Haussy
Village rural de l'Est Cambrésis, située à 18kms de Cambrai, 15kms du Cateau, 20kms de Valenciennes et 60kms de Lille.
Les communes limitrophes sont : Montrécourt, Saulzoir, Verchain-Maugré, Vendegies-sur-Ecaillon, Saint-Martin-sur-Ecaillon, Saint-Vaast-en-Cambrésis, Saint-Python, Solesmes, Saint-Aubert et Vertain.
Toponymie
Halciacum en 857 dans le cartulaire de l'abbaye de Saint-Amand.
Jusqu'au XIVème siècle : Halciacus, Haussi, Auxi, Halci, Halssy, Hochi, Alciacum, Hausi.
Héraldique
Les armes de la commune se blasonnent ainsi : D'or au lion rampant de gueules au lambel d'azur.
Armorial du Tournoi de Chauvency.
Hydrographie
La rivière la Selle traverse la commune, elle prend sa source à Molain dans l'Aisne et se jette dans l'Escaut à Denain.
De 1989 à 1994, elle subit un curage complet, une remise à niveau des berges ainsi qu'une réfection des vannages.
Histoire
Des silex taillés des époques moustérienne et néolithique sont retrouvés sur le site de la commune, qui possède sur son territoire deux ateliers de taille de pierre du Moustérien.
Le village apparaît dans son emplacement actuel après les grandes invasions et l'incendie du site gallo-romain, entre le IIIème et le IVème siècle. Des poteries, monnaies et objets de bronze de l'époque gallo-romaine sont mis au jour, ainsi qu'un fer de lance et des fragments de poteries de l'époque mérovingienne.
Une motte féodale est érigée et constitue alors le centre du bourg.
En 57 avant J.-C., les légions romaines de l'empereur Jules César (-100/-44) passent sur le Mourmont, lieu-dit entre Saint-Python et Solesmes, pour livrer bataille aux Nerviens.
Ville frontière entre Hainaut et Cambrésis, Haussy possède jusqu'au XVIème siècle une position stratégique et est le terrain de nombreux combats.
La ville est également fortifiée, un château imposant est édifié dans son enceinte.
En 1185, le château-fort est détruit par le comte Philippe Ier de Flandres dit d'Alsace (1143/1191) en guerre contre le comte Baudouin V de Hainaut (1150/1195, gravure de droite).
En 1254, le château soutient une attaque des troupes de la comtesse de Flandres, Marguerite de Constantinople dite La Noire (1202/1280, portrait 1 de gauche) et de Charles Ier d'Anjou (1227/1285), frère du roi Louis IX dit Saint-Louis (1214/1270). Le village est incendié.
En 1340, le roi Jean II dit Le Bon (1319/1364) passe dans le village.
En 1420, le bailli du Hainaut fait renforcer les défenses de Haussy.
En 1433, les troupes d'Etienne de Vignolles dit La Hire (1390/1443, portrait de droite), compagnon d'armes de Jeanne d'Arc (1412/1431), envahissent Haussy.
En 1437, 1460 et 1469, le château et le village sont dévastés et pillés par les Ecorcheurs (1).
En 1553, le roi Henri II (1519/1559, portrait 2 de gauche) qui campe à Haussy, attaque le camp de Charles de Habsbourg dit Charles Quint (1500/1558) au Mont de Famars.
En 1595, le prince de Chimay, Charles III de Croy (1560/1612), reprend le fort de Haussy.
En 1602, L'Abbaye des Dames de Beaumont déclare posséder des biens dans le village.
En 1619, Haussy est le siège de la Confrérie Notre-Dame de Miséricorde. Érigée le jour de Pentecôte, elle est renouvelée en 1777 par Bulle perpétuelle de Giannangelo Braschi, pape Pie VI (1717/1799). En 1637, 356 personnes en sont membres.
En 1659, le Traité des Pyrénées donne à la France Le Quesnoy, Landrecies, Avesnes et leur territoire. Haussy devient français.
En 1711, les troupes françaises en route pour Denain passent par le village.
Le village connaît de nombreuses épidémies du fait de la pollution de la nappe phréatique par les eaux du cimetière : en 1723, la variole et en 1742, le choléra.
Une grande partie du territoire d'Haussy est, avant la Révolution Française, la propriété de nombreuses congrégations religieuses. La plus importante en superficie et en influence est l' Abbaye de Saint Amand avec la ferme du Hamel et les terres qui s'y rattachent.
Après la Révolution, le village se déplace plus bas dans la vallée.
Au XIXème siècle, l'économie est principalement agricole, notamment à travers la production de grains, de fourrage et l'élevage. Les habitants tissent la toile et la batiste en atelier ou chez eux dans les caves.
A la fin du XXème siècle, le nombre de fermes diminue et les activités sucrières et textiles disparaissent au profit d'une industrie de matériaux de construction. La commune possède un institut agricole et un élevage de chevaux.
Les seigneurs et gens de la noblesse
La Maison de Haussy de 1060 à 1335
En 1285, Sandrars de Haussy est présent parmi les chevaliers invités par le comte de Chiny, Louis V de Looz (1235/1299), aux festivités de Chauvency-le-Château (2). Il est cité plusieurs fois lors de la mêlée du tournoi avec les Familles de Montigny, Lalaing, Fléchin, Auberchicourt, Hondschoote, aux prises avec les Briey et leur clan de Lorrains.
La Famille de Barbençon de 1336 à 1439, puis le fief passe entre les mains de plusieurs familles...
La Famille de Hennin-Liétard dite de Boussu, de 1502 à 1694.
La Famille de Villefort de 1694 à 1708.
En 1720, Jean François Wagret rachète la seigneurie avec quelques autres, puis à son décès en 1726, Louis Alexandre Duval, écuyer, seigneur de Sautrecourt, époux de Marie Jeanne Wagret, fille du précédent, prend la succession et revend le fief en1734.
La Famille de Pollinchove de 1734 à la Révolution Française.
Chronique
Répression du protestantisme
Vers le milieu du XVIème siècle, les doctrines réformatrices des théologiens Martin Luther (1483/1546, portrait de gauche) et Jean Calvin (1509/1564, portrait de droite) envahissent l'Europe.
Le roi Philippe II d'Espagne (1527/1598), par l'intermédiaire de Marguerite de Parme (1522/1586) sa demi-soeur, puis du duc d'Albe Ferdinand Alvare de Tolède (1507/1582), tente de ramener Valenciennes dans le sillage du catholicisme par des mesures d'interdictions de célébrer le culte, accompagnées de quelques exécutions de pasteurs. En 1545, le premier ministre protestant de Valenciennes, Pierre Brully (1515/1545), est brûlé vif à Tournai.
Les Réformés s'organisent et en 1561, ils sont dans les rues de Valenciennes. Le lendemain, le magistrat de la ville fait rechercher les responsables qui sont exécutés.
En 1566, la majorité des habitants de Valenciennes passe au calvinisme et en août, les huguenots saccage ldes objets de piété, ldes statues et les images saintes dans toutes les églises de Valenciennes. Les abbayes d'Hasnon, Vicoigne et Marchiennes sont ravagées
Marguerite de Parme fait appel à Philippe René Nivelon Louis de Sainte-Aldegonde (1530/1574) seigneur de Noircarmes et grand bailli de Hainaut. En décembre 1566, Valenciennes est assiégée par ses gens jusqu'en mars 1567. Des prédicateurs sont introduit dans la ville, aidés du bourreau, ils sont chargés de reconvertir le peuple. Cent cinquante personnes sont arrêtées, une centaine d'autres réussit à fuir. Les éxécutions et les supplices commencent : Guy de Bray, Pélegrin de la Grange, Michel Herlin père (gouverneur de la ville pendant le siège), Michel Herlin fils (négociant), Jean Mahieu (capitaine déchu et chef de la Compagnie des Tout-nuds pendant le siège), Pierre de Cartegny (habitant de Haussy et soldat de la Compagnie des Tout-nuds de Michel Herlin) sont décapités sous le gibet d'Anzin.
Les biens de tous les suppliciés sont confisqués de même que ceux des fugitifs qui sont bannis.
Patrimoine
L'église Saint-Pierre
A l'origine, elle est bâtie en grès dans l'enceinte fortifiée et entourée du cimetière. En 1711, une cloche y est installée.
Profondément détériorée pendant la Révolution Française, une nouvelle église est construite en style néo-roman en 1853.
Le monument aux morts devant le chevet de l'église.
La tour de la motte féodale
Elle est bâtie au XIème siècle, en grès, brique et pierre blanche.
Après la destruction du village gallo-romain d'Halciacum, les habitants s'installent plus près de la Selle, sur un promontoire où ils édifient une motte et une tour afin de se défendre.
Le seigneur Guillaume de Haussi y retient prisonnier le châtelain de Cambrai en 1060.
La forteresse, aujourd'hui disparue, est au cours des siècles plusieurs fois détruite, reconstruite et agrandie.
Le château
La présence d'un château est attestée dès le XIème siècle. Il est situé à mi-hauteur à la sortie du village vers Saint-Python. En 1703 il est qualifié de vieux château ou fort ruiné et en 1726 de château ruiné. Le château est peu à peu tombé dans l'oubli, il n'en reste de nos jours qu'une tour dite le donjon.
La ferme du Hamel
Située à la sortie de Haussy vers Montrécourt au bord de la Selle, elle est le vestige le plus ancien de la commune. Son origine remonte au IXème siècle lors de sa fondation par l'abbaye de Saint-Amand.
Elle est reconstruite en 1822 et son domaine d'exploitation passe de 35 ares en 1750 à 200 hectares en 1905.
Son porche d’entrée possède une superbe clef de voûte sur laquelle on distingue en haut le soleil et la lune ; au milieu, une herse triangulaire, et la date de 1822. La grange, imposante, possède une charpente en bois impressionnante.
L'un des plus beau pigeonnier du canton se dresse au dessus de la grange. De style néo-gothique, il est constitué d'une base rectangulaire appuyée sur un bâtiment agricole et surmontée d'une haute tour carrée coiffée d'un toit à quatre versants. Il compte 288 trous d’envol insérés sur chaque face dans deux fenêtres de style gothique à remplage. Il est significatif de l'importance de la ferme.
Aujourd'hui, cette imposante ferme accueille un centre de formation agricole La Maison Familiale rurale.
Le moulin Labbez
L'actuel moulin succède au moulin à blé du seigneur. Fortement détérioré, il est consolidé en 1917. Vers 1900, il fait office de station électrique hydraulique.
Aujourd'hui, il a perdu sa roue, mais possède encore un déversoir en pierre bleue et en grès, qui produisait de la glace en hiver, et une statue de la Vierge.
L'ancien puits seigneurial
Construit au XVIIème siècle en grès et brique, il se trouve à proximité de l'actuel jardin public, depuis la destruction de l'ancien cimetière en 1970, et jouxte le fossé de la motte féodale.
Les nombreuses brasseries ont autrefois joué un rôle important dans l'économie et la vie sociale de la commune.
Evolution de la population
La commune compte : en 1539, 93 feux et en en 1561, 43 feux. En 1860, la population atteint son apogée avec 3174 habitants. Son déclin s'amorce dès 1886, avec 246 habitants.
Hameaux, lieux dits, faubourgs, quartiers et écarts
La Maison Rouge, La Maison Blanche.
Nos ancêtres d'Haussy...
Carte de Cassini
Notes :
(1) Les Écorcheurs : troupes armées du XVème siècle, entrepreneurs de guerre pratiquant le pillage, le rançonnement, mais aussi les formes coutumières de la guerre médiévale (siège, défense de place forte, bataille, chevauchées) pour leur propre profit et pour celui du roi Charles VII (1403/1461) dont ils se réclament.
(2) Le tournoi de Chauvency est un des tournois de chevalerie les plus fameux du Moyen Âge qui compte un nombre de participants très élevé (plus de 500 chevaliers). Il est décrit en vers par le trouvère Jacques Bretel, un des chefs-d'œuvre de la littérature française du Moyen Âge et, l'un des meilleurs condensés de l'art courtois si brillant de cette époque.
Sources
Sites, blogs, revues, livres, photo... : Wikipedia ; Monographie de Haussy (ébauchée par l'abbé Jules Denis, décédé prématurément en 1904, redécouverte et rééditée en 1998 par les soins de la société d'Histoire de Haussy et reprise dans le site michel.blas.free.fr).
Date de dernière mise à jour : 09/02/2021