Aumessas
Aumessas, petite commune rurale à habitat dispersé située dans l'Ouest du département au sein des chaînes montagneuses des Cévennes, a obtenu le label officiel Village de Caractère en 2020 par le Comité Départemental du Tourisme.
La commune possède un patrimoine naturel remarquable : deux sites Natura 2000, le massif de l'Aigoual et du Lingas et les Cévennes ; et quatre zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique. Le village se distingue par de nombreux porches, passages voûtés et par quelques ruelles encore caladées (revêtues de pavés).
Elle fait partie de l'aire d'attraction du Vigan.
Les communes limitrophes sont : Arrigas, Arre, Bez-et-Esparon, Bréau-Mars et Dourbies.
Héraldique
Les armes de la commune se blasonnent ainsi : D'argent à l'aigle de sable.
Hydrographie
Elle est drainée par l'Arre, le Bavezon, le Crouzoulous, les ruisseaux d'Albagne et du Lingas et par divers autres petits cours d'eau.
Histoire
En 1568, un pasteur, Jehan Soleil, est envoyé à Aumessas. En 1639, le premier temple est érigé sur un terrain donné par Jacques du Pont de la Rode (1580/1650), devant maître Guillaume Flory, notaire à Aumessas. Ce temple est détruit en 1688 après la révocation de l’Édit de Nantes en 1685. Du tas de ruines, ne sont conservées que la serrure et sa grosse clé, de belles pierres de taille sont encore visibles ; elles forment l'angle du mur de soutènement du jardin où se dresse autrefois l'ancien lieu de culte.
Pendant la période suivante, les services religieux sont célébrés soit au château du Cornier, soit à la Maison Nègre de la Viale soit sous les châtaigniers de la Rode, soit au désert. Après 1688, le culte réformé a lieu au château. Son propriétaire, Lévy du Pont de la Rode (1610/1704), met la grande salle du château à la disposition des catholiques d'Aumessas. En 1703, deux martyrs pour la foi protestante sont tués : Rostang du Pont de la Rode et son cousin Louis du Pont de Bonnels.
En 1703, l'église Saint-Hilaire est incendiée.
Le 19 avril 1742, une assemblée est surprise par les dragons au col de Mouzoules.
Les négociants, parmi lesquels les Familles Fonzes et Flory, dominent le XVIIIème siècle, avec l’éducation du vers à soie, le commerce des grains ou du drap.
En 1816, les protestants d'Aumessas sont autorisés à construire un nouveau temple. Une souscription est lancée et s'étale jusqu'en 1824. La construction est achevée en 1825.
En 1862, Aimé Fonzes (1795/1884) bienfaiteur du village, offre au Consistoire Presbytéral, une cloche à placer dans le clocher dont il a financé la construction.
Le XIXème siècle est bouleversé par l’arrivée du chemin de fer : en 1878, le projet d’une voie ferrée reliant Rouergue et Cévennes prend forme et Aumessas obtient une gare en 1891. La vie et l’économie d’Aumessas connaissent un essor symbolisé par l’installation d’un atelier de coupe de la ganterie des trois frères Guibert de Millau (portrait de droite).
La fermeture de la voie en 1952 marque la fin d’un âge d’or et le début d’une période de déclin et de dépeuplement pour le village.
Les seigneurs et gens de la noblesse
Au Moyen Age, le village dépend des possessions de la Famille de Roquefeuil. Leurs vassaux, la Famille Azémar, demeurent au château de la Rode.
Patrimoine
Le château de la Rode ou du Cornier
Cette bâtisse fortifiée, édifiée à l'écart du hameau principal du village, en bordure du cours d'eau, est tenue en 1224 et 1272 par noble Jehan d'Azemar et son fils, propriétaires par seigneurie directe et succession de leur aïeux. La Famille d'Azémar est vassale des barons de Roquefeuil, seigneurs dominants.
De l’an 1000 jusqu’à Charles Gounelle (+2007), le château voit se succéder les Familles : d’Azemar, de Cantobre, de Guilhem, du Pont, d’Almessas, de Capluc, de Montvaillant, du Pont de la Rode, de même souche que du Pont de Serres et de Roquedol, de Malbois, Béranger de Caladon, Roland de Maureillan, de Manoel. Toutes ces familles sont plusieurs fois apparentées entre elles ainsi qu’avec les seigneurs suzerains de la haute baronnie de Roquefeuil dont le château est vassal.
Il est remaniée en grande partie au XVème siècle, par la Famille du Pont.
Ses caractéristiques : grosse tour, large escalier à vis, oubliette, trappe, meurtrières, poste de guet, vastes voûtes et cheminée en plein cintre ; les feuilles de trèfles d'armorial de Roquefeuil gravées sur l'une des plus vieilles pierres, attestent du style ancien roman datant du IXème ou Xème siècle.
Il est aujourd'hui reconverti en chambres d'hôtes.
Le château-fort de Caladon (ruiné)
Il est situé à 2 kms du précédent. Il est détruit pendant la Croisade des Albigeois (de 1209 à 1229).
La Maison Marquès du Luc
Cette demeure patricienne des XVIème et XVIIIème siècles, est située sur la place principale du village, sa façade est face au portail de l'église. La porte est décorée d'un chapiteau à trois têtes provenant d'un bâtiment médiéval aujourd'hui disparu. Ses façades sont ornées d’éléments prélevés sur plusieurs anciennes maisons du village par la Famille Marquès du Luc.
Le Trévissec
Demeure de la Famille Vissec, seigneurs de La Costette, date des XVIème et XVIIème siècles. Cette habitation conserve une belle cour et d’intéressantes fenêtres à meneaux.
La Maison Flory
Cette élégante construction du XVIIème siècle témoigne de la prospérité de la Famille Flory sous l’Ancien Régime.
Le Manoir des Charmilles
Cette demeure construite en 1885, au coeur du village près de la gare, par un ingénieur des Arts et Manufactures, Henri Chabal (1868/1935), natif d'Aumessas, est étroitement liée à l'ouverture de la ligne de chemin de fer Nimes-Tournemire par Aumessas en 1880.
L'ingénieur, Henri Chabal, crée une entreprise de T.P., rachète les cabanes de chantier de la ligne sur les terrains des Charmilles et attaque la construction de ce manoir pour sa mère Malvina Bertrand. Il s'y marie en 1896 avec Jeanne Vézian.
Tout d'abord une aile héberge la demeure, puis des locaux intègrent les bureaux de la Compagnie du Midi pour le chemin de fer. La partie centrale, coiffée d'un haut toit à quatre pentes relie les deux parties du bâtiments. Un parc avec quelques arbres remarquables (cèdres, séquoias...) complète cette propriété qui est acheté, en mauvais état, par la mairie en 2011, qui demande en 2021 son classement aux Monuments Historiques pour pouvoir le restaurer.
L'église Saint-Hilaire
Son existence est attestée depuis le XIIIème siècle. Elle possède un clocher à peigne ainsi qu’une cloche de 1539, fondue sous le règne du roi François Ier (1494/1547, portrait de gauche), classée aux Monuments Historiques au titre d'objet en 1995.
Le Temple protestant
La construction actuelle date de 1825 sous le règne du roi Charles X (1757/1836). La serrure et la clé proviennent du premier temple détruit en 1688.
La gare
Sa construction est achevée en 1891. Comme sur toute la ligne de chemin de fer, la station comporte : un bâtiment de voyageurs, une halle de marchandises et la lampisterie. Il y a trois voies avec aiguillages ainsi qu’une plaque tournante. Aumessas est la seule station de la ligne où se croisent les trains venant du Vigan et de Tournemire. La station est aujourd’hui reconvertie et offre un point d’information touristique, un café et une salle des fêtes.
L'ancienne cure (photo de droite)
Le bâtiment est situé dans la partie haute du village, à côté de l’Eglise. Il est la propriété de l’association diocésaine de Nîmes, mais la commune d’Aumessas loue, depuis 2004, les locaux pour une durée de 40 ans. Les locaux doivent, selon les termes du contrat, servir exclusivement à l’exercice d’activités culturelles.
L'ancienne filature de soie, devenue briqueterie Chabal, témoignage du passé industrieux d’Aumessas.
La Fontaine de la Place
Elle est restaurée en 1868 grâce à la générosité d’Aimé Fonzes (1795/1887), bienfaiteur de la commune.
Le viaduc
Outre ses dimensions considérables, l’une de ses particularités est sa construction en courbe. Ses arches en plein cintre de 15m d’ouverture culminent à 33m et enjambent la vallée du Bavezon.
Le pont des Fainéants
Ce passage supérieur fait communiquer le village avec les hameaux de La Merlière et de Campestret. A l’époque de sa construction les badauds s’y accoudent pour regarder les ouvriers travailler. Ces derniers, agacés, lui ont laissé ce nom.
Le dolmen et plusieurs menhirs couchés.
Les personnages liés à la commune
Aimé Fonzes (1795/1887), industriel, mécène et bienfaiteur de la commune. Issu d’une famille protestante, il mène une carrière dans les affaires à Lyon. Il offre en 1868, la restauration de la fontaine de la place de l’église. Plus tard, il instaure des Rosières dotant deux jeunes filles vertueuses et méritantes le jour de leur mariage chaque 6 novembre, jour de la foire du village..
Francis Campestre (1922/1998) né dans une très humble famille cévenole. En 1932, ses parents s’installent à Montpellier. Sa mère est lingère, son père ouvrier agricole. C’est la crise, le chômage, la misère. Il fait ses études à l’école primaire laïque, puis à l’école supérieure.
Résistant dès 1940, il est arrêté et emprisonné en 1941, pour son activité anti-pétainiste. Il s’évade avec 30 autres résistants, de la prison centrale de Saint-Étienne (Loire) en 1943.
Il rejoint le maquis de Cressanges (Allier). Il est lieutenant puis capitaine FTPF. Il participe à la libération de Clermont-Ferrand.
Il devient secrétaire régional des JC du Puy-de-Dôme dans les premiers mois suivants la Libération fin août 1944.
Revenu à la vie civile, il travaille quelques mois comme auxiliaire des Chemins de Fer. En 1946, il devient rédacteur à La Voix de la Patrie, journal du Front national de libération, imprimé à Montpellier. À la disparition de ce quotidien, en 1953, il est admis sur concours dans les PTT où il devient chef de section.
Autodidacte, il aime à dire : J’ai fait mes universités dans les prisons, les wagons, les bus et les bibliothèques municipales.
Il effectue un voyage en Chine, en 1966, au sein d’une délégation de communistes français prochinois à Pékin.
Auteur de plusieurs plaquettes poétiques, il ne néglige pas pour autant les problèmes économiques et sociaux. Très attaché aux principes d’une authentique démocratie, il rejète tout dogmatisme, qu’il soit politique ou religieux. Il s’intéresse aussi à l’architecture, à la sculpture, et surtout à la mosaïque d’art. Il écrit un livre Les mémoires d'un sourd.
Il est reconnu interné de la résistance (DIR), membre de la Résistance intérieure française (RIF) au titre du Front national.
Étienne de Vissec de La Costette, officier huguenot demeurant à Aumessas. Lors du soulèvement du Duc de Rohan contre Louis XIII, il,rallie les insurgés. En juillet 1625, Rohan lui donne l’ordre de prendre le fort de l’Espérou et de tenir la position pour la sécurité des populations protestantes des vallées de Valleraugue et du Vigan.
Laurent de Pont de Bonnels (1680/1703), seigneur de Bonnels et son cousin germain Jacques Dupont de La Rode (+1703), seigneur de La Rode, rejoignent les insurgés camisards en 1703. Alors qu’ils se préparent à incendier l’église de Campestre, les habitants, embusqués, les refoulent et saisissent les deux jeunes seigneurs. Conduits au Vigan puis à Nîmes, ils sont jugés et décapités en place publique en 1703.
Guillaume Flory, protestant, doit quitter la France après la Révocation de l’Édit de Nantes et entre au service de l’Électeur de Brandebourg en tant que mousquetaire, puis passe dans l’armée du roi de Prusse. Ses années de service achevées, il revient à Aumessas, son village natal.
Evolution de la population
Faubourgs, quartiers, hameaux, lieux dits et écarts
La Ferrière - Le Tour - La Pélicarie - Lascanals - Le Combon - Le Portail - Les Hors - Le Caladon - La Vialle - La Merlière - Le Fraissinet - Campestret.
Nos ancêtres d'Aumessas
Carte de Cassini
Sources
Sites, blogs, photographies, livres et revues, journaux, etc ... : Wikipedia ; Mairie d'Aumessas ; Google maps ; https://maitron.fr/spip.php?article250012, notice Campestre Francis, alias Jean, par Éric Panthou.
Date de dernière mise à jour : 10/02/2025