Campestre-et-Luc
Cette commune rurale à habitat très dispersé possède un patrimoine naturel remarquable : trois sites classés Natura 2000 : le Causse de Campestre et Luc, les Gorges de la Vis et de la Virenque et les Gorges de la Vis et Cirque de Navacelles ; et trois zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique.
Le territoire de la ville s'étend sur le Causse de Campestre.
L’activité économique traditionnelle est principalement liée à l’agriculture. L’élevage des brebis pour la production de lait et la fabrication de fromage représente l’essentiel de l’activité agricole même si l’on assiste au développement de l’élevage bovin.
Les communes limitrophes sont : Sauclières (Aveyron), La Couvertoirade (Aveyron), Alzon, Vissec, Blandas, Le Cros (Hérault), Sorbs (Hérault).
Héraldique
Les armes de la communes se blasonnent ainsi : D'or à un chevron de sable accompagné de trois gerbes de sinople, au chef de gueules chargé de trois nœuds de cordelière d’argent.
Hydrographie
La commune est drainée par la Vis, la Virenque et par deux autres cours d'eau.
Histoire
Habitée dès le Néolithique, la région ne se peuple réellement qu'il y a 2500 années avec l'arrivée des tribus celtiques du Sud-Ouest de l'Allemagne.
Contrairement au plateau de Blandas, aucune trace d'occupation humaine n'est relevée sur le Causse de Campestre à cette époque.
A l'époque Celtique, le Causse de Campestre, est un espace frontière entre deux peuples, les Volques arécomiques dans les garrigues nîmoises et les Cévennes méridionales, qui remplacent sur le sol, vers -400, les Ibéro-Ligures, et les Rutènes dans l'actuel Aveyron.
Vers -122, les romains s'établissent après avoir soumis les peuples Celtes, c'est la Gaule Narbonnaise. Ils exploitent le cuivre à Arrigas. La présence d'une villa romaine est attestée sur le plateau. La paix romaine persiste plus de quatre siècles.
Il y a autrefois une foire à la Saint Michel où ceux qui veulent se louer se présente à l'embauche.
Le 21 septembre 1812, la commune du Luc est rattachée à Campestre par décret de l'empereur Napoléon Ier (1769/1821).
Les seigneurs et gens de la noblesse
Le Hameau du Luc composé du domaine du Luc-Haut et de la métairie du Luc-Bas dépend de l'Ordre du Temple puis des Hospitaliers de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem lors de la dévolution des biens de l'Ordre du Temple.
Au Moyen-Age, le Luc-Haut et le Luc-Bas appartiennent à la puissante Famille de Roquefeuil établie dans le château d'Algues, sur les hauteurs de Saint-Jean-du-Bruel.
Le voisinage avec l'Ordre du Temple à Sainte-Eulalie-de-Cernon occasionne des razzias et des coups de main sur les cheptels ovins. Une procédure en justice aboutit en 1258 à la cession par Raymond III de Roquefeuil (+1281) de la métairie du Luc-Bas aux Templiers. En 1571, la Famille de Roquefeuil cèdent le Luc-Haut à la Famille d'Aldiguier, originaire de Millau.
Les deux métairies sont rassemblées par la Famille Marquès en 1798.
Chroniques communales
La colonie pénitentiaire et agricole du Luc
Institution de redressement de l'enfance irrégulière, elle est créée en 1856 t a pour but de sortir les mineurs délinquants des prisons et de les regrouper pour les éduquer par le travail agricole. Elle s'appuie sur un discours de moralisation des enfants. Elle est dirigée par son propriétaire et fondateur, Pierre Hippolyte Edouard Marquès du Luc, conseiller à la Cour d'Appel de Nîmes et conseiller général du Gard, qui possède le hameau du Luc par héritage familial.
Aux débuts de la colonie, un médecin, un instituteur régisseur, un chef d'agriculture, deux gardiens et un aumônier, encadrent une cinquantaine de jeunes, qui défrichent et dépierrent le terrain, labourent les champs et ouvrent un chemin dans le domaine de 1200 ha.
En 1869, le directeur demande de l'aide à Charles Lucas (1803/1889, portrait de gauche), criminaliste et inspecteur général des prisons, qui impulse en France le développement des colonies pénitentiaires.
En 1871, malade, Pierre Hippolyte Edouard Marquès du Luc abandonne la direction de l'établissement à son fils Hippolyte.
En 1872, une situation morale et matérielle catastrophique conduit à envisager la fermeture de l'établissement, avant son redressement suivant les directives de Charles Lucas.
La colonie est constitué d'un bâtiment imposant d'une centaine de mètres de long, avec une vaste porte voûtée. La grande cour intérieure est bordée par les bureaux, la chapelle, les magasins des outils, le réfectoire et sa cuisine, six cellules et l'infirmerie. Deux autres cours mènent aux dortoirs, où les colons sont répartis par classe d'âge. La colonie comporte aussi un potager, une bergerie, une porcherie, une forge, une laiterie pour transformer le lait en fromage. Le cheptel ovin et caprin comprend près de 900 bêtes. Dans les années 1880, pendant quelques années, les fromages sont affinés dans un aven situé sur la propriété, l'aven de Saint-Ferréol.
Selon les normes de la fin du XIXème siècle, la colonie pénitentiaire du Luc apparaît comme un établissement modèle. Au début du XXIème siècle, les conditions de travail et de logement sont jugées comme un véritable enfer pour les mineurs délinquants qui y sont enfermés.
Les colons sont réveillés à 5h du matin en été et 6h en hiver. Ils vont en classe ou travaillent et se couchent à 21h. La colonie produit l'essentiel de la nourriture consommée et le fromage est omniprésent dans l'alimentation. Les enfants les plus jeunes sont employés à des menus travaux, comme le hachage des branches de buis pour les litières des animaux.
Le 13 juillet 1886, le sous-préfet annonce l'arrestation de l'instituteur, Jean Brousse, accusé de se livrer à des actes obscènes sur les colons. Il dénonce l'incompétence des gardiens et la promiscuité. L'absence d'hygiène est patente et favorise la contagion épidémique. Au milieu de chaque dortoir, un grand bac ouvert sert de toilettes collectives. Les colons n'ont accès qu'à une douche par mois. Les colons qui désobéissent sont punis par de longues heures au piquet, l'enfermement dans une cellule pendant des jours, ou le pain sec.
Les journaux de l'époque font état d'évasions (juillet 1873, mai 1877, février 1889, mai 1993, mai 1903) qui échouent souvent, parce que l'uniforme les rend reconnaissables et que la population reçoit une prime pour leur capture, d'un incendie volontaire en mai 1988, de vols de nourriture.
En 1897, les garçons détenus sont plus de 280, âgés de 5 ans à 20 ans.
En 1904, la colonie pénitentiaire est transformée en école professionnelle agricole et industrielle pour les enfants de l'Assistance publique. Elle accueille pendant un court temps des jeunes filles, puis des jeunes garçons jusqu'à sa fermeture en 1929. La transformation en école ne semble pas améliorer les conditions de vie des pensionnaires.
Le Roquefort
Jusqu’à la fin du XIXème siècle, le lait étant difficilement transportable, les fromages sont souvent fabriqués sur place et mis en cave dans des grottes plus humides et plus profondes transformées en fromagerie. Au hameau du Luc, l’abîme Saint Ferréol est aménagé en cave d’affinage. Les jeunes détenus de la colonie pénitentiaire y travaillent. En 1884, la production fromagère obtient une médaille d’Or à Paris. Mais la tentative de la fromagerie et cave échoue face à l’expansion de la Société Roquefort.
Aujourd’hui, les éleveurs de brebis de race Lacaune, uniques productrices du lait destiné au fromage Roquefort, de Campestre et Luc fournissent le lait nécessaire à la fabrication du Roquefort.
Les élevages sélectionnés se trouvent dans un rayon de 100 km de la commune de Roquefort.
Patrimoine
Le château de Grailhe ou château de Lamanderie
Il est le fief de la Famille Alaman, construit à la fin du XVIème siècle par Guillaume et Pierre de Grailhe, capitaines ligueurs. En 1648, Delphine de Grailhe l'apporte en mariage à Dominique de Mostuejols dont les descendants le cédent à Pierre Jacques de Faventines en 1764.
Propriété ensuite de Marie Jeanne Clémence de Faventines, épouse d'André Henri Daudé, vicomte d’Alzon.Vendue en 1837 à M. Ferrier, propriétaire au Vigan, puis en 1893 de M. Emile Gros, maire de Campestre.
Une chapelle est attestée en 1675. Le château conserve une forte et haute tour carré et une tour ronde, couvertes en ardoise, réunis par un corps de logis en longueur.
Le domaine de la Lamanderie ne correspond pas exactement au domaine de Grailhe. Les bâtiments correspondants se situent prés du carrefour actuel entre Grailhe et Mas Gauzin.
Le château de Campestre : construit au XIIIème siècle et aujourd'hui en ruines, les vestiges sont encore visibles dans le village.
Le château du Salze
Il date du XIVème siècle, remanié aux XVème et XVIème siècles. Un grand corps de bâtiment de plan carré avec 3 tours d'angle, échauguette et consoles de bretèche. Une tout isolée de plan triangulaire est en projet de restauration. Le château possède une petite chapelle attestée en 1675.
Propriété de la Famille Mostuejols, propriétaire également de Grailhe, puis de la Famille de Faventines, seigneurs du Salze et du Viala aux XVIIème et XVIIIème siècles.
En 1893, il est propriété de Mlle Sabatier, petite-fille de M. de Rouville, et en 1929 de la Famille Combarnous.
Le prieuré du Luc : Ancien manoir familial du Moyen-Age aujourd'hui reconverti en gîte.
L'église Saint-Jean-Baptiste de Campestre.
Le presbytère de Campestre.
La chapelle Notre-Dame-du-Luc.
La chapelle de la colonie pénitentiaire du Luc.
L'abîme de Saint-Ferréol : Aven aménagé en cave d'affinage pour le fromage de Roquefort à la fin du XIXème siècle.
Dolmen de Grailhe dit Peyre de Cabusso Ludo : Beau dolmen à couloir orienté dont il manque la dalle de couverture, cassée en deux, classé aux Monuments Historiques en 1887.
Les 3 dolmens des Magettes.
Les cazelles de Candet et de Lacamp.
La lavagne de Lacamp abreuve autrefois tous les animaux.
Evolution de la population
Faubourgs, quartiers, hameaux, lieux dits et écarts
Grailhe, Homs, Le Luc, Luc-Bas, les Magetes, Le Mas Gauzin, Le Mas du Viala...
Le Salze, au XIIIème siècle est un mandement, terre ecclesiastique.
Un chemin le relie directement à Alzon traduisant l'importance du village autrefois.
Vers 1940, la ferme compte 5 couples de boeufs, 3 chevaux et 200 brebis. Unautre troupeau de 200 brebis appartient aux familles du hameau.
Nos ancêtres de Campestre-et-Luc
Carte de Cassini
Sources
Sites, blogs, photographies, journaux, livres et revues... : Wikipedia, Base Mérimée.
Date de dernière mise à jour : 31/01/2025