Choisy-au-Bac
Bourg péri-urbain picard, jouxtant la ville de Compiègne, dont le territoire s'étend sur une partie de la forêt de Laigue et longe la forêt de Compiègne. Il est situé à 75 kms au Nord-Est de Paris, 59 kms de Beauvais et 87 kms de Reims.
Les communes limitrophes sont : Longueil-Annel, Le Plessis-Brion, Saint-Léger-aux-Bois, Tracy-le-Mont, Janville, Rethondes, Clairoix et Compliègne.
Toponymie
Au IXème siècle : Causiagum, Cusiacum, Cosiagum, Cauciacum, nom dérivé de la forêt de Cuise, ancien nom de l'immense forêt qui s'étend autrefois du Laonnais jusqu'aux abords de Paris ; au Xème siècle : Cauziacum, Cauziagum, Caugiacum ; au XIème siècle : Caudiciacum, Cociacum, Cuciacum ; au XIIème siècle : Chausiacum, Chosiacum, Choisiacum ; en 1204 : Cocaium, Cocheium, Cochaicum ; puis : Choisy-en-Laigue, Choisy-sur-Oise, Choisy-sur-Aisne, Choisy-au-Bois. Choisi ; et devient au XVIème siècle : Choisy-au-Bac après la destruction de l'ancien pont, remplacé par un bac.
Hydrographie
La commune est traversée par les rivières Oise et Aisne, qui confluent à l'Est de Choisy-au-Bac.
Histoire
Choisi appartient à l'origine à la Cité de Veromandui formant sur l'Oise un point de défense à l'extrémité du territoire. A la suite de plusieurs échanges, le territoire est incorporé au Diocèse de Soissons. Le lieu est naturellement fortifié car au confluent de l'Oise et de l'Aisne, à l'abri des deux grandes forêts et au voisinage avec une colline qui permet la surveillance des environs.
Au VIIème siècle, l'abbaye Saint-Etienne semble être à l'origine du développement de la cité. Dès la fin du siècle, une villa royale y est attestée.
Résidence royale de plaisance (Palatium) à l'époque mérovingienne, lieu d'inhumation dans l'abbaye Saint-Étienne des rois mérovingiens Clovis IV (677/694, portrait 1 de droite), de son frère Childebert IV (683/711), du fils de ce dernier Dagobert III (699/715) qui après avoir vaincu les Austrasiens près de Compiègne est assassiné à l'âge de 16 ans et inhumé aux côtés de son père et de mon ancêtre Bertrade de Laon (720/783) dit Berthe au grand pied, seconde épouse de Pépin III de Herstal dit Pépin le Bref (715/768, portrait 1 de gauche).
Ce sont ensuite les rois de la dynastie carolingienne qui occupent le domaine, après que Pépin III ait déposé le dernier roi mérovingien, Childéric III (714/755). En 1768, à la mort de Pépin III, sa veuve gouverne avec mes ancêtres, ses deux fils Carloman Ier (751/771) et Charles, futur empereur Charlemagne (747/814). Ce dernier à la mort de son frère, s'empare de ses terres, enferme ses neveux Pépin et Syagre dans un cloître, marie ses nièces Cunégonde et Gisèle et écarte sa mère du pouvoir. Bertrade de Laon se retire dans l'abbaye de Choisy ou elle meurt en 783.
Mon ancêtre, l'empereur Charlemagne, vient à plusieurs reprises consulter le célèbre moine érudit anglais Alcuin (735/804), un de ses principaux amis et conseillers.
Les Normands, ayant remontés l'Oise, s'emparent de Choisy avant Noël 895 où ils demeurent tout l'hiver dévastant le pays et ruinant le prieuré.
En 911, mon ancêtre le roi Charles III dit Le Simple (879/929, portrait 2 de droite) y séjourne et y donne une charte pour assurer l'immunité du cloître et des maisons canoniales de l'Eglise.
Plusieurs rois honorent la ville de leur visite, dont en 1037 Henri Ier (1008/1060).
En 1131, Gregorio Papareschi, pape Innocent II (+1143) vient célébrer une messe solennelle en la basilique Saint-Étienne.
En 1145, le roi Louis VII dit Le Jeune (1120/1180, portrait 2 de gauche) y séjourne une partie de l'année.
Une partie du domaine est inféodée aux comtes de Vermandois qui possède un château sur la rive gauche de l'Aisne, tandis que la résidence royale est située sur l'autre rive. A la suite d'un différent avec le roi Philippe II dit Auguste (1165/1223, portrait 3 de droite) Philippe d'Alsace (1143/1191), comte de Vermandois, investit le bourg et le tient en siège jusqu'à l'arrivée du roi. Le domaine et le comté de Vermandois sont réunis à la couronne. Le Palais est réparé et Philippe Auguste y séjourne à nouveau en 1187, 1197, 1211 et 1214.
En 1290, le roi Philippe IV dit Le Bel (1268/1314) y séjourne en 1292 et 1301.
En 1322, Charles IV dit Le Bel (1294/1328, portrait 3 de gauche), dernier roi de la Dynastie des Capétiens directs, par lettres datées de Choisy, enjoint les chanoines de Saint-Quentin de ne pas payer le subside imposé par le pape sur les églises du royaume.
Vers 1330, le château semble délaissé et abandonné au profit de Compiègne. Choisy devient une forteresse importante pour la sûreté du pays.
Durant la Guerre de 100 Ans, de 1337 à 1453, elle est prise d'assaut par les Anglais. En 1426, le château n'est plus occupé que par une femme, quatre soldats et quatre bourgeois de Compiègne. En 1429, les Bourguignons, occupant la place, se rendent au roi Charles VII (1403/1461) après son entrée triomphante dans Compiègne, mais l'année suivante les Bourguignons sont de retour sous la direction du duc Philippe III de Bourgogne dit Le Bon (1396/1467) accompagné de Jean II de Luxembourg-Ligny (1392/1441) et du commandant anglais, John FitzAlan (1408/1435), baron et comte d'Arundel. Le jeune commandant Louis de Flavy (1408/1430) est obligé de capituler, il est tué le lendemain. La forteresse est rasée par le duc.
En 1813, les troupes coalisés repoussant Napoléon, encore affaibli par la Campagne de Russie, saccagent la ville.
Pendant la Première Guerre Mondiale, le pont est détruit en 1914 par le Génie Français.
En 1918, les voies ferrées, les Epis de Francport, accueillent les trains des négociateurs de l'armistice. Le train des plénipotentiaires allemands et celui du maréchal Ferdinand Foch (1859/1929) stationnent sur les deux rameaux Ouest n'ayant pas été utilisés durant la guerre par l'artillerie lourde sur voie ferrée (ALVF). A la fin de la guerre, le bourg est largement détruit. Il est décoré de la Croix de Guerre 1914-1918 en février 1921.
A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le 1er septembre 1944, la ville est libéré par les Américains.
Les seigneurs et gens de la noblesse
Choisy est le centre d'une chatellenie. Le plus ancien châtelain, mon ancêtre Robert de Choisy (né vers 955, voir tableau en bas de page) est chevalier et seigneur de Choisy.
Puis suit, son fils mon ancêtre, Albéric de Choisy (984/1059), condamné pour ses vexations envers l'abbaye Saint-Médard à Soissons. Il veut, suivant l'exemple de son père, sous prétexte d'avouerie, imposer aux terres de l'abbaye des coutumes injustes : s'y faire préparer des repas où bon lui semble, forcer les paysans à venir à sa justice, prendre autant de chevaux qu'il en veut dans les villages pour aller à la guerre et forcer les chevaliers à le suivre et justicier les marchands et voituriers de vins qui viennent des Flandres. Il comparait à un colloque public tenu à Compiègne en 1070, organisé par le roi Philippe ler (1052/1108), au cours duquel il reconnait ses torts, s'engage à réparer sous quinze jours, sous peine de devoir se constituer prisonnier à Senlis, d'où il ne pourra sortir sans avoir acquitté une amende de 10 livres d'or.
Patrimoine
L'abbaye puis prieuré Saint-Etienne
D’abord abbaye royale fondée près du palais de Choisy, elle connait son heure de gloire à l’époque mérovingienne où au moins deux souverains y sont inhumés : Childebert III (678/711) et Dagobert III (699/715).
En 827, l'abbaye est donnée par le roi Louis Ier dit Le Débonnaire (778/840) à la puissante abbaye Saint-Médard de Soissons. Dévastée par les pillards Normands en 895, elle est restauré ensuite.
Réduite ensuite en prieuré conventuel, puis en prieuré simple en 1677, l’établissement est uni en 1686 au couvent des Bénédictins anglais du faubourg Saint-Jacques, à Paris.
A la Révolution Française de 1789, elle est abandonnée. Au XXème siècle, seul le portail roman dissimulé dans une maison, rue Binder-Mestro, et le pignon à contrefort de l'ancienne grange de la ferme du prieuré, subsistent. Ce dernier est inscrit aux Monuments Historiques en 1948.
Prieuré de Bonnemaison, château des Bonshommes
Les Bonhommes, écart situé à l'Est du Francport, dans une plaine enclavée par la forêt de Laigne.
Les religieux de Grandmont, peu après la création de leur Ordre vers 1076, y établissent un prieuré. Le prieuré de Bonnemaison est fondé par le comte de Vermandois, Philippe d'Alsace (1143/1191, statue de droite) et doté par le roi Philippe II dit Auguste (1165/1223) son tuteur nommé par le roi Louis VII (1120/1180) malade,
Plusieurs chartes leur accordent des faveurs en 1177, 1196, 1219 et 1252.
En 1317, Bonnemaison, qui héberge 6 clercs, est unie au prieuré de Vincennes.
En 1584, le roi Henri III (1551/1589, portrait de gauche) donne les prieurés de de Vincennes et de Bonnemaison à l'Ordre des Minimes, fondé en 1436.
Des modifications sont alors apportées à Bonnemaison, notamment la création, côté Sud de l'église, d'une chapelle latérale dédiée à Notre-Dame de Septembre face à la porte des moines qui apparait sur un plan du XVIIème siècle, de même qu'un édicule octogtonal relié à l'extrémité Nord du dortoir par une galerie, certainement des latrines.
En 1752, sur demande du duc, évêque de Soissons, François de Fitz-James (1709/1764), les trois religieux et deux frères qui l'occupent sont transférés à Beaumont-sur-Oise, dans leur dépit, ils emportent tout le mobilier même les cloches, démolissent l'église et vendent les matériaux.
En 1791, Bonnemaison est vendu comme Bien National à Louis Le Caron de Mazencourt, juge au Tribunal de Compiègne, puis revendu quelques années plus tard au marquis Robert Arthur Espérance des Acres de L'Aigle (1843/1931) et son épouse Louise Antoinette Amélie Greffulhe (1852/1932), qui font construire en 1897 un énorme château.
Le château des Bonshommes devient par la suite la propriété du comte Michel Emmanuel de Grammont-Crillon (1901/1972) époux en 1931 d'Henriette des Acres de l'Aigle (1910/2001), A la mort du comte, le château est racheté par des Britanniques, toutefois la comtesse de Grammont garde la gentilhommière du XVIIIème siècle se trouvant dans le parc avec l'ancien réfectoire grandmontain.
Il ne reste aujourd'hui de l'aile Nord du prieuré, contigu au château, que le réfectoire magnifiquement vouté en croisées d'ogives reposant sur deux piliers à chapiteaux octogonaux et sur la façade Sud, la porte du réfectoire qui semble d'origine.
Les portes du château closes depuis une dizaine d'années, s'ouvrent en 2014 sur un hôtel-restaurant.
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L'église paroissiale de la Sainte-Trinité
Sa construction débute au début du XIIème siècle par la nef romane, le transept avec ses deux absidioles, la façade, qui hésite entre le roman et le gothique, pour s'achever au début du XIIIème siècle par l'abside et le clocher gothiques.
Les tombes antiques sont retirées vers 1642 lorsque le prieuré conventuel perd de son importance. En 1793, les sépultures royales placées dans le coeur sont recherchées, les ossements retrouvés sont jetés pêle-mêle dans le cimetière communal.
Une grande restauration entre 1853 et 1885 efface définitivement les indices pouvant permettre de comprendre l'histoire de l'édifice. L'élément le plus authentique et le plus original est le clocher, d'un style dépouillé mais d'une silhouette puissante, il est le seul dans la région à présenter autant de baies sur l'étage du beffroi.
A l'intérieur, le Christ en croix et les statues de la Vierge de douleur et de saint Jean ainsi qu'une statue en bois polychrome de la Sainte-Trinité, ou Trône de Grâce, datant du XVIème siècle, classée aux Monuments Historiques en 1913. Les fonts baptismaux, en pierre calcaire, avec des traces de polychromie, datent de la première moitié du XVIème siècle et sont inscrits en 1998. La poutre de gloire en bois polychrome, également du XVIème siècle, est démantelée à une date inconnue, ses éléments sont accrochées sur le second pilier au Sud de la nef, la poutre n'a pas été conservée. Une huile sur toile représentant la tentation de saint Antoine date du XVIIIème siècle, et est inscrit en 1979. L'autel de l'absidiole Nord, avec ses gradins, son tabernacle et son retable orné de six colonnettes date du XVIIème siècle, restauré au XIXème siècle, est inscrit en 1998. Le bâton de procession de la confrérie Saint-Nicolas, en bois taillé et doré, date du XVIIIème siècle, son dais abrite une statuette du saint, il est inscrit en 1998. L'aigle-lutrin en bois de chêne taillé, peint et ciré, date de la fin du XVIIème siècle, il est inscrit en 1998. Le retable du maître-autel, l'autel lui-même et son tabernacle de style baroque, datent du XVIIème siècle, ils sont inscrits en 1998. L'autel de l'absidiole Sud et son antependium datent du XVIIIème siècle, mais le retable et le tabernacle du XVIIème siècle ; certains éléments décoratifs sont refaits au XIXème siècle et les gradins datent de l'époque de la Restauration. L'ensemble est lui aussi inscrit en 1998 tout comme les huit lustres en laiton doré, orné de pampilles en verre taillé et la statue en bois polychrome de saint Sébastien du XVIIIème siècle dont il manque les flêches.
L'église de la Sainte-Trinité est classée aux Monuments Historiques en 1920.
La Grange-Béjot
Située dans la grande rue, à l'emplacement de l'ancien pont, un bâtiment à grandes fenêtres carrées ornées de moulures dans le style du XVIème siècle, est l'ancienne ferme du prieuré.
La chapelle des Trois-Chênes
Elle est édifiée dans la forêt à partir de 1878, autour d'une statue de la Vierge que sœur Marie Aloysia avait placé en 1862 au milieu de trois chênes issus de la même souche.
La chapelle des Templiers
Située entre Choisy et Le Plessis-Brion, près de la forêt de Laigue au lieu-dit La terre des Fées, a complètement disparue aujourd'hui.
La maladrerie
Située sur le chemin du Plessis-Brion, où l'on voit aujourd'hui une croix, comportait une chapelle dédiée à sainte Madeleine.
Le pont de Francport
Il permet de franchir l’Aisne et de relier le hameau de Francport à Choisy-au-Bac.
A l'époque de mon ancêtre l'empereur Charlemagne (portrait de droite), ce pont est réservé à l'usage de la chasse.
Il est cité en 1218, sous le nom de Pont d'Erlay, remplacé ensuite par le bac de l'aumône, il est reconstruit en 1813. Sa construction à peine terminée, il est incendié en 1814 par les troupes étrangères. Rétabli aux frais des propriétaires des forêts limitrophes, son usage est restreint aux gens de pied et il devient le lieu de passage des contrebandiers, malfaiteurs et braconniers. Il est démoli en 1840.
Un nouveau pont est construit. démoli en février 2016 par mesure de sécurité, il est de nouveau reconstruit et ouvert en juillet 2017.
Evolution de la population
Personnage lié à la commune
Paul Ollendorff (1851/1920) livraire et éditeur français, décédé à Choisy-au-Bac.
Fils d'un émigré juif polonais auteur d'un ouvrage pédagogique à succès intitulé Nouvelle Méthode pour apprendre à parler, écrire une langue en six mois. Paul, son frère Gustave, sa sœur Mina et leur mère Dorothéa, vivent dans un premier temps des revenus éditoriaux du père, vendant les méthodes rue de Richelieu à Paris. En 1875, le jeune Paul ouvre sa propre librairie au 28 bis de cette rue. En 1882, il accueille Georges Ohnet dit Georges Hénot (1848/1918) et Le Maître de Forges qui vient d'être refusé par Calmann Lévy. Désormais éditeur en vue, Guy de Maupassant (1850/1893) lui confie près d'une dizaine de textes, dont Le Horla en 1887, Octave Mirbeau (1848/1917) lui donne ses deux premiers romans, puis, Alphonse Allais (1854/1905), Paul Féval fils (1860/1933), Jules Renard (1864/1910) et bien d'autres… La marque de sa librairie ci-contre en 1910.
En 1898, il crée la Société d'Éditions littéraires et artistiques au 50 rue de la Chaussée-d'Antin. Sidonie Gabrielle Colette (1893/1954) ou encore André Theuriet (1833/1907) se laissent séduire par cette nouvelle maison. En 1889, il se voit décerner le titre de chevalier de la Légion d'Honneur. La Librairie Ollendorff semble péricliter à partir de 1904, mais un an plus tard, il décroche le Prix Goncourt avec Les Civilisés de Frédéric Charles Pierre Edouard Bargone dit Claude Farrère (1876/1957), puis lance plusieurs nouvelles collections à bas prix.
A sa mort, la maison qu'il a créée, quelque peu endormie, est récupérée par les Editions Albin Michel en 1924.
Hameaux, lieux dits, faubourgs, quartiers et écarts
Le Francport, hameau de 40 feux situé à l'Est de Choisy entre l'Aisne et la forêt de Laigue.
Nos ancêtres de la noblesse ...
Carte de Cassini
Sources
Sites, blogs, livres et revues, photo... : Wikipedia ; site de Daniel Debeaume.
Date de dernière mise à jour : 16/04/2021