Craonnelle
Craonnelle se situe au Centre-Est du département de l'Aisne, au Sud du plateau du Chemin des Dames, à 19 Kms de Laon, 118 Kms d'Amiens, 27 Kms de Reims et à 121 Kms de Paris.
Les communes limitrophes sont : Bouconville-Vauclair, Craonne, Pontavert, Beaurieux, Oulches-la-Vallée-Foulon.
Après la guerre de 1914-1918, le village est reconstruit selon les principes en vigueur dans la région, avec des bâtiments à l’architecture typique de ces années d’après-guerre.
Toponymie
Craonnelle = le petit Craonne, le nom de ce village indique sa construction après celle et au voisinage de Craonne (voir lien).
En 1207, Craonella.
Histoire
L’existence de Craonnelle est attestée dans les textes dès 1207. La vigne y est alors cultivée.
Le village appartient autrefois à l’abbaye d’Origny-Sainte-Benoîte(1) qui l'affranchit en 1216. Avant 1263, Craonnelle dépend au spirituel de Craonne, le village est cette année là érigé en cure.Le chapitre de la cathédrale de Laon y posséde une maison.
D'après la monographie communale, l’ancien cimetière civil est établi en 1855.?
Envahie par les Allemands, pendant la Première Guerre Mondiale, Craonnelle est reconquis difficilement par les Français. Le front se stabilise à proximité. Encore presqu’intact en 1915, le village est entièrement détruit lors des combats liés à l’offensive du général Robert Nivelle, au cœur de l’offensive du 16 avril 1917.
En 1914, Craonnelle posséde un poste de secours, expliquant ainsi le nombre impressionnant de victimes qui y sont inhumées.
Le 10 juillet 1922, l'Etat classe 8,6% de la surface du village en Zone Rouge, soit 51 ha sur 591.
Situation militaire en avril 1917 et Offensive Nivelle
La décision d'une offensive de grande ampleur est prise par le général Joseph Joffre (1852/1931, portrait de droite) quand il est encore à la tête de l'armée française, attaque conjointe avec les troupes anglaises sur le front entre Vimy et Reims. Le front a la forme d'un angle droit entre Soissons et Reims. Tandis que les Anglais attaque sur la ligne entre Vimy et Soissons, les Français le font entre Soissons et Reims afin d'affronter les Allemands selon deux directions différentes.
En décembre 1916, le général Robert Georges Nivelle (1856/1924, portrait 1 de gauche) remplace Joffre à la tête des armées et reprend le projet, concentrer un maximum de forces sur cette partie du front afin de l'enfoncer.
Pour prévenir une telle offensive, dont l'ampleur ne permet pas de garder le secret absolu, les Allemands se replient du 15 au 19 mars 1917 sur la ligne Hindenburg. Leur front est réduit de 70 Kms, permettant d'économiser de nombreuses divisions. L'angle droit de la ligne de front est gommé, la ligne de défense s'étend désormais dans une direction Nord-Ouest et Sud-Est de Vimy à Reims en passant par le Chemin des Dames.
Les Alliés mettent une semaine à se rendre compte de l'ampleur de ce retrait. Le plan initial de l'offensive est désormais caduc. Nivelle et ses généraux adaptent leur projet à cette situation nouvelle et dissocient l'attaque anglaise sur Vimy de l'attaque française qui se centre sur le plateau et le Chemin des Dames. Mais les Allemands qui sont présents sur ce plateau depuis septembre 1914 ont eu le temps de transformer cet observatoire en forteresse, en aménageant les carrières souterraines (Caverne du dragon), en creusant des souterrains permettant de relier l'arrière aux premières lignes, en édifiant et camouflant de nombreux nids de mitrailleuses. Ils tiennent la ligne de crête et les Français sont établis sur les pentes.
16 avril 1917, 6h du matin, c’est le début de l’offensive sous les ordres du général Nivelle L'heure est venue, confiance, courage et vive la France !. Les conditions météorologiques sont terribles, il fait très froid et il neige. Les Sénégalais, qui se sont entraînés sur la Côte d'Azur, ne sont pas préparés à de telles températures. Le mauvais temps gêne les préparations d'artillerie dont les objectifs visés ne sont pas toujours atteints.
Les bombardements mettent la terre à nu et sculpte un paysage lunaire. Cette terre boueuse est continuellement retournée par les obus : elle n'est donc pas stable, elle se dérobe sous les pieds si bien que le soldat ne cesse de tomber, pour se relever et tomber à nouveau.
La bataille livrée à 6h est perdue à 7h. Les hommes qui se sont lancés à l'assaut, échouent contre des deuxièmes lignes très peu entamées par les bombardements. Ils sont de plus pris en enfilade par des nids de mitrailleuses cachés et sont même parfois pris à revers par des soldats allemands qui sortent des souterrains comme à Hurtebise. Le terrain est très favorable aux allemands en surplomb alors que les attaquants ne peuvent pas se protéger et doivent grimper une pente souvent raide en progressant sur un sol très instable. Les pertes sont énormes parmi les troupes qui font partie de la première vague d'assaut : 150 officiers et 5 000 soldats dont la moitié sont des tirailleurs Sénégalais. En fin de journée, les gains de terrain sont minimes. Sur le plateau du Chemin des Dames entre Cerny-en-Laonnois et Craonne, les forces françaises sont repoussées.
Les pertes totales sont considérables : 134 000 hommes dont 30 000 tués pour la semaine du 16 au 25 avril.
Bien que le général Nivelle ait promis que l'offensive durerait 24 à 48h maximum, elle se poursuit durant des semaines.
C'est le début des fameuses mutineries de 1917, maîtrisées par le général Philippe Pétain (1856/1951, portrait 2 de gauche) qui remplace Nivelle en catastrophe en mai 1917, et fait fusiller 49 soldats, dont certains fusillés pour l’exemple.
Surnommé dès les premiers jours de la bataille du Chemin des Dames Le Boucher, Nivelle voit sa disgrâce avérée en décembre 1917, lorsqu'il est nommé commandant en chef des troupes françaises d'Afrique du Nord... loin du front.
Seigneurs et gens de noblesse
En 1141, Adon de Craonnelle ; en 1146, René de Craonnelle, frère du précédent ; en 1184, Adon de Craonnelle ; en 1217, Guillaume de Craonnelle (+1250), chevalier ; en 1251, Nicolas de Craonnelle, fils du précédent, chevalier.
Patrimoine
La nécropole nationale
Elle est créée en 1920 et accueille les corps de 3 936 soldats tombés lors de la Première Guerre Mondiale, au cours des différentes batailles du Chemin des Dames. Ce cimetière militaire possède une surface de 10 897 m².
L'église Sainte-Benoite
Le plan en croix latine de l’église du XVIème siècle comporte trois vaisseaux d'une longueur de trois travées chacun. De style gothique flamboyant, l'édifice, dédié à Sainte Benoîte, est entièrement construit en brique et pierre de taille pour les ouvertures. Le clocher-porche est coiffé d’un toit octogonal brisé. L’entrée de l’édifice, matérialisée par un portail surmonté d’une rose, se situe face au château, les bourgeois pouvant ainsi y entrer sans devoir passer par le village. Le chevet en pierre de taille à cinq pans est percé de baies hautes à arc brisé et remplages. La nef principale, surmontée de voûtes ogivales, est flanquée de deux collatéraux. L’intérieur tout entier subit une ultime restauration au XIXème siècle et l'un des collatéraux ainsi que le clocher sont reconstruits en 1875.
En juillet 1916, l’église est touchée par les bombardements. En juillet 1917, l’édifice est quasiment détruit. Seuls quelques pans de murs ont résisté.
La commune adhère à la coopérative de reconstruction des églises du diocèse de Soissons. Un projet proposé en 1928 est accepté en 1929. Le village dispose d'une baraque-chapelle afin de pouvoir assurer le culte pendant toute la durée des travaux. Le nouvel édifice voit le jour en 1931.
En mai 1940, au cours de la Seconde Guerre Mondiale, une batterie allemande installée à une centaine de mètres de l’église est bombardée par l’artillerie française, située dans la trajectoire des obus, la nouvelle église est endommagée : la sacristie est entièrement détruite ainsi que les vitraux, une partie du clocher et la toiture. L'intérieur est pillé : un calice et un ciboire en argent, une boîte aux saintes huiles, six candélabres en bronze ainsi que le chasublier disparaissent.
?Elle est inscrite à l'Inventaire Général du Patrimoine Culturel en 2006.
Le château
Il est bâti en 1838 et transformé en 1899, entièrement en pierre de taille.
?Il posséde des dépendances agricoles imposantes. Le corps principal est flanqué de deux parties latérales à pans coupés en saillie. La porte d’entrée, accessible par un escalier à double révolution, est surmontée d’une marquise en fer forgé. Il est entièrement détruit pendant la Première Guerre Mondiale.
Le projet de reconstruction est établi en 1926. La propriétaire, Madame Jeanne Marie Descubes-Saint-Désir, écrit au comité central de préconciliation : Il est exact que Monsieur Descubes-Saint-Désir vivait en rentier à Craonnelle avec un personnel de 10 domestiques, mais dès 1920, avec l’insuffisance des crédits alloués par la Commission Cantonale, qui n’auraient pas permis la reconstruction du château à l’identique, le sinistré a remis ses formes en état, faisant les avances nécessaires de ses deniers, et contribuant ainsi à la renaissance économique d’une région particulièrement éprouvée. La reconstruction à l'identique est donc abandonnée.
L'actuel manoir est construit à l’emplacement exact de l’ancien château.
Le château du Blanc Sablon
Il est cité en 1914 dans les Cahiers de Guerre de Vincent Constant (1892/1979) : Tous les soirs nous couchons à Cuiry-lès-Chaudardes où nous sommes tranquilles. De là on monte au château du Blanc Sablon où le patron du château a été fusillé par les Français. C'était un espion.
Situé à proximité de la ligne de front lors de la Première Guerre Mondiale, il est le point de rassemblement des soldats français et le poste de secours avant l’offensive Nivelle. Il est entièrement détruit et reconstruit au même endroit en plus petit.
Le réseau de tranchées et le tunnel Bugeaud
Ils sont situés à quelques kilomètres de la ligne de front lors des combats de 1917 et reste aux mains des alliés du début de la guerre jusqu'au 27 mai 1918. Ils sont ensuite repris par les Allemands jusqu'en octobre de la même année. Le tunnel Bugeaud, permettant de traverser le Chemin des Dames à couvert, est creusé par l'armée alliée et le Génie Français sur les parcelles de terrain appartenant au village.
La mairie-école
D'après la monographie communale, avant 1914, une maison communale existe dans le village. Située sur la place du village devant l'église, elle est achetée en 1834 et comprend l’école, la mairie et le logement de l’instituteur composé de deux pièces d’habitation et d’une cuisine ainsi qu’une cour et un jardin.
Le monument des Basques
Il est érigé entre Hurtebise et Craonne en 1928 et restauré en 1967 en mémoire de la 36ème division d'infanterie composée majoritairement de soldats mobilisés originaires des Basses-Pyrénées combattant à plusieurs reprises sur le Chemin des Dames et qui fait figure de division martyre en raison de l'importance des pertes subit.
En septembre 1914, cette division tente de conserver les positions françaises sur la crête du Chemin des Dames en vain. Du 4 au 6 mai 1917, elle prend d'assaut le plateau de Californie et réussit à l'occuper. Les pertes sont telles que deux brigades doivent être supprimées faute d'effectif. Après une courte période de repos, elle remonte en ligne et subit une forte contre-attaque allemande les 3 et 4 juin 1917.
Les souscriptions publiques et les subventions des communes basques financent la construction du monument. A la base d'un obélisque de 14m, réalisé en pierre de Souppes, matériau utilisé pour la construction de l'Arc de Triomphe et du Sacré-Cœur de Paris, des couronnes de lauriers portent le nom des départements d'origine des combattants. Les faces latérales sont ornées du monogramme de la division. Au pied de cette stèle, un basque en costume traditionnel embrasse du regard le théâtre des glorieux faits d'armes.
Le terrain sur lequel est érigé ce monument est don de Jeanne Marie Descubes-Saint-Désir, propriétaire du château de Craonnelle, et appartient à la commune de Craonnelle bien que situé sur le territoire d'Oulches-la-Vallée-Foulon.
Le lavoir et la fontaine sur la place du village.
Hameaux, faubourgs, lieux-dits et écarts
Plusieurs fermes isolées, le Blanc Sablon, la ferme de la Tuilerie, la fabrique de chicorée fondée en 1863 et quelques carrières de pierre à chaux à ciel ouvert.
Evolution de la population
Nos ancêtres de Craonnelle …
Naissances/baptêmes :
GOUVERNEUR Jean Pierre (sosa 442G9) le 22 juin 1714.
GOUVERNEUR Marie Nicolle (sosa 221G8) le 7 juin 1752.
Décès/inhumations :
GOUVERNEUR Jean Pierre (sosa 442G9) le 23 février 1753. Il était vigneron.
PROTART Anne (sosa 885G10), épouse GOUVERNEUR, le 6 mars 1733 en son domicile, à l'âge de 48 ans environ. Son époux décède le lendemain.
GOUVERNEUR Louis (sosa 884G10) le 7 mars 1733 en son domicile, à l'âge de 60 ans environ. Son épouse est décédée la veille.
Domicile :
GOUVERNEUR Louis (sosa 884G10) et PROTART Anne, en 1744.
Carte de Cassini
Notes :
(1) L'abbaye de Bénédictines d'Origny-Sainte-Benoite est fondée vers 854 par l'évêque Pardule (+857) et la reine Ermentrude d'Orléans (825/869) épouse de mon ancêtre le roi Charles II dit le Chauve (823/877), à l'emplacement du tombeau de sainte Benoîte, martyrisée sur le mont d'Origny en 362. L'abbaye posséde de vastes domaines dans la région et ne reçoit que des religieuses d'origine noble. Elle est incendiée en 873, 943, 1339, 1358, 1480, 1552, 1557 et 1595.
En 1792, durant la Révolution Française, ses quarante religieuses quittent les lieux et l'abbaye est entièrement démolie.
Sources
Sites, blogs, lectures : Wikipedia.
Date de dernière mise à jour : 20/09/2020