson le Clerc, fils de feu le Banni de Nepvant, cède ses biens de Nepvant au comte de Bar en échange d'une rente sur le four banal.
1333, aveu et dénombrement fourni par Henri de Baiselles, écuyer, de ce qu'il tient à Nepvant par héritage d'Alexandre de Baiselles, son oncle ; il en doit la garde le quart d'un an au château de Stenay ; après la mort de sa tante Isabelle, veuve d'Alexandre, tout ce qu'elle tient en douaire à La Folie, à Nepvant, à Martincourt et à Stenay revient à son frère Werri.
1333/1335, Jean II de Nepvant, écuyer, fils du précédent dénombre pour Nepvant et Mouzay et reconnaît tenir du comte de Bar six livres de petits tournois sur le four de Nepvant, la maison qui fut à son père, une redevance en avoine sur chaque feu de la ville, une rente sur les fours de Mouzay et de Baâlon, une rente sur les moulins de Mouzay.
1335, aveu fourni par Jean de Nepvant de ce qu'il tient à Nepvant avec ses frères Hue et Henri, son beau-frère Gérard de Bièvre, et Albertin de Pouilly à cause de ses enfants.
Husson de Nepvant, fils du précédent, est maire de Stenay de 1345 à 1350.
1383/1388, Wauthier et Jehan de Nepvant, ses fils.
Jean III de Nepvant et son épouse Jehanette de Bastogne.
Gilet Ancelme de Nepvant et sa première épouse, Alix de la Ferté, dénombrent en 1377, puis avec sa seconde épouse, Jehanne de Stenay (avec qui il possède la grande maison devant la halle de Stenay dont ils font don à leur neveu en 1443).
1399, Jean Jacquemin de Nepvant, neveu du précédent et son frère Robert de Nepvant.
1399, aveu de Robert de Nepvant, écuyer, pour une maison à Nepvant, terres et prés.
1419, Le domaine de Nepvant devient membre de la châtellenie de Brouennes.
1437, Wary de Nepvant, Jehan de Nepvant et son épouse Marguerite ainsi que leurs sœurs Melison et son époux Jehan d’Iré, et Alix et son époux Jean Redel.
Nepvant passe alors dans la Famille d’Iré.
1460, aveu de Jehan d’Iré, écuyer, fils de Mélison, pour une maison à Nepvant « où souloit jadis demorer feue damoiselle Aveline de Nevant » ; terres et prés. Il dénombre pour 1464/1472 et 1477.
1472, Jean d'Iré reconnaît tenir en foi et hommage du duc de Bar un gagnage à Nepvant qu'il a acquis de Thierry de Sourvalles en échange d'un autre gagnage sis à Iré-les-Prés sous Montmédy.
Le domaine sort de cette famille et se parcelle entre les de Mouzay.
En 1520, l'escuyer Gilles de Sapogne, sire de Villers-devant-Orval et capitaine prévôt de Chauvency, possède l'arrière fief de la Cour de Nepvant.
1571, Guillaume de Saint Laurent, sire de Joigny (près Sens) commandant de place, à Stenay, pour la France, prend le titre de seigneur censier de Murvaux et de la Folie de Nepvant, et il a pour substitut, François de Mouzay, dont le fils Jean devint capitaine prévôt de Dun, en 1592.
1573, réception en foi et hommage d’Henri d'Apremont et de Jeanne de Sapogne, son épouse, demeurant à Bétheniville. Aveu fourni par Henri d'Apremont de ce qu'il tient à Nepvant à cause de sa femme et par acquêt, avec Jean d'Apremont et Jean de Cuminel à cause de leurs femmes pour une maison, terres et prés.
1582, aveu par Antoine de Sapogne, seigneur de Lombut, de ce qu'il tient à Nepvant par acquisition faite d’Henri d'Apremont et de Jeanne de Sapogne.
1630, Adolphe baron de Millendock, seigneur de Brouennes, Ginvry, Nepvant, vend les 2/3 de ses droits seigneuriaux.
Le domaine de Nepvant entre et reste dans la Famille de Pouilly-Ginvry.
1747, assignation pour nominations de tuteurs et curateurs faites à noble et illustre dame Marie Thérèse de Custine, comtesse de Wiltz, veuve de haut et puissant seigneur Innocent Marie de Vassinhac d'Imécourt, vivant chevalier seigneur d’Inor, Luzy, Soiry, Nepvant, Amblimont et autres lieux, colonel du régiment Périgord Infanterie, pour ses enfants en bas-âge.
Chroniques communales
1526, le procès d’un porc
Un porc dévore un enfant au berceau, chez un habitant du ressort de la Cour de Nepvant. Georges de Lioncourt, seigneur de Brouennes, fait appréhender au corps par ses gens de justice l'habillé de soye meurtrier et ordonne qu'il soit traduit devant les Assises de Brouennes.
A titre provisoire, l'animal est déposé en la Maison du Four de Giles de Sapogne, seigneur de Sapogne, de Lombut et autres lieux, prévôt de Chauvency, qui revendique son droit de poursuivre, faire instruire et justicier le cas échéant. De là, conflit de juridiction, puis rébellion, puis actes de violence, puis dévastations des terres des vassaux ; et enfin force est au seigneur de saisir la Cour supérieure du Barrois.
Georges de Lioncourt obtient la translation du coupable, du cachot de la maison de Giles de Sapogne à ceux de la geôle de Stenay.
La Cour ducale à la requête du procureur général du Barrois, s'assemble à Bar, elle est composée du comte-évêque de Toul, de l'abbé de Sainte-Hoïlde, du bastard d'Anjou, alors grand maître de l'hôtel et sénéchalerie du Barrois, du sieur de Champfleury, bailly de Bar, du sieur de Romponccl, président, et autres gens de la Cour des Comptes du Barrois.
La sentence d'évocation est gravement portée et le procès est renvoyé aux Assises de Stenay où l'affaire est auditionnée par Guillaume Tougnel, chevalier de grand Cléry, sire de Chastelgrès-Cornay, de Charpentry et de Pouilly en partie, grand veneur de Lorraine, capitaine prévôt de Stenay, et par Thiebault de Failly.
La sentence est confirmée par le souverain un mois plus tard : Georges de Lioncourt a droit de haute justice sur le porc accusé.
Qu'advient-il du meurtier ? L’histoire ne le dit pas, mais il est probable qu’il est condamné à être pendu par les pattes de derrière, comme de coutume à cette époque dans les procès d’animaux.
Un hideux personnage : l’abbé Bernard de Mogres
L’abbaye d’Orval est assaillie, pillée et incendiée en 1793 par les Français conduit par cet abbé, desservant constitutionnel de Nepvant. Des boulets sont tirés dans les flammes pour hâter la destruction de l’abbaye, auparavant les tombeaux sont ouverts pour y extraire les bijoux, mais il n’y a que des sandales. Les 60 moines de l’abbaye ont eu le temps de se mettre à l’abri. Tableaux, livres et manuscrits précieux que renferme la bibliothèque sont détruits.
L’abbé Bernard de Mogres, ne s’en tient pas là, il assassine de sang-froid, près des ruines, sa compagne de débauche, Suzanne Dudol, femme de Claude Desloges, de Metz, qu'il attire dans un perfide guet-apens. Après avoir détaché ses joyaux d'une main sanglante, il s’enfuit, à travers bois, dans l'épaisseur des ténèbres d'une nuit d'hiver, comptant encore sur l'impunité.
Ce meurtrier est un homme de lettres, de manières gracieuses et d'un esprit cultivé, en communauté d'idées et en commerce épistolaire avec le capucin Euloge Schneider de Cologne (portrait de gauche), devenu grand-vicaire de l'évêque constitutionnel de Strasbourg, accusateur public au tribunal révolutionnaire, le Néron d’Alsace, arrêté à Paris en décembre 1793, et décapité à l’âge de 37 ans en avril 1794.
Bernard de Mogres, ployant sous le poids de l'exécration publique, se résigne à vivre dans de ténébreuses orgies, qui abrutissent ce qui restent en lui des nobles facultés. Condamné à mort, par la Cour d'Assises d'Arlon en juin 1804, ce monstre tombe sous le coup de la loi, onze ans, jour pour jour, après celui qui l'a vu à la tête des incendiaires, porter la torche dans le sanctuaire de l'Église de l'Abbaye d’Orval.
Le 3 septembre 1804, une foule compacte encombre les abords du marché aux poissons, et emplit l'avant-cour du marché au sel de l'ancien forum des Luxembourgeois. Au fond du Scheresloch, sur un échafaud de forme trapue et large, s'élèvent deux longues poutres, reliées à leur sommet par une forte traverse. Au-dessous de celle-ci, par le moyen de deux rainures, est hissé un couperet triangulaire, dont la lame, posée de biais, laisse échapper de sinistres reflets. Au son lugubre du Beffroy tintant l'agonie à l'Église Saint-Michel, débouche de la vieille porte un sinistre cortège, qui vient ouvrir les rangs autour de l'échafaud. S’approche quatre hommes à la mine patibulaire ; leur chef, de haute stature, porte une longue et massive épée ; ils entraînent après eux le criminel, les mains liées derrière le dos, et le hissent sur la plate-forme. Un pâle soleil se dégage des nuages, et tombe sur le visage du monstre. Sa tête tombe sur l'échafaud pour crime d'assassinat.
Patrimoine
L’église Saint Maximin est construite en 1785. La façade est occupée par un beau porche, dominée par une tour massive. L’intérieur a conservé un retable baroque à colonnes torsadées, dans la tradition Nord-meusienne du XVIIIème siècle, et une statue de saint Maximin, patron de la paroisse. Le chœur a été construit vers 1850 (imitation de style ogival flamboyant).
Plus de vingt pierres tombales ont été préservées lors de la disparition de l’ancien cimetière. Alignées devant l’église et le long du mur Sud, elles témoignent de l’art funéraire local du XVIIème au XIXème siècle. A proximité, une simple plaque de marbre rappelle que le 5 novembre 1918, le lieutenant américain Karl Groff West, âgé de 23 ans, est descendu par les allemands avec son avion (portrait de doite).
L’ancien moulin présente la particularité d’être alimenté par une eau captée à la source, légèrement en amont. C’est une belle construction du XIXème siècle, rendue plus solide encore par de puissants contreforts, inhabituels en architecture civile. Le moulin Lorin est resté en activité jusqu’en 1940. C’est dans cette famille qu’est né en 1833 le maître verrier de Chartres, Nicolas Lorin. Marié à Olizy en 1863 avec Françoise Dian, il s’installe à Chartres la même année. L’atelier Lorin existe toujours, c’est le plus ancien atelier de vitraux de Chartres, qui a travaillé pour les églises et les cathédrales du monde entier.
Une colonne de fonte brisée, portant une croix, située au bord du ruisseau du Moulin sur le côté de la route reliant la D13 à Nepvant, signale l’assassinat et le vol d’un cultivateur du village qui revenait d’aller livrer du grain.
En face, le petit oratoire dédié à Notre-Dame de la Confiance, est un souvenir de la Mission de 1951.
Le village a, malgré les guerres, conservé de nombreux immeubles du XVIIIème siècle.
La Folie de Nepvant, à l’origine une ferme située aux confins des deux châtellenies de Stenay et d'Ivoy, appartient, au XIIIème siècle, au chevalier Badolet de Nepvant, dont la famille relève de l'abbaye de Mouzon.
En 1623, la cense-fief de la Folie consiste en une haute tour, au pied de la côte à franchir par Heurtebise, pour se rendre de Stenay à Nepvant, un peu au-dessous d'une forte source qui en remplit les fossés, entourée d'étables, de granges et de jardinages. Ce franc fief donne son nom à une maison noble dont sont issus les chevaliers de la Folie de Nepvant.
Le premier connu de ces chevaliers batailleurs est Richard de la Folie, qui suit Henry 1er de Bar dans toutes ces entreprises. Son fils, Alexandre 1er, époux d'Isabelle de Soiry, lui succède puis Alexandre II, époux d’Alix d'Olizy en 1367, puis en 1612, La Folie passe à André de Sapogne, fils de Giles, sire de Villers-d'Orval, capitaine prévôt de Chauvency, puis arrive aux de Mouzay en 1625, par Anne d'Orcy, veuve de Philippe de Mouzay, seigneur du Champy, puis leurs enfants Jean, Ferry, Louis et Marguerite de Mouzay.
Hameaux, lieux dits et écarts
Le Château de la Folie et le Moulin.
Evolution de la population
Nos ancêtres de Nepvant…
Naissances/baptêmes :
COLLIGNON Hanus (sosa 2788G12) vers 1625.
COLLIGNON Jean (sosa 1394G11) vers 1652.
Unions :
COLLIGNON Hanus (sosa 2788G12) vers 1648 avec PIERON Juliette (sosa 2789G12).
CHARPENTIER Florentin (sosa 1358G11) veuf de TOUSSAINT Louise (sosa 1359G11) et d’ARNOULD Marie (hs), 3ème mariage avec HODIER Jeanne (hs) le 4 décembre 1716.
Décès/inhumations :
COLLIGNON Jacquemin (sosa 5576G13) après 1630.
COLLIGNON Hanus (sosa 2788G12) époux de PIERON Juliette (sosa 2789G12) le 12 décembre 1693.
PIERON Juliette (sosa 2789G12) veuve de COLLIGNON Hanus (sosa 2788G12) le 14 novembre 1695.
Carte de Cassini
Sources
Sites et photos : Wikipedia, Communauté de Communes du Pays de Stenay,
Livres : L’abbé Bernard de Mogres, dans la 2ème édition des Ruines et chroniques de l'ancienne abbaye d'Orval.
Manuel de la Meuse, Histoire de Montmédy et des localités meusiennes, édition de 1862.
Date de dernière mise à jour : 07/06/2020