Lavilletertre
Petit village rural du Vexin Français, situé à 18 kms de Gisors, à 13 kms de Magny-en-Vexin, à 10 kms de Chaumont-en-Vexin et à 9 kms de Marines, dont le territoire fort étendu est traversé au Sud par deux vallons profonds qui encaissent l'un, le cours d'eau de la Viosne et l'autre, le rû de Saint-Cyr.
Place forte redoutable autrefois, partie de la ligne de défense de la frontière entre le royaume de France et la Normandie.
La commune est proche du Parc Naturel Régional du Vexin Français.
Héraldique
Les armes de la commune se blasonnent ainsi : D'azur à trois besants d'or; à la bordure componée d'argent et de gueules.
Toponymie
Lavilletertre = la ville du tertre, fait référence à un tertre celtique ou à une motte castrale du temps des invasions scandinaves.
Villa terrici en 1220, villa in colle vulgo, villa tertre en 1262 = domaine sur la colline.
Hydrographie
Le village est traversé par la rivière La Viosne qui prend sa source à proximité et alimente un premier étang en contrebas du tertre, le ruisseau d'Arnoye et le rû de Saint-Cyr.
Histoire
A l’origine, Lavilletertre est une villae Gallo-romaine.
L’Histoire de Lavilletertre avant le XIVème siècle est inconnue.
Chef-lieu de canton durant la Révolution Française, Saint-Cyr-sur-Chars lui est réuni en 1823.
La Guerre de Cent Ans 1337-1453
Deux ans après la Bataille d'Azincourt, le roi d'Angleterre, Henri V (1387/1422, portrait de droite) revient en Normandie avec une armée de 12000 hommes et une artillerie à feu considérable pour l’époque. Il entreprend la conquête du Duché de Normandie. Armagnacs et Bourguignons s’opposent alors dans une véritable guerre civile et ne luttent guère contre les Anglais.
Paris et donc le roi, sont contrôlés par le comte Bernard VII d'Armagnac (1360/1418). Entre 1413 et 1418, la reine de France Isabeau de Wittelsbach-Ingolstadt ou Isabeau de Bavière (1370/1435) doit fuir et est recueillie par le duc Jean 1er de Bourgogne dit Jean sans Peur (1371/1419). Les Armagnacs multipliant les exactions dans la capitale, les Parisiens ouvrent les portes fin mai 1418 aux Bourguignons qui mènent une politique accommodante de baisse des taxes dans les villes qu'ils contrôlent. Mais en juin 1418, les Armagnacs sont massacrés et le futur roi Charles VII (1403/1461), que son père a nommé lieutenant du royaume, se proclame régent en décembre 1418 et, prenant la tête du Parti Armagnac, établit son gouvernement à Bourges.
Henri V a les mains libres : en moins de deux ans, toutes les forteresses normandes, villes ou châteaux, tombent. La forteresse de Lavilletertre est prise et détruite. Rouen, assiégée, réduite à la famine ouvre ses portes au roi d’Angleterre en janvier 1419. À cette date, seul le Mont-Saint-Michel tient bon. Les Anglais peuvent prendre Paris.
Une médiation est tentée entre Armagnacs et Bourguignons, le duc de Bourgogne et le dauphin se rencontrent sur le pont de Montereau en septembre 1419. Mais, Jean sans Peur tombe dans un piège et est assassiné par les proches du dauphin pour qui un accord avec les Bourguignons est inacceptable. Ce dernier est accusé d’être le commanditaire et les conséquences sont catastrophiques pour les Armagnacs.
Philippe III de Bourgogne dit Philippe le Bon (1396/1467), fils de Jean sans Peur, s’allie alors ouvertement avec les Anglais et fait signer le Traité de Troyes de 1420 au roi Charles VI, définitivement fou. Le dauphin est déshérité, le roi d'Angleterre Henri V épouse en 1420 Catherine de Valois (1401/1437) fille de Charles VI et est régent de France en 1421.
En 1422, Henri V et Charles VI meurent. Henri VI (1421/1471, portrait de gauche), fils d’Henri V, se retrouve roi de France et d’Angleterre, mais il est mineur, d’où une interruption momentanée du conflit.
Les seigneurs et gens de la noblesse
En 1368, le fief est donné par le roi Charles V dit Le Sage (1338/1380) à l’église du Vivier-en-Brie (Seine-et-Marne) puis vendue à Hugues de Boulay en 1370, époux de Marguerite de Trie, et chambellan du roi Charles VI dit Le Fol (1368/1422).
Au XVème siècle, le fief passe de la Famille de Trie à la Famille de Valliquerville.
Louis de Courtenay (1485/1540) fils de Pierre de Courtenay et de Perrine de La Roche, est seigneur de Lavilletertre et autres lieux..., époux en 1522 de Charlotte du Mesnil-Simon (+1555).
A la fin du XVIème siècle, le domaine appartient à la Famille de Mornay, possesseur des châteaux de Villarceau, d’Ambleville et d’Omerville (Val d’Oise).
La princesse de Béthune-Hesdigneul est propriétaire du château à la fin du XIXème siècle.
Dans l’église de Saint-Cyr-sur-Chars, deux dalles tumulaires encastrées dans la muraille comporte l’épitaphe de :
- Philippe de Garges (1602/1657) épouse de René Mareul, seigneur de Saint-Cyr, Rosmesnil et Villers-Saint-Genest.
- Marie Françoise Fagnier de Montflambert (1730/1792) épouse en 1750 d'Anne Nicolas Guillemeau de Saint-Souplet, écuyer du roi, mousquetaire, capitaine de cavalerie, mort sur l'échafaud en 1794 dans la tourmente révolutionnaire parce qu'il a participé à la défense des Tuileries et de la famille royale le 10 août 1792.
Quatre tombes dans le cimetière de Saint-Cyr-sur-Chars :
- Marie Camille d’Agay (+1830), marquise de Saint-Souplet, épouse d'Anne Nicolas Camille Eustache Guillemeau de Saint-Souplet, fille de Philippe Charles Bruno d’Agay, ancien intendant de Picardie, et de Catherine Geneviève Philippine Jourdan de Launay.
- Anne Nicolas Camille Eustache Guillemeau (1787/1877) marquis de Saint-Souplet, époux de la précédente, qui sert dans les chevau-légers de la Garde Royale.
- Angélique Marie Rosalie de l’Escalopier (17701/1845) épouse du comte Anne Claude Guillemeau de Saint-Souplet (1751/1794) qui meurt sur l'échafaud.
- Marie Antoinette de Saint-Souplet (1819/1880) comtesse de Rutant, épouse d’Anne Ernest Louis de Rutant.
Le château de Saint-Cyr appartient avant la Révolution Française à la Famille de Saint-Souplet puis passe à la Famille de Sesmaisons, originaire de Bretagne, pendant plus d'un siècle.
Dans l'église Notre-Dame de la Nativité de Lavilletertre, le mémorial en marbre de :
- Jean Baptiste Lemoyne de Bellisle (1738/1791) chancelier du duc Louis Philippe d'Orléans dit Le Gros (1725/1785), seigneur du village et député de la noblesse du bailliage de Chaumont-en-Vexin aux Etats Généraux dont il se retire en août 1789, époux d'Hélène Emilie de Palerne (+1800).
- Louis René des Courtils (+1819) grand bailli d’épée de la province de Beaujollois, colonel d’infanterie, chevalier de l’Ordre de Saint Louis, maire de Lavilletertre en 1819 épouse la fille du précédent, Geneviève Joséphine Emilie Lemoine de Bellisle, qui lui fait élever ce monument.
Cette Famille restaure le château de Lavilletertre en 1807. Un des petits fils des précédents, le comte Albert de Béthune-Hesdigneul (1809/1881), possède la terre ensuite.
Chronique communale
La pierre-fritte ou Palais de Gargantua du Néolithique
Jacques Cambry (1749/1807, portrait de droite) écrivain breton, fondateur de l'Académie Celtique, prêtre quelques années avant de préférer une vie plus laïque. Il est précepteur chez Claude Denis Dodun (1733/1794), marquis de Kéroman, directeur de la Compagnie des Indes dont il épouse la veuve, Louise Julie Bourgeois (+1834). Durant sa jeunesse, il vit d'abord en mer, puis continue de voyager dans toute l'Europe où il se fait initier dans des sociétés secrètes.
Il est receveur général des États de Bretagne, puis, en 1794, commissaire des Sciences et des Arts. Pétri d'une culture classique dont il émaille ses observations, Cambry se révèle un observateur curieux et scrupuleux, portant un intérêt à l'Histoire et à la langue, à la musique et à la danse. Il est nommé, en 1799, administrateur du Département de la Seine puis préfet du Département de l'Oise par l'empereur Napoléon Ier (1769/1821). Il y effectue une profonde réforme des circonscriptions cantonales et écrit notamment vers 1803, un livre Description du département de l’Oise en deux volumes.
Dans le tome 1, un texte consacré à Lavilletertre et plus particulièrement à la pierre-frite :
«… J’allai voir une pierre de grès nommée pierre-fritte par les villageois ; on me l’avoit indiquée comme un de ces monuments dédiés au soleil, que les Bretons nomment ar men hir, les Saxons, hir men sul ; elle n’a point la forme de ces aiguilles qui, comme les pyramides, comme les obélisques, représentaient, dit-on, les rayons du soleil ; c’est une pierre de grès de neuf pieds de large à sa base, de huit pieds d’élévation, et de quatre pieds de large à son sommet ; elle n’a pas plus d’un pied d’épaisseur ; elle est couverte de lichen. Cette pierre est fort dure, blanche dans quelques fractures, prenant ailleurs une teinte rougeâtre que lui donne l’oxyde de fer ; elle est placée au centre d’une vaste plaine, d’où l’on voit s’élever en amphithéâtre le village de la Ville-Tertre, dominé par la masse imposante du château. En se rapprochant du village on retrouve à mi-côte le banc de galets sur lequel il est placé : ces galets sont gris-blanc, et recouverts de lignes d’oxydes de fer, rouge, noir, ou jaune : plusieurs de ces cailloux sont transparents. La Ville-Tertre est environnée de carrières de pierres tendres, qui durcissent à l’air en blanchissant… ».
Selon la légende, la pierre serait le palet du géant Gargantua, qu'il aurait lancé en visant Neuville-Bosc alors qu'il était juché sur la butte de Montjavoult.
Patrimoine
L’église Notre-Dame-de-la-Nativité
Elle est édifiée entre 1140 et 1170 et témoigne de la transition du style Roman vers le Gothique. L'extérieur est entièrement de style Roman, alors que l'intérieur est parfaitement Gothique. Elle n'a subi aucun remaniement modifiant son apparence ou sa structure d'où son plan tout à fait régulier et symétrique et un extérieur pouvant paraître un peu froid. Toutefois, deux changements interviennent au cours des siècles : la suppression des colonnes de la nef au-dessous des chapiteaux et le bouchage de deux niches dans les murs orientaux des croisillons
Elle possède le plus grand portail Roman du Vexin Français.
Sous l'invasion anglaise en 1418, elle est profanée et utilisée comme grenier à fourrages. Un violent incendie vers la même époque laisse des traces sur les murs et les piliers.
Elle est classée aux Monuments Historiques en 1862.
L'ancienne forteresse de Lavilletertre
Elle est prise et détruite par les Anglais durant la Guerre de Cent Ans en 1418 après la défaite d’Azincourt.
Lors des Guerres de Religions à la fin du XVIème siècle, la face Sud disparait dans un incendie ainsi que le bâtiment des communs. A la fin du XVIIIème siècle, la moitié des faces Ouest et Est s’effondrent. Un château est construit à ses côtés vers 1710.
Abandonnée depuis le XVIIème siècle, la maison-forte du XIIème siècle tombe dans l’oubli, sous un épais manteau végétal. En 1807, le château est restauré par la Famille des Courtils.
En 1921, le château et le parc sont donnés par la marquise de Meyronnet aux frères hospitaliers de Saint-Jean-de Dieu. Les ruines de la maison-forte devenues menaçantes et inutiles sont rasées en 1922.
Dans une ancienne dépendance, séparée du château, un centre pour jeunes handicapés légers est créé Les Trois Sources. En 2010, il est vendu à des investisseurs privés.
Le château de Saint-Cyr-sur-Chars
Le premier château-fort est incendié par un duc de Normandie, puis reconstruit et à nouveau rasé par les troupes du roi Henri IV (1553/1610).
A côté de ses ruines, un troisième château est élevé à la fin du XVIème et terminé au XVIIème siècle. Il possède des communs, une chapelle, une cour d'honneur, des douves et un parc. Le corps central à 3 étages dont le supérieur est mansardé.
La grille d'honneur date de l’époque du roi Louis XV (1710/1774). Deux licornes entourent les armes de la Famille de Saint-Souplet sur la grille en fer forgé du XVIIIème siècle.
Dans le parc, le donjon de la forteresse démantelée est une rare survivance de l'architecture militaire romane.
Il appartient aux Familles de Saint-Souplet, puis de Sesmaisons pendant plus d'un siècle et enfin à M. Rossignol.
Il est inscrit aux Monuments Historiques en 1969.
L’église de Saint-Cyr-sur-Chars
Sa nef est démolie au XVIIème siècle et ne se compose plus aujourd’hui que du chœur de l’ancienne église. La cloche est fondue en 1609.
Le menhir de la pierre-fritte
Haut de 2,70m, il est situé à la lisière du bois de Saint-Pierre, près de Romesnil.
Le plateau et l’étang de Lavilletertre
Site naturel d’intérêt régional et espace naturel d’intérêt départemental où la diversité du milieu naturel (pelouse, étang, cavités) attire des espèces variées : lézards vert, criquets, chiroptères...
La croix
Obélisque en pierre surmonté d'une croix, situé à l’Ouest du village, sur une petite place au Sud du château, près du chemin de Bouconvilliers. Il est probabelement élevé sous la Restauration par la comtesse des Courtils, car ses armoiries accolées à celles de son mari figurent en bas-relief sur la face antérieure du monument dans deux écus ovales entourés d’une cordelière, comme dans l’église. L’inscription est complètement martelée à la Révolution Française.
La croix de Romesnil
Elle est érigée en 1832 en mémoire de J. Fessart décédé à 65 ans.
Hameaux, lieux-dits, faubourgs, quartiers ou écarts
Grand Bachaumont, Petit Bachaumont, attesté au XIIIème siècle où subsistent des vestiges importants du XVIème siècle.
Romesnil, attesté au XIIIème siècle.
Saint-Cyr-sur-Chars, ancienne paroisse perdue au milieu des bois, désertée, elle est réunie à Lavilletertre en 1826. La chapelle du XIIème siècle, en partie démolie sous la Révolution Française, est aujourd'hui totalement ruinée et a disparu sous le bois. L’accès de ce qui reste du vieux village est interdit.
Evolution de la population
Notre fils et Lavilletertre …
Aucun ancêtre n'est issu de ce village, mais nous habitons dans une commune voisine Neuville-Bosc depuis 5 ans, et notre fils, Axel SOUDAN (sosa 1G1) né en 1994, suit les cours de catéchèse à Lavilletertre chez Anne Leraillé, sa première communion est célébrée par le père Alain Caquant, prêtre de la paroisse, en l'église Notre-Dame de Lavilletertre le 1er mai 2005.
Carte de Cassini
Sources
Sites, blogs, photo, livres et revues ... : Wikipedia ; Base Mérimée ; Les Amis du Vexin Français. Mairie de Lavilletertre...
Date de dernière mise à jour : 28/04/2021