Tournemire
Non loin de Roquefort-sur-Soulzon, au pied du Causse du Larzac, le cirque de Tournemire se trouve juste derrière le village du même nom. Un sentier permet de grimper sur le plateau et de profiter de la magnifique vue plongeante sur le cirque.
Les communes limitrophes sont La Bastide-Pradines, Roquefort-sur-Soulzon, Saint-Jean-et-Saint-Paul, Saint-Rome-de-Cernon et Viala-du-Pas-de-Jaux.
Histoire
Tournemire occupe un site gallo-romain.
Le château actuel remplace un plus ancien construit au XIIème siècle qui relève du comte de Rodez au XIIIème et XIVème siècles. Il est la résidence des seigneurs de Tournemire.
Seigneurs et gens de la noblesse
Le château est la résidence de la Famille de Tournemire, dynastie qui semble remonter aux environs de 1030, puis la Famille Jordan de Creissels.
En 1286, Raymond et Pierre Jordan, écuyers, disputent les droits aux Templiers voisins de Tournemire dont ils tiennent le château .
La seigneurie passe, de 1437 au XVIIIème siècle, à une branche cadette de la Famille Montcalm :
Jean 1er de Montcalm (1407/1485) est seigneur de Saint-Véran, de Tournemire, du Viala de Cornus, de la Baume, de Pradines et Lapanouse.
Il est conseiller du Roy et maître des requettes de l’Hôtel du Roy en 1437. Il épouse en 1438, Jeanne de Gozon (+1472). Il teste le 17 juin 1485.
Guilhaume de Montcalm (1439/1515), est seigneur de Saint-Véran, Tournemire et du Viala.
Il est juge mage de Nîmes en 1488 et lieutenant général du sénéchal du Rouergue. Il épouse en 1479 Delphine de Bérenger de la Berthoulène. Il teste le 12 avril 1505, chez Me Mercier de Millau.
Jean II de Montcalm (1480/1540) est seigneur de Saint-Véran, Tournemire, Candiac et de Cornus.
Il est juge mage de Nîmes en 1503 et en 1532. Il est l’un des commissaires du Roy aux Etats du Languedoc assemblés à Pézenas au mois d’Avril 1528. Il épouse le 28 février 1506 Florette de Sarra. Il teste le 2 septembre 1540. Sa fille, Florette de Montcalm, mérite par son savoir et son esprit d’être de la Cour de Marguerite, reine de Navarre, sœur du roi François Ier (1494/1547).
François de Montcalm (1507/1574 ) est seigneur de Saint-Véran, Tournemire et du Viala de Cornus.
Il se bat en duel en Avignon avec Fulcrand de Montlaur, qui meurt de ses blessures, en 1551 et obtient des lettres de grâce la même année. Il est capitaine des Galères.
Il épouse en 1546 Louise de Porcelet. Il teste le 29 juillet 1579, chez Me Sabatier à Nîmes.
Louis Ier de Montcalm (1548/1628) est seigneur de Saint-Véran, Candiac et Tournemire. Il épouse en 1582, Marthe de Gozon, en secondes noces en 1594 Anne de Clermont du Bosc, puis en 3èmes noces Suzanne de la Tour. Il teste le 03 avril 1600.
Louis II de Montcalm (1583/1659) est seigneur de Saint-Véran, Candiac, Tournemire, la Baume, le Viala de Cornus, le Chatelet, Mélac, Gozon, Saint-Victor, Melvieu et Montredon. Il est conseiller en la chambre de l’Edit de Castres en 1613, envoyé par le cardinal Armand Jean Duplessis de Richelieu (1585/1642) pour faire la paix avec les protestants en 1629. Il est fait conseiller d’Etat d’ordinaire en 1644. Il épouse en 1610, Suzanne de Raspal. Il teste le 2 février 1658.
Louis III de Montcalm (1611/1669) Seigneur de Saint-Véran, Candiac, Tournemire, Gozon, Saint-Victor et Mélac.
Il est conseiller à la Chambre de l’Edit de Castres. Il épouse en 1632, Jeanne de Calvet. Il teste le 28 juin 1664 et meurt au château de Tournemire le 18 janvier 1669.
Jean Louis Ier de Montcalm (1641/1713) est seigneur de Saint-Victor. Il devient par le décès de son frère aîné, seigneur de Saint-Véran, de Candiac, de Tournemire de Gozon et de Mélac. Il épouse en 1662 Judith de Valat, (+1680).
Louis Daniel de Montcalm (1676/1735) est seigneur de Saint-Véran, Tournemire, le Viala de Cornus, Lapanouse, Saint-Julien d’Arpaon, Saint-Martin, le Folaquier, Beasse, Pierrefort, la Vigère, Candiac et Vestric, baron de Gabriac (Lot). Il passe à la religion catholique, et avec lui finit le protestantisme de la Famille de Montcalm. Il épouse en 1708, Marie Thérèse Charlotte de Lauris de Castelane.
Joseph Louis de Montcalm (1712/1759, portrait de droite) est marquis et seigneur de Saint-Véran, Candiac, Tournemire, Cornus, Vestric, Saint-Julien d’Arpaon, baron de Gabriac (Lot).
Il est fait enseigne dans le régiment d’Infanterie du Hainaut en août 1721, capitaine en septembre 1729, nommé colonel du régiment d’Infanterie d’Auxerrois en mars 1743 et chevalier de l’Ordre de Saint-Louis en avril de la même année. En 1756, l’année de son départ pour Québec (Canada), il est promu maréchal de camp puis lieutenant général. Il compte à son actif cinq campagnes et sept blessures. Il épouse en 1736, Angélique Louise Talon de Boulai. Il meurt en 1759. Son corps est placé dans un cercueil de fortune puis transporté au couvent des Ursulines pour être enterré dans un trou d’obus.
Hydrographie
La commune est drainée par le Soulzon qui prend sa source dans la commune de Saint-Jean-et-Saint-Paul et se jette dans le Cernon à Saint-Rome-de-Cernon après avoir arrosé 4 communes, le ravin de Grougnès, le ruisseau du Brias et par divers petits cours d'eau.
Chroniques communales
Une station expérimentale à Tournemire
L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a installé une station expérimentale dans l'ancien tunnel ferroviaire de près de 2 Kms creusé entre 1882 et 1888 afin d'étudier les propriétés de confinement de la radioactivité dans l'argile. Aucun composant radioactif n'y est introduit au titre des recherches et le site n'est pas destiné à accueillir un jour des déchets radioactifs.
Ce tunnel centenaire traverse la formation argileuse Jurassique du Toarcien (voir "Echelle des Temps"). La couche argileuse, composée d’argilites et de marnes, s’est déposée en domaine marin il y a environ 180 millions d’années.
La Gare ferroviaire
Établie à 497 mètres d'altitude au point kilométrique (PK) 524,584 de la ligne de Béziers à Neussargues, elle est mise en service le 18 octobre 1874 par la Compagnie des Chemins de Fer du Midi et du Canal latéral à la Garonne.
Gare de bifurcation, elle est à l'origine de la ligne de Tournemire/Roquefort au Vigan (fermée) et de la ligne de Tournemire/Roquefort à Saint-Affrique (fermée).
La grande halle qui recouvre les quais est détruite vers 1950.
En 2014, c'est une gare voyageurs d'intérêt local (catégorie C : moins de 100 000 voyageurs par an de 2010 à 2011), qui dispose de deux quais, un passage planchéié et un abri.
L'occitanosaurus tournemirensis
Un squelette fossilisé de plésiosaure est découvert en 1986 par un jeune garçon qui cherche des fossiles dans les ravines des marnes toarciennes du cirque de Tournemire.
C'est le seul squelette complet trouvé ailleurs qu'en Angleterre et en Allemagne. Il montre que dès le Toarcien, au Jurassique inférieur, les élasmosaures sont déjà bien différenciés au sein des plésiosaures et que durant le Jurassique, deux formes différentes d'élasmosaures nagent dans les mers européennes : microcleidus, dans le bassin anglais, et occitanosaurus, dans les bassins des causses et aquitanien.
Ce reptile marin de 4m, âgé de 180 millions d’années, conserve le souvenir des mers chaudes qui occupent alors l’espace des causses au Jurassique, ère secondaire.
Il est visible au Musée de Millau et des Grands Causses.
Patrimoine
L'église Saint-Martin de Lodies est construite entre la fin du XVIIIéme et début du XIXéme sciécle.
L'ancien château, couvent des Sœurs de Notre-Dame
Le château est vendu en 1807 à M. Nougayrolles de Saint-Affrique Sa sœur, Rose, le donne vers 1818 aux religieuses de Notre-Dame, qui y établissent un important couvent. Les religieuses s'y installent en septembre 1823. Le couvent compte parmi ses élèves Rosa Noémie Emma Calvet (1858/1942, portrait de droite), cantatrice française.
La chapelle du couvent est dédiée à l’Immaculée Conception en 1847 et reçoit du mobilier de l’ancienne abbaye de Nonenque.
Pendant la Première Guerre mondiale 1914-1918, il sert d'hôpital.
Plusieurs édifices ferroviaires sont présents sur le site de la gare : l'ancien bâtiment voyageurs, avec un corps central encadré par deux ailes, la grande halle à marchandises et un château d'eau du temps de la vapeur.
Le château d'eau de la gare est aujourd'hui transformé en gite atypique.
La Caserne, un bâtiment qui accueille autrefois les employés de la gare.
Le dolmen de Coste-Plane, daté du Néolithique.
Le cirque de Tournemire ou cirque du Brias,
L’Espace Naturel Sensible du cirque de Tournemire s’étend sur une surface d’environ 130Ha et marque la limite entre les avants-causses et les grands-causses (causse du Larzac). L’altitude du site varie entre 515 m et 770 m.
La hauteur imposante des falaises du cirque, les éboulis calcaires à leur pied et les terres noires autour du village sont remarquables. Le vaste millefeuille de roches qui constitue la géologie du cirque prend naissance il y a plus de 280 millions d’années lorsque la gigantesque chaîne hercynienne, formée à l’époque du Carbonifère il y a 359 millions d'années, commence à s’éroder et à combler localement un vaste bassin à l’emplacement actuel des Grands Causses. Lorsque la mer envahit ce bassin, les sédiments continuent à se déposer en même temps que les coquilles ou les squelettes des organismes vivants à cette époque. Dans les marnes datant de 180 millions d’années, est découvert en 1986, le fossile du squelette d’un Plésiosaure unique au monde. Depuis, ce prédateur redoutable et la mer qu’il habite ont disparu, laissant place aux paysages minéraux des Grands Causses.
De nombreux oiseaux remarquables comme le Hibou Grand-Duc, l’Aigle royal, la Fauvette grisette, le Tichodrome échelette, le Crave à bec rouge ou encore de discrètes chauves-souris occupent les lieux. Des espèces de la flore adaptées au relief et aux roches, parfois au climat méditerranéen, telles que la Scrofulaire de Hoppe ou l’Alysson à gros fruits y sont observées.
La grotte du Brias. Une petite entrée au fond du cirque mène à la rivière souterraine du Brias captée pour l'adduction d'eau de Tournemire. Un premier siphon puis 600m de galeries aboutissant à un second siphon, une courte galerie exondée bute au pied d'un puits remontant. Au total 3900m de galeries dont 1020m de siphons ont livré des vases gallo-romains. Il est probable que ce lieu fut un lieu de culte à l'âge du fer.
La grotte de Matharel du Bajocien (voir "Echelle des Temps"). Deux entrées superposées dans une faille et une vaste galerie de 400m, a été utilisée en cave à fromage jusqu'à la Seconde guerre Mondiale. Cette grotte a livré le myriapode Chordeuma.
La grotte-ossuaire des Auglans attribuée à l'Enéolithique à 200m de Matharel au pied des falaises du Larzac. Petite excavation circulaire de 2m de diamètre se poursuivant par un couloir trés étroit, elle a livré une trentaine de squelettes.
Personnage lié à la commune
Gustave, François, Émile Déléris (1911/1944) percepteur à Bulgnéville (Vosges), né dans la commune, il est marié à Simone Meneteau (1912/1943).
Il entre dans la Résistance au maquis des Vosges, secteur de Bulgnéville. Il est chef de groupe FFI. Arrêté, torturé, il est assassiné par les nazis le 30 août 1944 à Vittel (Vosges) ainsi que sa belle-mère Juliette Meneteau.
La mention Mort pour la France lui est descernée, il est homologué soldat des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) et il reçoit à titre posthume la Médaille de la Résistance Française en 1946.
Hameaux, faubourgs, quartiers, lieux dits et écarts
Les Arnals, ferme du XIXème siècle située sur la corniche du plateau du Larzac à proximité de jasses de parcours, est indéniablement liée à l'exploitation des ressources du causse. Des chanfreins, observés sur les encadrements des ouvertures de la partie centrale, laissent supposer une datation plus ancienne. Les deux extensions Est et Ouest sont plus récentes.
Les Fournials et sa ferme, datant vraisemblablement du XIXème siècle, est aujourd'hui utilisée comme gite touristique.
Le Puech Peyroux et son bâtiment médiéval, qui conserve encore une ouverture cintrée et chanfreinée au rez-de-chaussée ainsi que les vestiges des cordons d'imposte et les traces de baies géminées à l'étage, le cordon régnant au niveau supérieur atteste de la conservation quasi entière des maçonneries médiévales.
La demeure a connu diverses transformations notamment à l'époque moderne. L'arc du rez-de-chaussée semble avoir été modifié. Au cours du XIXème siècle, l'ensemble des baies rectangulaires de l'étage sont percées à l'emplacement des baies médiévales. Divers aménagements sont datés du XXème siècle, époque à laquelle les toitures sont refaites.
Le Mas Allègre dont le compois de 1674 atteste l'existence. La maison actuelle, située au Sud de la propriété, et ses prolongements, correspondent vraisemblablement au noyau du XVIIème siècle. La date 1887, lisible sur un montant de la grange actuelle, confirme l'extension de la ferme.
Auglans, Belle Campagne, Campredon...
Evolution de la population
Nos ancêtres de Tournemire...
Carte de Cassini
Sources
Sites, blogs, photographies, livres et revues ... : Wikipedia ; Patrimoine Midi Pyrénées.fr ; https://maitron.fr/spip.php?article242839 ; notice Gustave François Émile Déléris par Jean-Louis Ponnavoy ; article sur le Traité d'alliance entre Hugues comte de Rodez et les consuls de Millau (6 juin 1223)...
Date de dernière mise à jour : 02/11/2024