Cuts
La commune est un bourg rural, situé à 8 kms de Noyon, proche du département de l'Aisne, à 26 kms de Compiègne et à 28 kms de Soissons.
Il subsiste dans le village, le plus important et le mieux sauvegardé du canton car en partie épargné lors des combats de la Première Guerre Mondiale, un grand nombre de maisons de tisserands et de manouvriers qui y travaillent autrefois la toile de chanvre et le coton.
Le territoire est constitué d'une plaine assez vaste, découverte, bornée vers le Sud par le mont de Choisy et s´étirant le long de l´ancienne voie romaine la Voie Brunehault.
Héraldique
Les armes de la commune se blasonnent ainsi : D'argent à la fasce de gueules.
Toponymie
Un seul changement de nom au cours des siècles : en 1793, Cus.
Le Mont Choisy sert vraisemblablement à l’assiette d’un camp duquel partent plusieurs chaussées.
Sous l´Ancien Régime, l´ensemble de la commune suit la coutume de Senlis (1), sauf Gizancourt qui se rattache à celle du Vermandois.
Histoire
Des structures gallo-romaines sont découvertes en 1974 le long de l'ancienne voie romaine reliant Amiens à Reims, tronçon de la voie Milan-Boulogne, connue localement sous le nom de Chaussée Brunehaut. Ces vestiges laissent penser qu'il s'agit d'un vicus, abritant peut-être une garnison à l'entrée du plateau du Soissonnais et datable du Ier siècle.
1914-1918, Zouaves et Spahis (2), des soldats très présents dans la Grande Guerre
Afin de renforcer les troupes françaises, la France fait venir entre 1914 et 1918, 300 000 soldats de ses colonies, d’Afrique du Nord, de l’Ouest et Equatorial : Marocains, Algériens, Sénégalais, habitants du Mali, de Madagascar, de Djibouti, de la Côte des Somalis.
Sur le Front de l’Oise, l’apport des troupes d’Afrique du Nord est décisif lors des grandes batailles, du Mont Renaud notamment. Peu de témoignages subsistent de ces hommes qui quittent leur pays pour combattre en France dans des conditions souvent difficiles et très éloignées de leur environnement quotidien.
Ces troupes, grâce à leurs qualités guerrières, sont choisies pour participer aux combats les plus durs sur le front de France chaque fois que la situation l'exige. A propos des faits d'armes de la Division Marocaine, le maréchal Ferdinand Foch (1851/1929) déclare : ...La fortune a voulu que la division marocaine fût là !.... Si quelques cas de panique sont signalés dans certains bataillons lors des premières semaines de combats, ces régiments sont considérés à l'égal des meilleurs.
Plus d’un quart d’entre eux sont tués ou portés disparu. Sujets français, ils ont accompli leur devoir, la défense du territoire.
Cuts et Carlepont, théâtre de violents affrontements durant la Grande Guerre, conservent des traces de l’implication des troupes d’Afrique dans les combats (photo ci-contre : les spahis traversent Cuts en 1917).
Les seigneurs et gens de la noblesse
La seigneurie appartient au XVIIIème siècle à la Famille Berthe de Pommery.
Jean Baptiste Joseph Berthe, seigneur de Vilers-Bocage époux de Catherine Vaillant ; son fils François Léonor Berthe de Vilers (+1746) époux de Ursule Desmay reçoit en mariage la terre de Cuts puis quelques années plus tard celle de Caines ; ses enfants abandonnent le nom de Vilers pour prendre celui de Pommery, fief relevant de Cuts ; Jean Baptiste Louis Berthe de Pommery (+1797) est le dernier seigneur de Cuts, époux en 1754 de Marie Marguerite Charlotte Catherine Le Clerc ; son fils Jean Baptiste Marie Charles Antoine Berthe de Pommery (+1819) suit ; son fils Aimé Berthe de Pommery (+1880) est maire de Cuts.
La baronne Lucie Stern (1882/1944) épouse de Pierre Girot de Langlade (1869/1931) est propriétaire du château.
À qui appartient donc le trésor ? Aux découvreurs ? Au propriétaire du terrain qui réclame la restitution de son trésor dilapidé ? Ou aux trois collectionneurs, dont un marchand parisien spécialisé en monnaie médiévale, qui le rachète en partie ? Ce trésor moyenâgeux revient bien aux propriétaires du champ. C'est ce que les juges du Tribunal Correctionnel de Compiègne estiment en mettant fin à cette bataille judiciaire. Ils ordonnent la restitution aux propriétaires du terrain d'une partie des 1180 pièces récupérées au cours de l'enquête et condamnent les deux découvreurs à une amende de 8000 € chacun et au versement de 1000 € de dommages et intérêts aux propriétaires du terrain, au titre de la violation d'une propriété privée. Le libraire noyonnais qui a acheté plusieurs pièces, est condamné à un mois de prison avec sursis et 5 000 € d'amende. Le collectionneur parisien, auteur d'une étude sur les lots qu'il avait achetés puis revendus en partie, est condamné à 3 mois de prison avec sursis et 10 000 € d'amende. Tous les quatre doivent également dédommager le propriétaire du trésor à hauteur de 10 000 € pour les pièces non retrouvées. Le collectionneur retraité, qui a caché une partie des pièces dans sa peupleraie pendant l'enquête, écope d'un mois de prison avec sursis et 4 000 € d'amende. Un seul des 6 prévenus est relaxé, le chauffeur des deux découvreurs du trésor. (Source Courrier Picard n° 19608 du 7/2/2007).
Pierre de la Ramée (1515/1572), logicien et philosophe converti au calvinisme, un des plus grands humanistes du XVIème siècle, nait en 1515 à Cuts.
Il devient professeur au tout nouveau Collège de France et est connu pour ses critiques sur Aristote. Il est le principal acteur de la polémique sur la prononciation de la lettre Q (le U ne doit pas se faire entendre) évoquée par Charles Louis de Secondat, baron de Montesquieu (1689/1755) dans Les Lettres Persanes.
En août 1572, les massacres de la Saint-Barthélémy commencent, il vient de refuser d’accompagner le maréchal Jean de Monluc de Balagny (1545/1603) en Pologne, parce qu’il ne veut pas vendre son éloquence. Caché un certain temps dans une librairie de la rue Saint-Jacques à Paris, il rentre chez lui au troisième jour des massacres, lorsque des assassins forcent l’entrée du collège et le découvre dans son cabinet de travail où il s’est paisiblement retiré. Ils le percent de coups alors qu’il est dans le recueillement et la prière, avant de le précipiter encore vivant du cinquième étage, pour le traîner par les pieds dans la Seine. La main de son ennemi irréductible, Jacques Charpentier, qui lui a succédé à la chaire de mathématiques et dont il a dénoncé l’ignorance, y est vue.
Son médaillon (ci-contre) orne la façade de la mairie de Cuts.
Patrimoine
Le patrimoine architectural de la commune se caractérise par la qualité des constructions en pierre de taille et par ses pignons à redents, qui annoncent le Soissonnais. La grande majorité des maisons et des fermes date du premier tiers du XIXème siècle.
L’église de l’Assomption-de-la-Vierge et le cimetière qui l’entoure.
De l'église du XVIème siècle, subsistent les parties basses de la nef et le pignon Nord du bras du transept. Le chœur à chevet plat est du XIIIème siècle et comprend deux travées barlongues voûtées d'ogives, le bras Sud du transept porte la date de 1861. Le bas-côté Sud date de 1862. Entre 1863 et 1866, divers travaux de restauration sont effectués : le voûtement d'ogives de la nef, la construction d'un clocher de façade.
La chapelle Sainte Catherine
Située entre les hameaux de Labarre et de Gournay, elle est mentionnée dans des actes notariés en 1724 et en 1851. Elle est probablement détruite pendant les dernières guerres.
Le château
Il est édifié en 1636, sur l'emplacement d'un ancien château féodal. Il se compose d'un corps de logis flanqué sur sa façade Sud de deux pavillons, le tout couvert d'ardoises, entouré de douves en eau. Il se différencie d'autres châteaux des XIVème et XVème siècles par l’abandon des dispositifs de défense.
En 1831, le cadastre Napoléonien de 1812 indique l'existence d'un pigeonnier octogonal encadré par un grand corps de bâtiments disposés en U, formant la basse-cour, ces bâtiments disparaissent au cours du XIXème siècle, le colombier est le seul vestige.
Le château est remanié de 1881 à 1898 : charpentes, exhaussement d'un étage, pavillon de la façade Sud, tourelle Ouest de l'escalier de service et distribution intérieure. Le pont donnant accès à la cour Nord est reconstruit en 1890 et la galerie de la façade Nord est construite en 1898.
En 1917, les Allemands détruisent le pigeonnier et incendient le château.
Il est reconstruit en 1926, le soubassement et les assises de fondations de la première construction sont conservés. La reconstruction est effectuée à l'identique hormis quelques détails comme la création de douves. L'édifice conserve un escalier à balustre du XVIIème siècle ainsi que des éléments de dallage du XVIIIème siècle. La maison du régisseur est bâtie en 1824.
Son actuel propriétaire est le baron Christian de Langlade.
La demeure dite château du Clos L’Hermite
Maison bourgeoise avec domesticité construite vers 1850 rue de la Poste et présentant une élévation antérieure avec bossage en rez-de-chaussée, des pilastres toscans à chaque niveau, surmontée d'un fronton.
La nécropole militaire française
Elle est créé en 1920, sur une superficie de plus d'un hectare, 3296 corps y sont ensevelis dont 1770 en ossuaires. Elle regroupe les tombes issues d'une dizaine de cimetières militaires provisoires de la Première Guerre Mondiale 1914-1918, auxquels s'ajoutent des tombes, essentiellement musulmanes, de soldats de la Seconde Guerre Mondiale 1939-1945 tombés le 5 juin 1940.
Le calvaire de La Pommeraye,
Il est considéré durant la guerre de 1914-1918 par les Allemands comme miraculeux car durant les combats de septembre 1914, toutes les maisons des alentours sont incendiées alors que le calvaire reste indemne. Pendant toute l’occupation allemande, il est entouré d’un grand respect.
Les tumulus ou tombelles (3) de l’ère celtique,
Deux tombelles sont citées sur le territoire de Cuts : l’une, connue sous le nom de Butergnot, sur le mont Choisy, l’autre, nommée la montignette, à proximité du hameau de Gizancourt.
Plusieurs puits sont recensés et un moulin à vent est mentionné en 1851.
Bon nombre de maisons de tisserands et de manouvriers subsistent encore dans les écarts. Elles possèdent des caves surélevées, voûtées en plein cintre, auxquelles on accède par une descente d´escalier extérieure.
Agriculture, commerce, artisanat et industrie
Les filatures
- Le tissage de coton (siamoises et calicots) Gustave Prévost.
- Le tissage de coton Antoine Vénard.
En 1851 ces deux fabriques emploient 209 ouvriers, dont 17 femmes.
- La filature, fondée en 1818 par Louis Augustin Quéhu (négoce connu depuis 1772). Elle appartient ensuite à Louis Noël Provost-Quéhu qui y installe une pompe à feu de 5 atmosphères en 1830, puis à Gustave Prevost en 1838 et Jean Joseph Cotard en 1859. L´usine est reprise en 1831 par Antoine Vénard, qui y installe un tissage mécanique à vapeur en 1851 et emploie 36 ouvriers en 1850.
- La filature du Bosquet incendiée en 1868.
Deux usines à chaux
- L’usine de chaux ou de plâtre, connue par les implantations successives de fours à plâtre en 1840 Joseph Guilmont, en 1861 et en 1867, Désiré Guilmont-Béra et en 1877, Louis François Sulpice Guilmont, entrepreneur de maçonnerie.
- L’usine de chaux ou de plâtre du Haut-Jonquoy, appartenant en 1843 au sieur Quillet.
Cultures
Dans le village, le chanvre et le lin sont cultivés.
Hameaux, faubourgs, lieux-dits, quartiers et écarts
Berlincamp, la Pommeraye, le Jonquoy, Gournay ou se situait la chapelle Sainte Catherine aujourd’hui disparue.
Gizancourt ou la coutume du Vermandois est suivie alors que le reste de la commune est de la coutume de Senlis.
Des écarts : la Vallée, la Barre et le Bois de la Haut qui recèle des sarcophages.
Evolution de la population
Nos ancêtres de Cuts …
Carte de Cassini
Notes :
(1) Coutumes : ensemble des règles de droit coutumier qui régissent les rapports juridiques, économiques, familiaux et sociaux des habitants du bailliage. Exclusivement lois civiles, correspondant à la matière du futur Code Civil : personnes, biens, obligations, avec en plus des règles fiscales et du droit féodal.
(2) Spahis (image de droite), mot d’origine turque provenant du persan sipâhi = soldat ou cavalier.???????
À l'origine, ce sont des cavaliers fournis par les tribus inféodées à l’Empire Ottoman qui viennent renforcer les effectifs de Mamelouks (troupes régulières) lorsque l’ampleur des opérations le nécessite.
???????Ils se payent sur le terrain en pillant les lieux où ils interviennent et, une fois l’opération terminée, rejoignent leurs tribus d’origine.
Les spahis sont des unités de cavalerie appartenant à l'Armée d'Afrique qui dépendent de l’armée de terre française.
Zouaves (image de gauche), unités françaises d’infanterie légère appartenant à l'Armée d'Afrique souvent associés à l'image des batailles du Second Empire et connus pour leur uniforme singulier porté au combat jusqu'en 1915.
Le corps des zouaves est créé lors de la conquête de l'Algérie par l'incorporation de soldats kabyles. Le nom de zouave vient de la déformation du nom d'une de leurs tribus.
Les unités deviennent à recrutement exclusivement européen à partir de 1842.
(3) Tumulus en latin = éminence artificielle, circulaire ou non, recouvrant une sépulture, en haut français = tombelle.
La tombe peut être de dimensions très variables, d'un simple dépôt d'ossements brûlés jusqu'à une chambre sépulcrale très élaborée en pierre sèche et/ou en dalles, auquel cas on parle de tumulus mégalithique. Il est souvent consolidé sur son pourtour par un parement en pierre sèche, voire par des blocs plus gros ou même par des pierres levées. Dans le cas des monuments les plus imposants, il peut y avoir une façade architecturée au niveau de l'entrée de la sépulture. Certains tumuli sont très élaborés et peuvent être structurés en parements concentriques. Ils présentent alors une élévation en gradins.
Sources
Sites, blogs, livres et revues, photo...: Wikipedia.
e.mail : Rémi Fauxbaton (acte notarié du 22 février 1724 Me Moutonnet/Soissons).
Date de dernière mise à jour : 27/04/2021