Vorges
Ancien village vigneron sur les contreforts du Laonnois, implanté à 7 kms au Sud-Est de Laon, situé dans le bassin versant de l'Ailette, au pied du plateau calcaire qui sépare Laon de Soissons.
La rue du Mont au-dessus du village offre un point de vue furtif sur la ville de Laon.
Le village, autrefois regroupé autour de l’église, s’étale désormais le long de la route départementale rejoignant la commune voisine de Bruyères-et-Montbérault.
Les armes de la ville se blasonnent ainsi : De gueules au clocher du lieu mouvant d'une muraille crénelée, le tout d'argent, maçonné de sable et ajouré du champ ; au chef parti au 1er d'azur semé de fleurs de lys d'or, au 2e d'or à la grappe de raisin d'azur feuillée de deux pièces de sinople
Toponymie
En 1106, Vorgia ou Vorgium.
Hydrographie
La commune compte de nombreuses sources, notamment dans le Vallon Saint Pierre qui sert de collecteur à un ruisseau qui rejoint celui du Val de Chérêt en aval de Bruyères-et-Montbérault avant de rejoindre la rivière Ardon à Laon.
Histoire
Une occupation ancienne du site est attestée au moins depuis le 1er siècle après J.-C.
Vorges se trouve dans la partie occidentale de la civitas remensis (Reims) au VIème siècle.
Mentionnée dans les poèmes de l'évêque Adalbéron de Laon (947/1030) au Xème siècle et notamment dans sa chanson contre le comte Landry de Nevers (970/1028), on comprend que Vorges est une villa qui sert de résidence rurale aux évêques de Laon.
La culture de la vigne s’y développe et reste en majorité sous le contrôle de l’église aux XIIème et XIIIème siècles.
Au XIIème siècle, la paroisse s'émancipe de la tutelle des évêques avec le soutien de mon ancêtre le roi de France Louis VI dit Le Gros (1081/1137, portrait de droite). Avec les villages voisins ; les paroisses de Bruyères, Chérêt, et Valbon, les Vorgiens obtiennent une charte communale en 1129, en présence du roi de passage à Laon, qui l'impose à l'évêque Barthélemy de Jur (1080/1158). Cette charte est confirmée en 1186 par Philippe II dit Philippe-Auguste (1168/1223). Dès lors, les habitants de Vorges doivent contribuer à la défense commune notamment l'entretien des remparts de Bruyères seuls capables d'assurer le refuge pour l'ensemble des habitants.
Vers 1360, Vorges obtient l'autorisation de se défendre en fortifiant le clocher de son église. Les habitants commencent alors l'aménagement d'une enceinte fortifiée, ayant ses fossés, ses portes, ses barrières et son donjon, mais en 1368, le roi Charles V dit Le Sage (1338/1380, portrait de gauche) fait démanteler ce dispositif par le bailli de Vermandois, après un procès des maieurs et jurés de la ville de Bruyères contre les habitants de Vorges.
La culture de la vigne est une des principales industries du Laonnois. En 1807, Vorges possède 56 ha de vignes. Les vendangeoirs de Vorges sont représentatifs de la vie quotidienne des XVIIème et XVIIIème siècles et témoignent encore de la prospérité liée au vignoble. La décadence commence après 1850 et la crise atteint son apogée entre 1870 et 1890 avec l'arrivée du phylloxéra. Les collines autrefois plantées de vignes sont aujourd’hui boisées.
Des fouilles archéologiques entreprises en 1883 et en 1972 permettent la découverte d'une nécropole mérovingienne entre Vorges et Bruyères, au lieu-dit La Croix Matras et s’étend au pied du Mont Pigeon à 152m d’altitude.
Début septembre 1914, l’armée allemande s’empare de Vorges et l’utilise comme base arrière. Les Vorgiens sont soumis aux réquisitions et au travail forcé. La population est progressivement évacuée, notamment face aux préparatifs de l’offensive française de 1917.
Lors de l'invasion du Chemin des Dames, le village est bombardé et détruit à 95%.
En 1918, les cloches de l’église sont fondues et transformées en canons.
En 1920, le village reçoit la Croix de Guerre. La ville de Vincennes (Val de Marne), marraine de guerre, aide à sa reconstruction.
Seigneurs et gens de noblesse (source : Dictionnaire Historique Melleville)
1098, Raoul de Vorges
1178, Baudouin de Vorges
1218, René Flotes, dont l'épouse se prénomme Marie. En se croisant, ils donnent en aumône à Foigny leur maison et trois vignes sises à Vorges, sous la condition qu'en cas de retour de tous les deux ou de l'un d'eux seulement, cette communauté les fera jouir des fruits de cette donation jusqu'à leur mort.
1311, Guillaume de Vorges dit le Convers. Il vend aux frères de Saint-Nicolas-du-Val-des-Ecoliers de Laon, en pure et perpétuelle aumône, tout ce qu'il possède en la maison du roi à Vorges.
15..., Philippe Doulcet, seigneur du fief de Courthuy. Son épouse est Marguerite Maigret, ils ont au moins 2 enfants, Antoine et Antoinette.
15..., Antoine Doulcet, écuyer, seigneur du fief de Courthuy, capitaine de Bruyères. Son épouse est Barbe de Noë et ils ont au moins 3 enfants, Alexandre (seigneur d'Haucourt), Guy et Marie.
1536, Martin Doulcet, seigneur du fief de Courthuy et de Saint Gobert, homme d'armes des ordonnances. Son épouse est Antoinette d'Haucourt et ils ont au moins 3 enfants, Antoine (seigneur d'Haucourt), Philippe et Aimée (marquise, femme de Jacques de La Chapelle).
Vers 1600, Pierre Doulcet, écuyer, seigneur du fief de Courthuy. Son épouse est Marie Aubert (qui se remarie à Louis de Monvoiset).
16..., Pierre Antoine Parat, écuyer, seigneur du fief de Courthuy, Vaurseine, etc...
1739, François Charles de Bezannes, seigneur de la Plaine et du fief de Courthuy par son mariage avec Madeleine Charlotte Parat, fille de Pierre Antoine Parat, le précédent.
17..., Charles François de Bezannes, écuyer, seigneur de Vaurseine et du fief de Courthuy, fils du précédent
1750, François Courtin, chevalier, lieutenant des Gardes Françaises, seigneur de Freschines et du fief de Courthuy. Son épouse est Charlotte Blanche de Charmolue.
1773, Claude Darras, écuyer, seigneur de Couvron, du fief de Courthuy et autres lieux.
Personnages liés à la commune
Jules François Félix Husson dit Champfleury (1821/1889, portrait de gauche), est né à Laon.
Issu d'un milieu modeste, son père était secrétaire de mairie, il doit interrompre ses études pour des raisons financières. Il gagne Paris ou il est employé chez un libraire. Il devient journaliste, critique d'art, dramaturge, nouvelliste et romancier. Il se lie d'amitié avec Victor Hugo (1802/1885) et Gustave Flaubert (1821/1880), tout en s'attirant l'hostilité des frères Edmont (1822/1896) et Jules (1830/1870) Goncourt, dont il stigmatise le maniérisme.
Édouard Husson dit Fleury (1815/1883) né à Laon et mort à Vorges, historien, journaliste, archéologue et dessinateur français, frère du précédent.
Il est directeur et rédacteur du Journal de l'Aisne.
Il laisse des travaux historiques considérables sur le département de l'Aisne, ainsi qu’une collection de plus de 11 000 pièces dessinées, gravées ou photographiées qu’il a léguée au Cabinet des Estampes de la Bibliothèque Nationale de France.
Ses romans et nouvelles s'attachent à la description réaliste de la petite bourgeoisie et de la bohème.
Cofondateur de la revue Le Réalisme, il publie un manifeste en faveur de l'art vrai dans les domaines aussi bien littéraire qu'artistique.
Admirateur des frères Antoine (1593/1648), Louis (1603/1648) et Mathieu (1607/1677) Le Nain, ancêtres du réalisme, ainsi que de Gustave Courbet (1809/1877), il consacre de nombreuses études à ces peintres.
Il se lie avec le romancier et critique d'art Louis Edmond Duranty (1833/1880). Ses articles de presse portent la marque de son admiration pour Honoré de Balzac (1799/1850).
Hector de Pétigny (1904/1992, portrait de gauche) artiste-peintre, sculpteur, graveur, céramiste et créateur de vitraux, né et décédé à Vorges.
Il entre en 1923 à l'École des Beaux-Arts de Paris. Il rejoint le groupe Témoignage et expose à New York en 1939. On le retrouve régulièrement au Salon des Indépendants jusqu'en 1948.
A cette date, il commence à répondre aux commandes des Monuments Historiques dans l'Aisne et réalise les nouveaux vitraux des fenêtres hautes du chœur de la basilique de Saint-Quentin.
Il est l'auteur de plusieurs chemins de croix peints ou sculptés qui sont visibles à Coucy-le-Château, Auffrique, Marle et Vorges. On peut voir aussi son vitrail dit de l'Assomption à Bruyères-et-Montbérault et le cycle sculpté de son décor des Archives Départementales de l'Aisne, à Laon.
Attiré avant guerre par le surréalisme, Hector de Pétigny a rencontré très tôt le chemin de l'abstraction. Il s'en est nourri pour réinvestir le registre figuratif. Il appartient par son esprit et son style à la seconde Ecole de Paris.
Il enseigne les arts jusqu'en 1969 à la Ville de Paris. À partir de cette date, il rejoint son berceau familial à Vorges et s'y installe définitivement. Dès lors, il continuera de produire et d'exposer à Laon.
Charles Joseph Etienne Wolf (1827/1918, portrait de droite) astronome français, né à Vorges et décédé à Saint-Servan.
Il est le second fils de 11 enfants d'un ancien officier devenu propriétaire exploitant. Il fait de 1848 à 1851 des études supérieures scientifiques à l'École Normale Supérieure et à la Faculté des Sciences de Paris où il obtient les licences ès sciences-physiques et ès sciences-mathématiques. Il devient ensuite professeur de physique au lycée de Nimes, obtient le doctorat ès sciences en 1856, et est chargé de cours de physique à la Faculté des Sciences de Montpellier, puis y est nommé professeur de physique. Il rejoint l'Observatoire de Paris en 1862 ou il est professeur-adjoint chargé d'un cours de physique céleste puis professeur titulaire de la chaire d'astronomie physique de la Faculté des Sciences de Paris en 1893.
Il est élu membre de l'Académie des Sciences en 1883, et en devient président en 1898. Il est également élu associé de la Royal Astronomical Society en 1874.
Charles Louis Ernest de Hennezel d'Ormois (1807/1871), ancien élève de l'Ecole Polytechnique, promotion 1826, et de l'Ecole des Mines de Paris, né à Frankfurt (Allemagne) et décédé à Vorges. Il est le fils de Charles de Hennezel et de Susanne Marie Schmerber et l'époux en 1840 de Juliette Louise Charlotte de Hennezel d'Ormois.
En 1838, il est directeur des mines de Chessy et Sainbel, crée une société de recherche minière, prospecte le cuivre et le plomb dans l'Aveyron, ainsi que le bassin houiller d'Aubin mais fait faillite et revient dans l'Administration en 1845. Il est ingénieur en chef des mines en 1848, dirige le service des carrières de la Ville de Paris de 1858 à 1865, puis est nommé inspecteur général des Mines en 1865.
Son fils, Charles Maurice de Hennezel (1845/1922) capitaine instructeur au régiment des chasseurs en garnison à Vendôme, chevalier de la Légion d'Honneur, épouse en 1876 Jeanne Françoise Louise de Rivière.
Jehan Marie François de Hennezel (1876/1956, portrait de droite), fils du précédent, est un historien, président de la Société Historique de Picardie de 1920 à 1945.
(Sources : J.P. Streiff, chercheur en histoire sociale et Base Léonore des AN.AD02 en ligne).
Patrimoine
L’église Saint Jean Baptiste
Elle est érigée à la charnière des XIIème et XIIIème siècles. Au XIVème siècle, des éléments de fortification sont ajoutés aux murs du transept et au clocher. Elle possède un plan en forme de croix latine, un vaisseau imposant avec cinq travées, une nef du XIIème siècle, un baptistère du XVIIème siècle, une tour-anterne à la croisée du transept et de la nef du XIIIème siècle, un chemin de croix de style contemporain (d’Hector de Pétigny). Des traces de fortifications sur les murs du transept et sur le clocher datant du XVème siècle sont encore visibles. La rosace est influencée par celle de la cathédrale Notre-Dame de Laon. Des sarcophages et des stèles découverts lors des fouilles archéologiques de 1883 et 1992 y sont exposés.
Elle est classée aux Monuments Historiques.
Les vendangeoirs, représentatifs de la vie quotidienne des XVIIème et XVIIIème siècles, font le charme du village, bien que la vigne, qui produisait autrefois le vin des Sacres, ait disparu.
Les maisons de maître
Elles sont entourées de communs où se trouvent les vieux pressoirs avec ossature en pierre et remplissage de briques faisant référence au tout début du XVIIème siècle.
L’une d’elle appartient à Annette de Markan, dame d'honneur de Marie Josèphe Rose Tascher de la Pagerie, l’impératrice Joséphine (1763/1814), et épouse du général d'Empire Pierre Wattier (1770/1846) comte de Saint-Alphonse, qui devenue veuve, vend son vendangeoir pour constituer une rente aux Pauvres soldats de l'Empire qui est versée par la ville de Laon jusqu'à la mort du dernier soldat.
Le château de Valbon
Il est construit en 1876 par François Arsène Housset dit Arsène Houssaye (1814/1896), écrivain, natif de Bruyères-et-Montbérault, qui y installe sa maîtresse mais l’habite peu. Ce petit château de style éclectique se situe jusqu’à la Révolutiondans une vallée célèbre par la chapelle de la Reine Blanche à la source miraculeuse.
La maison familiale d’Hector de Pétigny
Il y vit de 1969 jusqu’à sa mort en 1992. Une plaque est apposée sur une maison voisine car sa fille refuse que la maison de l'artiste soit identifiée. Récemment, cette plaque est enlevée, à la demande des habitants de la propriété, dérangés par les touristes.
Evolution de la population
Nos ancêtres de Vorges...
Décès/inhumation :
PRUDHOMME prénom masculin illisible (sosa 14054G14), le 9 avril 1679.
Carte de Cassini
Sources
Sites, blogs, photographies... : Wikipedia, Inventaire des sites classées et inscrits de l'Aisne.
Date de dernière mise à jour : 03/12/2020