Creissels
Le territoire de la commune s'étend sur une partie du Causse du Larzac et ses contreforts, comprenant une partie de la vallée de la rivière Tarn qui borde le bourg.
Creissels est situé entre Millau à 3kms, la plus grande ville à proximité, et le village de Saint-Georges-de-Luzençon à 8kms.
Les communes limitrophes sont : La Bastide-Pradines, Comprégnac, Lapanouse-de-Cernon, Millau et Saint-Georges-de-Luzençon.
Héraldique
Les armes de la commune se blasonnent ainsi : D’azur au lion d’or, à la bordure en filet d’argent.
Hydrographie
La commune est drainée par :
- la rivière le Tarn qui prend sa source dans la commune de Pont de Montvert au Sud du Mont Lozère (Lozère) et se jette dans la Garonne à Saint-Nicolas-de-la-Grave (Tarn-et-Garonne), après avoir arrosé 99 communes,
- les ruisseaux des Cascades, de Saint-Martin et d'Issis,
- et par divers petits cours d'eau.
Histoire
La commune est occupée au Chalcolithique et à l'époque Gallo-romaine. De nombreux vestiges en témoignent (poteries, monnaies, bijoux...).
Les premières mentions du lieu remontent à l'an 801 où un acte mentionne le château.
Au XIIème siècle, Henri II de Rodez (1135/1208) fait construire le château et l'habite.
De 1283 à 1594, la viguerie appartient aux vicomtes d'Armagnac puis au roi de France qui la réunit à la couronne.
En 1814, le château de Creissels est détruit au 2/3 par les flammes. En 1896, un second incendie le ravage.
Les seigneurs et gens de la noblesse
Au IXème siècle, un certain Leutade possède la viguerie de Creissels (voir § Mes ancêtres).
La première Famille de Roquefeuil est connue depuis 1032. Originaire du fief de Roquefeuil, siège de la baronnie de Roquefeuil-Meyrueis, elle posséde les seigneuries de Meyrueis et de Creyssels (voir § Mes ancêtres). Le plus ancien personnage connue de cette Famille est Seguin de Roquefeuil qui, en 1032, donne plusieurs terres qu'il tient dans les comtés de Lodève et du Rouergue à l'Abbaye de Saint-Guilhem-le-Désert. En 1080, une donation est faite à cette même abbaye par Raymond de Roquefeuil, qui épouse Stéphanie de Vissec. L'acte cite ses fils, Féréol et Arnaud.
La filiation est toutefois incertaine jusqu'à Adélaïde de Roquefeuil, la dernière héritière de la première Famille au siècle suivant, qui épouse vers 1140 Bertrand d'Anduze (1110/1169), dont le fils Raymond d'Anduze de Roquefeuil, prend le nom de Roquefeuil et forme ainsi la seconde Famille de ce nom.
La première mention de la vicomté de Creissels date de 1272.
Raymond II de Roquefeuil (1180/1229) fils ainé de Raymond Ier de Roquefeuil (1155/1204) et de Guillemette de Montpellier (1149/1200), hérite d'une grande partie des possessions de son père, la baronnie de Roquefeuil et de Meyrueis, ainsi que de la terre de Creyssels. Il est considéré comme un vicomte de Creyssels. Son épouse est Dauphine de Turenne. Sa fille aînée, Isabeau de Roquefeuil (1215/1260), lui succède, et épouse en 1230 le comte Hugues IV de Rodez (1212/1274) qui hérite des biens de la Famille et réunit au comté de Rodez les terres de la vicomté de Creyssels et des baronnies de Roquefeuil et de Meyrueis.
La vicomté de Creissels comprend en 1230 les châteaux de : Creyssels, Marzials, Roquetaillade, Saint-Rome-de-Cernon, Montclarat, Lapanouse-de-Cernon, Cornus, les Infruts, Peyrelade, Caylus, Pinet, Laugagnac, La Cresse, le Bourg-Clauzelles, Peyreleau, Montméjean et Saint-André-de-Vezines.
Henri II de Rodez (1236/1304) fils du précédent, se marie trois fois et n'a que des filles dont Valpurge de Rodez (1275/1313) qui, en épousant en 1298, Gaston d'Armagnac (1275/1320) vicomte de de Fézensaguet, lui apporte la terre de Creissels. La vicomté de Creissels passe dans la Maison d’Armagnac de 1304 à 1497.
Les rapports entre les vicomtes et les consuls de Millau sont excellents mais souvent houleux avec les comtes d’Armagnac.
Suivent de pères en fils : Géraud II d'Armagnac (1299/1339) qui épouse en 1329 Jeanne de Comminges ; Jean 1er d'Armagnac (1335/1390) qui épouse en 1327 Béatrice de Clermont ; Jean II d'Armagnac (1330/1384) qui épouse en 1359 Jeanne de Périgord ; Bernard VII d'Armagnac (1360/1418) connétable de France, époux de Bonne de Berry , il est massacré à Paris le 12 juin 1418 ; Jean IV d'Armagnac (1386/1450) époux de Blanche de Bretagne et de Isabelle d'Evreux ; Jean V d'Armagnac (1420/1473) époux de Jeanne de Foix (1450/1476) ; puis son frère Charles 1er d'Armagnac (1424/1497) mort sans enfant, fait de son petit neveux Charles IV d'Alençon (1489/1525) son unique héritier qui lui succède au titre de vicomte de Creyssel, celui-ci meurt sans descendance et son épouse, Marguerite d'Angoulême (1492/1549), sœur aînée du roi de France François Ier (1494/1547), hérite de ses biens.
En 1527, cette dernière épouse en secondes noces Henri II d'Albret (1503/1555, portrait de droite) roi de Navarre ; fille du précédent, Jeanne d'Albret (1528/1572) hérite de son père du royaume de Navarre et de la terre de Creissels qu'elle transmet à la Famille de son époux par son mariage en 1548 avec Antoine de Bourbon (1518/1562), duc de Vendôme et pair de France ; leur fils, Henri IV (1553/1610, portrait de gauche) hérite de sa mère du royaume de Navarre puis devient roi de France, lors de son sacre en 1594 ses possessions, dont Creissels, sont réunies au Royaume de France.
Chroniques communales
Les incendies du château
Il est presque minuit ce 14 septembre 1814. Le tocsin retentit puis les cloches des églises de Millau. Réveillés en sursaut, les habitants de Creissels et de Millau sortent dans la rue. Des fenêtres du château s’échappent des flammes qui illuminent tout le village.
A Millau retentissent des cris Au feu ! Au feu ! Vite, vite ! A Creissels ! A Creissels ! Les hommes, les femmes et même les enfants courent vers le lieu du sinistre. Au village, les habitants forment rapidement deux chaînes pour se passer de main en main les seaux en bois remplis d’eau puisée dans le canal qui traverse le village.
Dans le parc, le propriétaire, le baron Marc Antoine de Gualy, tente de dénombrer et de rassembler les occupants du château. Il manque deux personnes : la belle-sœur du baron, Mademoiselle de Saint-Amans, et une vieille religieuse infirme.
Soudain, les appels au secours des deux femmes fusent d’une fenêtre du premier étage du bâtiment central attaqué par les flammes. Cernées par le feu, elles ne peuvent s’échapper.
Sous la fenêtre, deux matelas récupérés dans des chambres du rez-de-chaussée dont placés Encouragée et aidée par Mademoiselle de Saint-Amans, la religieuse enjambe le rebord de la fenêtre et se jette dans le vide. Malheureusement elle tombe au bord des matelas et rebondit violemment sur le sol. Elle hurle de douleur en se tenant la jambe gauche. Transportée plus tard à l’hôpital de Millau, il sera diagnostiqué une fracture du col du fémur. Mademoiselle de Saint-Amans saute à son tour sur les matelas. Elle se relève et se précipite en pleurs dans les bras de sa sœur. Elle a la figure noircie et les cheveux brûlés, mais elle ne souffre que de légères contusions.
Pendant ce temps, les villageois attaquent l’incendie qui se propage au toit de l’aile Est, les Millavois s’intègrent dans les chaînes. Monsieur Montels, architecte à Millau, arrive à son tour sur les lieux. A cette époque il n’y a pas encore de corps de sapeurs-pompiers à Millau, il s’est porté volontaire pour diriger la lutte contre les incendies depuis plusieurs années. Il s’est entouré d’une équipe de bénévoles constituée par des maçons, des charpentiers et des couvreurs. Il informe Marc Antoine de Gualy de son intention de faire la part du feu pour sauver l’aile Ouest et avec son accord, il donne ses directives à son équipe : à partir de la gauche de l’entrée du bâtiment central et sur toute la largeur dudit bâtiment, créer une brèche de 5m de large en détruisant murs, cloisons et toit, afin d’empêcher le feu de progresser vers l’Ouest et finalement de le circonscrire.
Deux gendarmes escortent la blessée à Millau accompagnée par l’abbé Joseph Julien de Gualy (qui sera évêque de Carcassonne de 1824 à 1847) frère du propriétaire du château.
L’intensité de l’incendie ne faiblit pas. Avec un bruit épouvantable, tout le toit du bâtiment de l’aile Est s’effondre.
Le jour se lève laissant apparaître les ravages causés par le sinistre. Heureusement, la brèche ouverte a permis de sauver la partie Ouest du château. A 8h, le feu est enfin maîtrisé mais les dégâts sont considérables. L’incendie a consumé l’aile Est et le corps central, soit les deux tiers de l’ensemble des bâtiments. Tous les meubles ont brûlé, l’argenterie a fondu, les titres de propriété et la bibliothèque sont entièrement perdus.
Un second incendie a lieu le 28 novembre 1896 (photo ci-contre). Les villageois se sont rassemblés à 17h, dans l’église pour participer à un Chemin de Croix quand le jardinier du château pénètre en trombe dans l’église en hurlant Au feu ! Au feu ! Affolement général, bousculade dans les travées, cohue désordonnée aux portes du narthex, et attroupement sur la place. Le maire de Creissels leur demande d'entrer dans le parc du château pour se mettre à la disposition du propriétaire du château, le vicomte Edouard de Gualy.
Plusieurs équipes sont formées et répartit dans les deux étages et au rez-de-chaussée pour enlever le maximum d’objets de valeur et les mettre en sûreté. Les deux vicaires montent au clocher pour faire retentir le tocsin, très vite les églises de Millau répandent l'alerte dans la ville.
Le feu progresse rapidement et gagne le second étage forçant les villageois à évacuer les lieux sans pouvoir sauver le mobilier de l’appartement loué et occupé par monsieur Dubiez qui se trouve à Millau.
Les pompiers de Millau ont mis en batterie leurs trois pompes qui renforcent celle du village et puisent l’eau dans le bassin du château et dans le puits du presbytère. De nouveau, comme pour l'incendie de 1814, les pompiers font la part du feu pour sauver l’aile Ouest composée de deux bâtiments. Ces deux corps de logis sont habités par le vicomte Edouard de Gualy et par sa tante, Octavie de Gualy. A 20h, après avoir détruit le second étage, le feu s’attaque à l’escalier en bois qui est vite enflammé et l’incendie se propage partout. Les plafonds s’effondrent, les cloisons s’écroulent, le 1er étage est la proie des flammes.
Vers 22h, les efforts des pompiers sont enfin récompensés : les deux bâtiments de l’aile Ouest sont sauvés. Par contre, l’incendie n'est maîtrisé que lorsque l'aile Est est entièrement consumé. Les pertes sont considérables.
Au début du XXème siècle, à l’emplacement du bâtiment détruit, une grande terrasse est aménagée et une tour carrée érigée.
Lors de la transformation du château en hôtel par Madeleine Austruy, un nouveau bâtiment, construit sur la terrasse, redonne au château son ancien et majestueux aspect.
Les Corses de Creissels
Au XIXème siècle, il existe plusieurs moulins dans lesquel l’écorce de chênes est broyée pour produire le tan utilisé dans les mégisseries de Millau pour la préparation des peaux. Lorsque les Creissellois arrivent dans les usines pour livrer le tan, les ouvriers saluent leur arrivée en criant Voilà l’écorce !. Au fil du temps, cette expression s’est transformée pour ne plus annoncer l’arrivée du tan, mais celle des Creissellois Voilà les Corses !.
La Baume de l'ermite Albaronier
Située au sommet de la côte de Brunas, sur le Causse du Larzac, une baume fermée par une muraille à laquelle les anciens ont donné le nom de Baume bâtie du Cap de Coste ou encore l'Abri de Roque de Pris. La tradition orale rapporte que cet abri aurait servi de retraite à l'ermite Guillaume Albaronier.
La baume possède deux fenêtres et un mur doublé, la présence de chaux à même le mur laisse penser qu'il s'agit d'une construction médiévale qui servait d'habitat humain nullement destinée aux animaux. L'avancée de la roche qui sert d'auvent naturel est en partie effondrée sur le côté droit.
Le 26 août 1249, quittant Aygues-Mortes, Raymond VII de Toulouse se rend à Milhau en Rouergue, où il est attaqué par la fièvre. Elle ne l'empêche pas de continuer son chemin, et voyant qu'il y a du danger, il met ordre aux affaires de sa conscience. Il se confesse à un fameux solitaire ou ermite du pays, nommé frère Guillaume Albaronier. (1)
C'est à Saint-Martin-de-Pris, dépendant du Monastère de Conques que Raymond VII prépare son testament et reçoit les plus hauts dignitaires de son comté avant de retourner mourir à Milhau le 27 septembre 1249.(2) Son corps est enseveli à l'Abbaye de Fontevraud aux pieds de sa mère Jeanne d'Angleterre (1165/1199).
Autour de la litière, coiffés de leurs mitres dorées et enveloppés dans leurs somptueuses chapes, se pressent les évèques de Toulouse, d'Agen, de Cahors, de Rodez et d'Albi. Le luxe ostentatoire étalé par ses fastueux successeurs des apôtres laisse les Millavois indifférents. Par contre, ils observent avec admiration et respect le personnage à barbe blanche, vêtu d'une simple robe de bure, assis dans la litière auprès de Raymond VII, pâle et défiguré par la maladie. Ils ont reconnu l'ermite Guillaume Albaronier, véritable paragon de vertu, de sainteté et de charité que le comte de Toulouse est venu consulter à Saint-Martin-de-Pris.(3)
Patrimoine
Le château
Perché sur un promontoire rocheux, le château de Creissels domine les vieilles maisons de tuf du village agglutinées entre les vestiges de ses anciens remparts et le lit du Tarn. Composé de trois bâtiments contigus situés au Sud, il se partage la surface de l’éperon avec le parc au Nord.
Un acte de 801 en fait déjà mention (voir les § Les Seigneurs et Mes ancêtres).
Au XIIème siècle, Henri II de Rodez (1135/1208) le fait aménager afin de l’habiter. Puis, de grandes Familles s'y succèdent ensuite.
Il est occupé par les Anglais au XIVème siècle.
En 1358, Jean d'Armagnac (1306/1373) échange la seigneurie de Creissels, contre celle de Castelnau-Montsabert, avec la Famille d'Arpajon.
En 1362, le vicomte de Fézensaguet envoie une troupe de gens d'armes contre le château. Le site est pris.
Les Anglais attaquent puis prennent et enfin occupent le château. En 1381, les Anglais quittent le site de Creissels.
En 1397, Guillaume de Solages, émissaire du comte d'Armagnac, attaque puis s'empare du château.
Au XVème siècle, Jean V d'Armagnac (1420/1473), comte d'Armagnac de Fezensac et de Rodez, possède le château.
En 1455, le roi de France Charles VII (1403/1461, portrait de gauche), irrité par son vassal Jean V d'Armagnac, lance une armée contre lui. Après la défaite du comte, la vicomté de Creissels est donnée à Jean de Montcalm (1407/1479) conseiller du roi et maître des requêtes à Millau.
En 1481, Creissels appartient à Catherine de Foix.
En 1559, la prise de la place commandée par Arnaud de Méjanes, capitaine de la Garde, par les protestants échoue mais réussit en 1562, le château est pris.
En 1569, une troupe Catholique armée attaque puis s'empare du château. Les protestants s'enfuient.
En 1589 le château est propriété de la Couronne de France.
En 1628, durant les révoltes huguenotes, a lieu le siège du château. Il est défendu par Pierre Crozat de la Croix, gouverneur du château de Creissels par résignation en 1603 de son père, Etienne Crozat de la Croix, conservateur du domaine en la vicomté de Creissels et gouverneur de Meyrueis. ien que de confession calviniste, BPierre est resté fidèle au roi, et défend la place contre les troupes du duc Henri II de Rohan (1579/1638, portrait de droite) : 80 assiégés catholiques tiennent tête à une armée importante munie de canons. L'arrivée d'une armée commandée par le prince Louis II de Bourbon-Condé (1588/1646) sauve les assiégés. Pour remercier le gouverneur du château, le roi Louis XIII dit Le Juste (1601/1643, portrait de gauche) lui donne l'ensemble du château.
En 1633, comme pour beaucoup de places fortes du Royaume, le roi ordonne la démolition des fortifications. Du double rempart et du fossé existants, il ne reste rien.
En 1706, le site appartient à la Famille de Gualy.
En 1814 et en 1896, de violents incendies dévastent le château.
Vers le milieu du XIXème siècle, M. de Gissac, descendant de la Famille de Gualy, est propriétaire du château.
En 1936, le château est vendu à Marcelle Hubin.
Durant la deuxième Guerre Mondiale, les Allemands réquisitionnent le site et dévastent la propriété.
Il est convertit en hôtel en 1960 et agrandit en 1972 par sa propriétaire Mme Austruy. Il est aujourd'hui le plus ancien hôtel 4 étoiles de Millau.
Le salon, la bibliothèque, la salle de réception, les salles de garde et le chemin de ronde constituent les parties les plus anciennes du château du XIIème siècle.
De nombreuses fenêtres à meneaux en croix apportent la lumière. La tour défensive carrée, bien que reconstruite au XIXème siècle après l’incendie de 1814, comporte mâchicoulis et crénelages. Des remparts sont élevés sur la terrasse, afin de cacher les ruines de la partie touchée par les flammes.
Tout au long des siècles, le château accueille de nombreuses personnalités : au XIXème siècle, deux évêques en font leur demeure familiale, la chambre avec son mobilier d'époque, a aujourd'hui été préservée. La grande artiste lyrique, Emma Calvé (1858/1942, portrait de droite) y séjourne et y laisse de nombreux souvenirs.
L'église Saint-Julien
Aujourd’hui église paroissiale, elle était à l’origine la chapelle du fort, à l’intérieur des remparts.
Elle est rebâtie et agrandie en 1472. Elle est démolie au cours des Guerres de Religions en 1562, par les Calvinistes commandés par le capitaine Peyre. Rebâtie et démolie à nouveau, elle est reconstruite de 1655 à 1659 à coté du Fort du Prieur.
En 1881, une nouvelle église paroissiale est édifiée.
En 1856, le cimetière, attenant à l’église, de dimensions insuffisantes, est transféré sur un emplacement offert par Monsieur de Gualy dans sa propriété.
La première église paroissiale de Creissels était celle de Saint-Saturnin située sur la hauteur qui domine le village où demeurent quelques vestiges. En 1488 et 1489, des réparations y sont faites et en 1517, elle est dallée. A l'intérieur, une chapelle dédiée à Saint Blaise avait été fondée au XIVème siècle, par un vicaire de l’Hospitalet, habitant de Creissels.
Le cimetière vieux de Saint-Saturnin
La première église paroissiale de Creissels était celle de Saint- Saturnin. Elle était située sur la hauteur en face du site des Cascades, où l’on voit encore la trace de tombes creusées dans le tuf. Certaines ont leurs contours qui épousent la forme des corps inhumés.
Le monolithe qui a été planté verticalement au-dessus des vestiges, se trouvait autrefois, couché au débouché du chemin de la Petitasse sur le plateau et marquait l’emplacement de l’ancienne église, près du cimetière.
Le prieuré
Haut de deux étages, le bâtiment date vraisemblablement de la première moitié du XIIIème siècle.
A chaque étage correspond une grande pièce ajourée par deux baies géminées dont les chapiteaux reposent sur des colonnes polygonales. Celle du rez-de-chaussée est accessible par deux portes dont une couverte d’un arc brisé.
La ferme de Bel-Air et son architecture typique des fermes du Larzac
Tous les bâtiments, voûtés d'arêtes, se déploient en U autour d'une cour rectangulaire. L'accès à la cour se fait par deux porches dont l'un communique avec les bâtiments d'habitation et l'autre avec les bergeries.
La grande salle de la maison d'habitation initiale a conservé sa grande cheminée et son dallage d'époque. L'évier se trouve dans une souillarde attenante à la grande salle. Le plafond de bois a été supprimé au profit d'une rochelle. La ferme est alimentée en eau de pluie recueillie dans une citerne et par un puits situé au centre de la cour. La ferme a également conservé son four à pain et ses souches de cheminée couvertes de schiste.
Elle est inscrite au titre des Monuments Historiques en 1994.
Les cascades des ruisseaux
- de Cabrières prend sa source au lieu dit La Dous sur le versant Nord du Causse du Larzac. Son lit se caractérise par de nombreuses cascades, dont deux grandes, avant de traverser le village s et de rejoindre le Tarn par une autre grande cascade.
- de Saint-Martin est alimenté par plusieurs petites sources du cirque du Boundoulaù qui apparaissent au pied de la grotte et parfois, lors de fortes pluies, par les orifices situés dans la partie gauche de la paroi de la grotte. Il dévale en cascades jusqu’à la ferme de Saint-Martin, puis coule paisiblement jusqu’à sa confluence avec le Tarn.
Les moulins
Grâce à la puissance hydraulique du ruisseau de Cabrières qui traverse le village, des moulins ont été installés et ont fait fonctionner les activités artisanales et industrielles : moulins à blé et à tan, scieries à bois et à tuf, tournals ou moulins des taillandiers, menuiseries, draperies, tanneries et mégisseries.
La commune a compté jusque 22 moulins installés le long du ruisseau entre le tournal du site des Cascades et le moulin bas.
Les grottes
- du Renard : Son entrée est située au Sud du village entre les deux premières falaises inférieures du versant du Larzac, à 400m à l’Est du site des Cascades, ses galeries s’étendent sur 7250m, une des plus longues de l’Aveyron.
- des Deux Trous : Grotte préhistorique située dans la falaise du site des Cascades. Les fouilles de 1961 permettent de découvrir un important mobilier chalcolitique composé de pointes de flèches et de poignards en silex, d’un poignard en cuivre, de nombreux objets de parure, de vases et d’un ossuaire de 79 individus.
- du Boundoulaù : Grotte préhistorique d'une superficie de 0,2ha, dont l'entrée s’élève à une quinzaine de mètres au-dessus du sol, à la base d’une imposante paroi rocheuse verticale. Eelle a servi d’abri aux habitants de Saint-Martin-de-Pris. La grotte, espace protégé, fait l'objet d’un arrêté préfectoral de protection de biotope en 1992. D’intérêt régional majeur, connue de longue date, la grotte abrite une colonie de plusieurs milliers de chauves-souris.
- des Deux Doigts ou de La Ficelle : Située dans le cirque du Boundoulaù, au pied d’un rocher rappelant la forme de deux doigts et sur le terrain dont le propriétaire était surnommé la Ficelle, cette grotte s’étend sur 2100m et comporte quatre siphons. Elle est à l’origine d’un réseau hydrographique important, puisque ses eaux ayant été colorées sont réapparues dans une source sur la commune de Saint-Georges-de-Luzençon.
- des Faux-monnayeurs ou des Brigands : Attribuée, sans aucune référence écrite, à des faux-monnayeurs par les anciens du village, la grotte est généralement appelée des Brigands. Caractérisée par deux ouvertures, son entrée habituelle se situe sur le Plateau de France à proximité du viaduc et s’ouvre par une baoume dans la falaise surplombant la rive gauche du Tarn. Ainsi, selon la légende, les brigands qui avaient détroussé les voyageurs sur la route de Millau pouvaient s’enfuir par la vallée du Tarn.
Les caves fromagères
Les grottes fromagères ont été exploitées pour faire office de caves d’affinage de production de fromages de type Bleu.
Appelées aussi caves bâtardes il en existe trois sur la commune qui sont aujourd’hui abandonnées. Deux sont situées sur le versant Nord du Larzac : Cap de Coste et Puechas, la troisième est celle du tunnel de Roquebelle qui passe sous le cimetière vieux en traversant le plateau à partir du parc du château pour sortir sous la falaise du cimetière.
Le viaduc de Creissels appelé aussi viaduc de Millau
Cinq des sept piles du viaduc sont construites sur le territoire de la commune. Il enjambe la vallée du Tarn pour relier le Causse du Larzac au Causse Rouge.
Evolution de la population
Hameaux, faubourgs, quartiers, lieux dits, et écarts ...
Saint-Martin-de-Pris au Sud-Ouest de Creissels, à l’entrée du cirque du Boundoulaù.
Dès l’an 801, dans la pièce la plus ancienne du Cartulaire de Conques, il est fait mention de Pris.
L’église de Saint-Martin accueille ses paroissiens du Xème au XVIème siècle. Ensuite, la paroisse est réunie à celle de Creissels.
De nos jours, autour des vestiges de l’église dont les murs ont été rasés se trouvent de très beaux sarcophages en grès ou en tuf.
Roquebelle
C’est un endroit pour des dieux et non pour des mortels ! s’exclame Raymond Brascassat, 16 ans, élève du peintre Théodore Richard, lors d’une promenade à Creissels en 1821. Il fait le projet d’y construire une maison avec monsieur Théodore. Mais à cette époque, ces projets sont des châteaux en Espagne car ils n’ont pas d'argent. Puis, Raymond Brascassat quitte la région pour aller à Rome où il devient un peintre célèbre.
Quelques années plus tard, Théodore Richard fait construire, une majestueuse villa au bord d’un grand parc, aujourd’hui arboré, et à l’abri d’une falaise. Au pied de cet immense rocher de tuf, il fait creuser un long tunnel qui traverse le plateau sous le vieux cimetière de l’ancien village de Saint Adorny pour aboutir au Sud, en face du site des Cascades. Comme dans les Caves de Roquefort, il veut dans son tunnel, long d’une centaine de mètres, procéder à l’affinage du fromage. A l’extrémité Sud, une salle est taillée dans le tuf, d’une dimension suffisante pour qu’un attelage, avec sa cargaison de fromages, puisse faire demi-tour. La réalisation de cette cave bâtarde est très onéreuse en raison de l’importance et de la durée des travaux, la fabrication du fromage est un échec et coûte au peintre la plus grande partie de sa fortune. Retiré à Toulouse, il meurt en 1859.
Il aurait vendu Roquebelle aux cousins anglais de la Famille de Gualy, propriétaire du château depuis 1706.
Le 2 décembre 1866, le comte Anatole d’Isarn de Villefort (1830/1892) en est le propriétaire, puisque ce jour-là, lors de la déclaration de la naissance de sa nièce Jeanne, Marie d’Albis de Gissac (1866/1933), il est cité comme témoin, domicilié au château de Roquebelle. Le comte d’Isarn de Villefort a fait construire la chapelle de Roquebelle, il est enterré avec son épouse Marie Laurence d’Albis de Gissac au cimetière de La Countal à Creissels.
Jeanne hérite de Roquebelle. Elle épouse en 1893 François Marie Joseph Moulières (1856/1921). Deux filles naissent de cette union, dont Joséphine Marie Paule Moulières (1893/1976) qui épouse le comte Henri de La Londe (1884/1970) .
En 1942, leurs trois filles, Henriette, Sabine et Marie offre une gerbe de fleurs au général de corps d’armée Jean de Lattre de Tassigny (1889/1952, portrait de droite) lors de sa venue officielle à Creissels, qui est encore pour quelques semaines en Zone Libre.
De nos jours, Henri de Gouttes est le propriétaire de Roquebelle.
D'autres hameaux : Bel Air, Bellevue, Brunas, Issis et sa grotte-cave fromagère, La Bouissière, Raujolles et sa fabrication de terres cuites, Le Mas Bas, Les Combes Hautes et la ferme aux ânes .... etc...
Les personnages liés à la commune
Samuel de Crozat de la Croix
Il est le petit fils de Pierre de Crozat de la Croix qui résiste victorieusement aux troupes du duc de Rohan qui assiégent le château de Creissels en 1628. Samuel est né au château de Creissels au début du règne du roi Louis XIV. En 1658, alors qu’il est encore très jeune, il quitte les bords du Tarn pour servir dans l’armée. Toute sa vie ce valeureux officier s’est illustré sur les champs de bataille en Italie, au Portugal, en Crète, en Sicile, en Grèce, en Flandre et en France. Membre du Conseil des Fortifications, il est très apprécié par Sébastien Le Prestre de Vauban (1633/1707, portrait de droite) qui l’associe à ses travaux. Il meurt à Paris le 11 février 1699 et est enterré à Millau, dans la chapelle Saint-Caprais de l’église Notre Dame.
Pierre Garnier (1679/1754), peintre, sculpteur et architecte, est né à Creissels.
Une partie de son œuvre peut être admirée dans 5 églises du département : Le Christ crucifié en l’église Saint-Pierre et Saint-Paul, à Roquetaillade ; Saint Roch en l’église Saint-Pierre, à Ladepeyre et en la chapelle de Notre-Dame du Désert, à Melvieu ; Le Crucifix aux Anges en l’église Notre-Dame de l’Espinasse, à Millau ; La Sainte Famille en l’église Saint-Côme, à Saint-Côme d’Olt. Une copie de ce dernier tableau se trouve dans la salle Pierre Granier du prieuré de Creissels.
Les prélats Joseph Julien de Gualy (1765/1847, portrait 1 de gauche) et François Marie Edouard de Gualy (1786/1842, portrait 2 de droite)
Respectivement évêque de Carcassonne de 1824 à 1847 et évêque de Saint-Flour de 1829 à 1833, puis archevêque d’Albi de 1833 à 1842, ils appartiennent à la Famille de Gualy qui occupe le château de Creissels du XVIIème au XIXème siècle.
Théodore Richard (1782/1859, portrait 2 de gauche), peintre paysagiste
Théodore Richard a fait construire le château de Roquebelle, où il a résidé avec son élève le peintre Jacques Raymond Brascassat (1804/1867, portrait 3 de droite), dont il était le père adoptif.
Henri Fulcrand Marie Charles d’Albis de Gissac (1861/1956, portrait 3 de gauche), chef d'escadrons au 11e régiment de Dragons, général de brigade, est né au château de Creissels.
Titulaire de la Croix de Guerre 1914-1918, il est nommé chevalier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur en 1905, promu Officier en 1916 et Commandeur en 1920. Il est élevé à la dignité de Grand Officier en 1950. Promotion Saint-Cyr des Kroumirs de 1880 à 1882.
Emma Calvé (1858/1942)
Elle est la plus célèbre cantatrice de son temps et la meilleure interprète de Carmen. Elle est souvent accueillie par son amie Madeleine Hubin (portrait 4 de droite), propriétaire du château de Creissels.
Roger Bernard, le Ségurel de Creissels (1908/1989, portrait 4 de gauche), accordéoniste virtuose, né à Millau et décédé à Creissels, il est à la fin des années 1930, une vedette de Radio-Toulouse et rivalise avec le célèbre Jean Ségurel. En 1958, il se retire à Creissels. Durant les années 1960, il fait équipe avec Nono Verdier et Robert Angles pour animer les bals à la Maison du Peuple et les Fêtes Votives dans les villages du Sud-Aveyron.
Alphonse Bernad (1905/1985, portrait 5 de droite) né à Creissels, menuisier et ébéniste, maire de Creissels durant six mandats successifs. Il s'engage dès 1935 dans le syndicalisme en participant à la fondation de la CFTC et plus tard en devenant pendant 30 ans un représentant important de la CFDT. Mobilisé en 1940, il est affecté au Régiment d’Infanterie Coloniale du Maroc. De retour à Creissels, il crée le Comité Local d’Entraide aux prisonniers et rentre en contact avec des réseaux de Résistance. Nommé en 1944 par le Préfet de l’Aveyron, maire provisoire de Creissels, il est élu maire en 1945. Il quitte ses fonctions de maire en 1977. Il est titulaire de la Croix de Guerre 1939-1945, chevalier de l’Ordre National de la Légion d’Honneur et chevalier de l’Ordre National du Mérite.
Mes ancêtres de Creissels
Carte de Cassini
Sources
Notes dans le texte :
(1) En 1843, L'Histoire générale du Languedoc de Claude de Vic et Joseph Vaissette.
(2) Coupure de presse de 1981 par Alain Vernhet, Le dernier des comtes de Toulouse à Saint-Martin-de-Pris.
(3) Mort de Raymond VII comte de Toulouse revue Causses et Cévennes, n°4 de 2018.
Sites, blogs, photographies, livres, journaux et revues... : Commune de Creissels, Bernard Maury ; "Creissels et ses Moulins, Faubourg Industriel de Millau (histoire, description, recensement des moulins d'un village aveyronnais)" par Jean Pierre Henri Azéma, paru le 12/11/2019 aux Editions Fleurines ;
Date de dernière mise à jour : 06/10/2024