Lormes
Lormes, première ville étape du Morvan quand on vient de Paris, est située au cœur de la France sur le rebord Nord-Ouest du massif du Morvan dominant la plaine du Bazois. A l’Est et au Sud, elle est entourée de collines granitiques comme les Graviers (568m) ou le Télégraphe (624m).
Elle est bâtie dans une gorge où coulent deux ruisseaux, qui vont de cascades en cascades, former au fond de la vallée à l'Ouest la principale source de la rivière l'Auxois.
Son territoire comporte à l'Est de vastes forêts. Elle est dominée à l'Ouest par la montagne de Saint-Alban.
Héraldique
Les armes de la commune se blasonnent ainsi : D'or à l'orme arraché de sinople.
Toponymie
Le nom de la ville vient de l'arbre l'orme. Un orme est d'ailleurs représenté sur le blason de la ville.
Ce nom découle des ormes qui garnissaient autrefois le champ de l'Étape, appelé plus tard place des Ormeaux.
Les différents noms à travers les âges : Castrum de Ulmo en 1157, Ulma et Ulmus en 1300, et l'Orme en 1420.
Hydrographie
L'Auxois, affluent de l'Yonne entre Corbigny et Clamecy, prend sa source à Lormes, qu'il traverse d'Est en Ouest. Il nait de la confluence en souterrain dans le centre-ville de deux ruisseaux, Le Cornillat et Le Goulot, qui alimentent les étangs du Moulin du Bois et du Goulot, ce dernier désigné 7ème grand lac du Morvan, et le Grand-Étang de la ville, déjà desséché à la fin du XIXème siècle.
Histoire
Des vestiges d'une villa romaine sont trouvés à proximité de l'ancienne voie qui reliait Autun à Orléans.
Ce bourg est érigé en paroisse avant le Xème siècle. Le nom de Lorma est mentionné dans la Gaula Christiana daté de 1085. C'est à l'emplacement de cette villa qu’est construit le premier château féodal ou vit Seguin de Lormes au début du XIème siècle.
En 1223, les habitants de Lormes, devenus libres, érigent une commune commune et se donnent des échevins et un corps municipal composé de 12 notables pour administrer les affaires de la communauté. C'est de cette époque que datent les remparts, percés de trois portes, et comprenant 21 tours qui subsistent près de 500 ans, jusqu'au règne de Louis XIV. La plus grande partie de la ville et l’église sont hors des remparts.
La porte Saint-Alban est remarquable avec sa herse et son pont-levis. Elle comporte une arcade unique laissant un passage étroit, l'habitation du capitaine, gardien de la ville, est située au-dessus,. Dans sa partie supérieure où se plaçait le veilleur de nuit se trouvait une horloge publique, transférée en 1840 à l'Hôtel de Ville fraîchement bâti. La porte est démolie à cette époque. À la fin du XIXème siècle, les vestiges d'une des deux tourelles dont elle était flanquée, est encore visible dans le mur d'une maison voisine.
En 1355, la ville est partagée en deux baronnies : Lormes-Châlons relève du Duché de Nevers puis passe dans le ressort de l'élection de Vézelay, l'autre est annexée à la Châtellenie de Château-Chinon et fait partie de son élection.
En 1412, la ville est prise par les Armagnacs qui brûlent les deux châteaux. Celui de Lormes-Château-Chinon, situé sur la rive gauche de la rivière, n’est jamais reconstruit. Depuis la destruction de la Tour au Loup vers 1975, il n'en subsiste que la chapelle. Les murailles du château de Lormes-Châlons, reconstruites, permettent aux Lormois, en 1571, de résister à une attaque huguenote malgré l'absence de garnison (voir § « Chronique communale »).
Les Lormois entrent dans le parti de La Ligue.
En 1591, le maréchal Jean VI d'Aumont (1522/1595, portrait de droite), qui vient de traiter de façon indigne les ligueurs de Château-Chinon, se présente à Lormes. Les Lormois ouvrent les portes. Il met le château en ruines. Son seigneur le reconstruit peu après sur un tout autre plan : parallélogramme de grande élévation portant dans les angles une tourelle en cul-de-lampe. En 1793, les Sociétés populaire y tiennent leurs assemblées et il est nommé Grande-Maison ou Le Rocher. Il sert ensuite de caserne pour la gendarmerie et est détruit dans un incendie en 1811.
En 1785, la première brigade de gendarmerie est créée à Lormes, sous le nom de maréchaussée.
La Halle est démolie le 11 février 1787.
Les 5 et 9 mars 1788, une assemblée de notables se réunit en la grande salle du château pour nommer des députés à l'assemblée préliminaire de Saint-Pierre-le-Moutier et préparer les " Cahiers de doléances", plaintes et remontrances.
Au cours de la période révolutionnaire de la Convention Nationale de 1792 à 1795, la commune porte provisoirement le nom de Lormes-la-Montagne.
Lormes reste sans hôpital jusqu'en 1834 après que les biens de la Maison-Dieu sont aliénés au profit de la Nation.
Le 22 avril 1794, aux pieds des arbres de la place des Ormeaux, les écrits de Camille Desmoulins et de Chaumette sont brûlés, des coups de canon sont tirés et des feux de joie allumés dans la Grande-Maison, l'ancien château.
Le 7 mai 1832, le curé de Lormes, Étienne Méreau, décède en léguant à la ville une somme pour la construction d'un hôpital. Le nouvel hôpital voit le jour en 1834. La chapelle de l'établissement est bâtie en 1852 et consacrée par l’évêque de Nevers, le 16 août 1853.
En 1838, 6 religieuses de Nevers ouvrent un pensionnat.
En 1851, les frères de la doctrine chrétienne de Nancy, venant de Corbigny, fondent une école de garçons.
Lormes est une gare importante sur la ligne de chemin de fer d'intérêt local Nevers à Saulieu. Le Tacot du Morvan, à voie étroite qui relie Lormes à Corbigny et Saulieu, est inauguré en 1901. Il transporte le bois et est pourvu de voitures pour les voyageurs. Il met 3h pour relier Lormes à Saulieu. Il disparaît définitivement en 1939.
Si Lormes est épargnée par la Première Guerre Mondiale, elle est concernée par la Seconde. La présence de bois offrant des cachettes naturelles est propice au développement des maquis comme le Maquis Camille. Les maquisards, qui connaissent parfaitement la région, harcèlent les troupes d'occupation qui se hasardent peu dans les forêts.
Le 12 juin 1944, alors que le débarquement vient d'avoir lieu en Normandie, les Forces Françaises de l'Intérieur (FFI) s'installent sur les toits et attaquent un convoi qui traverse la ville. Une troupe allemande prend aussitôt en otage les hommes qui se trouvent là. Huit sont fusillés.
Seigneurs et gens de noblesse
Du Xème au XIIème siècle, les seigneurs de Lormes sont mes ancêtres qui portent le nom de la ville (voir tableau en bas de page).
Lormes est une importante baronnie qui a pour suzerains le comte de Nevers et le roi de France.
Elle a dans sa dépendance 16 fiefs nobles, avec haute justice, et 10 ruraux.
Cette baronnie, qui est composée pour partie des domaines du bienheureux Widrad (+747), appartient probablement à l'église d'Auxerre, puisque Guillaume III (1110/1161), comte de Nevers, en fait hommage en 1171 au vénérable Alain, évêque d'Auxerre. Puis Hugues III de Lormes se reconnait homme-lige de ces prélats sauf la fidélité due au comte de Nevers.
Les deux seigneurs de la localité se partagent les droits féodaux perçus sur les foires qui se tiennent sur la place des Ormeaux à l'entrée de la ville.
Le premier seigneur connu est Nocher de Lormes (971/1034, voir § Mes ancêtres).
Un acte de donation de terres au comte de Nevers en 1086, mentionne son petit-fils, Seguin de Lormes (1072/1131) qui prend part à la 1ère croisade de 1096 à 1099, aux côtés de Robert II de Flandre (1065/1111, portrait de gauche).
En 1146, son fils, Hugues Ier de Lormes (1102/1165) participe à la 2ème croisade.
En 1177, une brillante assemblée de seigneurs se réunit à Lormes avant le départ d’Hugues de Blain, fils du précédent, avec parmi eux : Etienne II, évêque d’Autun ; Guillaume, évêque d’Auxerre ; Seguin, abbé de Corbigny ; Guy Besors, baron de Villarnoult.
En 1190, Seguin et Hugues II de Lormes, les fils du précédent, rejoignent à Vézelay Philippe II dit Philippe-Auguste (1165/1223) et Richard Ier d’Angleterre dit Richard Cœur de Lion (1157/1199) qui prêchent une croisade pour reprendre Jérusalem à Saladin (1138/1193, portrait de droite). Hugues de Blain ne repart pas. Seguin trouve la mort en Terre Sainte, seul Hugues revient en 1193.
Hugues III de Lormes, fils du précédent, hérite des terres de Château-Chinon de son oncle Seguin et de sa tante Adelis. Il est l’un des plus puissants barons du Nivernais et l’un des plus riches gentilshommes de son temps. Le 25 juillet 1214, il se couvre de gloire en combattant vaillamment au côté de Pierre de La Tournelle à la bataille de Bouvines. En 1217, il rend hommage en tant que vassal à Hervé de Donzy (1173/1222), comte de Nevers, seigneur d'Auxerre. Il participe à la Croisade des Albigeois en 1219. En 1223, il est à Druye-les-Belles Fontaines, le jour de l’Assomption et signe avec les autres barons présents, l’acte d’affranchissement que la comtesse Mahaut, veuve d’Hervé de Donzy, accorde à ses sujets d’Auxerre ; peu de temps après son retour, il affranchit les habitants de Lormes. En 1235, il fonde la chartreuse Sainte-Marie du Val Saint Georges, construite sur une portion de la forêt d’Espesse que les moines défrichent, au Sud de Pouques, et à qui il donne un étang, des près, un moulin, des droits d’usage de bois (de feu et charpentes). Il y est inhumé l'année suivante. La chartreuse est détruite en 1792 emportée par la tourmente révolutionnaire.
De sa femme Helvis de Montbard, il n’a qu’une fille, Elvis, la lignée des premiers barons de Lormes s’éteint. Elvis de Lormes fait passer la seigneurie dans la Famille de Dreux par son mariage avec Dreux Ier de Mello. Suivent leurs descendants :
Guillaume de Mello (1236/1284),
Dreux II de Mello,
Dreux III de Mello, époux d’Eustachie de Luzignan,
Dreux IV de Mello (1138/1218), époux de Jeanne de Toucy et d’Eléonore de Savoie.
A la lignée des Mello succède la Maison de Brienne par le mariage de Jeanne de Mello avec Raoul Ier de Brienne dit de Nesle,
Raoul II de Brienne, qui soupçonné de trahison, arrêté à Paris en son hôtel de Nesle et condamné sans procès à avoir la gorge tranchée, est exécuté en 1350.
La seigneurie de Lormes est abandonnée à sa sœur Jeanne, épouse de Gauthier IV de Brienne, qui lègue ses terres en 1389 à Guy de la Trémouille et à Jean de Chalons. Mais, le roi Charles VI dit Le Fol (1368/1422), fait confisquer ses biens. En 1394, Louis II, duc de Bourbon (1337/1410), rachète les droits des deux héritiers et devient deuxième seigneur de Lormes, et Château-Chinon.
La Maison de Lormes-Chalons est ensuite la principale baronnie de Lormes. L’essentiel de la ville et l’église, appartiennent à Jean III de Chalons.
En 1508, Charlotte de Chalons porte la baronnie, à Jean Adrien de Sainte-Maure comte de Nesle. Puis, Edmée-Barbe de Sainte-Maure épouse Antoine de Jaucourt de Dinteville (+1515).
Leur descendant Joachin II de Dinteville cède en 1629 ses seigneuries à Charlotte de Bussy de Dinteville qui les vend en 1645 à Jean, marquis de Mesgrigny (1628/1720, portrait de droite).
En 1747, la seigneurie appartient à Léon Le Boutillier, comte de Beaujeu. Puis au comte de Blangy qui vend la terre de Lormes en 1772 à Joseph François Le Lièvre (1726/1808), marquis de La Grange.
En 1785, ce dernier fait dresser les plans des anciens murs de Lormes par Louis Barbier, arpenteur royal. Le 6 août 1786 il donne l’autorisation de démolir la Halle. En 1792 on le retrouve lieutenant général des armées de la République.
Tous les biens et restes de la baronnie de Lormes sont ensuite vendus en détail, au début des années 1800.
Chronique communale
Le lundi de Pâques 1591 à Lormes
A cette date se situe un des épisodes les plus héroïques de l'histoire de Lormes.
Profitant de l'absence des hommes, partis à la fête à Corbigny, Champomier, gouverneur Huguenot de Clamecy en profite et arrive au pied de Lormes avec ses gens. Il somme les habitants d'ouvrir les portes. Il bat pendant une grande partie de la journée les murs de la cité avec deux canons et quatre couleuvrines et s'apprête à donner l'assaut.
Les dames de Lormes, sur les remparts, couvrent alors les assaillants d'une pluie de pierres, mêlées de cendres chaudes et d'eau bouillante.
A la faveur de la nuit, les hommes de retour de Corbigny parviennent à entrer dans la ville.
Le lendemain les habitants font une sortie, forçant le gouverneur de Clamecy à lever le siège.
Celui-ci se retire du côté de Brèves dont il se saisit.
Depuis cette époque et par décret du roi Louis XIII, le mardi de Pâques, les habitants font une procession commémorative où les femmes marchent en tête.
Patrimoine
L’Hôtel de Ville, construit en, 1839, s’élève sur la place publique à l’emplacement de l'ancienne Halle démolie en 1789. C'est un bâtiment de style Renaissance avec fronton, appartenant à l'ordre ionique.
En 1840, on y transporte la veille horloge publique qui se trouvait autrefois au sommet de la porte Saint Alban, près de l'endroit réservé au guetteur de nuit. Le petit clocher, construit au sommet pour la loger, donne à l'ensemble de la construction une certaine légèreté. Au premier étage, dans la grande salle du Conseil, se trouve un portrait en pied du maréchal Vauban, offert à la ville de Lormes par l'Etat, en 1843.
L'église Saint-Alban de style néo-roman est édifiée en 1865 au sommet de la colline éponyme en remplacement d’un édifice plus ancien, peint par Jean-Baptiste Corot.
La première église est élevée avant le Xème siècle et relevée au début du XIIème siècle. Elle se compose de deux parties bien distinctes par leur architecture. La nef a deux bas-côtés étroits avec des piliers massifs et rustiques, une tour basse et massive s'élevant au-dessus du portail et deux portes en plein cintre. Le chœur du XVIème siècle se termine en large pignon, percé de trois fenêtres et séparé des bas-côtés par des piliers cylindriques, sans chapiteaux au sommet, desquels naissent des nervures prismatiques. Il y a trois chapelles dédiées à la Vierge et à saint Nicolas, datant de la reconstruction du chœur. La chapelle du Nord est réalisée en 1620.
Il existe jadis dans cette vieille église une très ancienne confrérie du Corps de Dieu.
Suite à la délivrance de la ville en 1591 (voir § Chronique communale), il y est établi tous les mardis de Pâques une procession à travers la ville, les femmes en-tête. Le Saint-Sacrement est exposé toute la journée, après la procession dans toutes les chapelles de la ville.
En 1667, il est donné en cette église une célèbre mission qui fait cesser les haines invétérées et les rivalités malheureuses. L'évêque Louis II Doni d'Attachi vient en cavalcade, suivi d'un très nombreux cortège, en faire la clôture et donner la confirmation aux fidèles du lieu et des paroisses voisines. La cloche, fondue en 1658, est refaite en 1737. Elle a pour parrain Louis de Mascrany, comte de Château-Chinon, baron de Lormes et pour marraine Gabrielle de Mesgrigny, dame de Lormes-Châlons.
À l'époque de la Révolution, l'église est profanée et transformée en Temple de la Raison. Des orgies publiques s'y déroulent.
Le 2 Germinal an II, le Lormois César Alexandre Lefiot de Lavaux, représentant du peuple en mission dans les départements de la Nièvre et du Loiret, passant à Lormes, sa patrie, monte à l’église avec un révolutionnaire, brise les images pieuses, les vases sacrés, emporte les débris dans la maison commune où Il tient le lendemain une réunion publique pour l'épuration et la réorganisation des autorités constituées et pour le respect du serment à la Convention.
La vieille église est démolie le 7 janvier 1865 et l'actuelle construite de 1865 à 1867. Elle adopte un plan très classique en forme de croix latine avec trois nefs ; le transept et un déambulatoire, autour duquel rayonnent trois chapelles absidiales. La voûte en berceau est à 12 m sous la clef de voûte. Le clocher tour, surmonté d'une flèche, est recouvert en ardoises et culmine à 40 m. Ce dernier, en dehors des cloches héberge une antenne relais du réseau de téléphonie mobile SFR.
Cette église fait l’objet d’une inscription au titre des Monuments Historiques en 1997.
La croix monumentale en granite du XIXème siècle, située devant la façade Nord du transept de l’église, est représentée sur le tableau de Jean Baptiste Corot reproduisant l'ancienne église en 1841.
Le monument en l'honneur des veuves et des orphelins de toutes les guerres, est situé devant la façade Sud du transept de l’église.
La chapelle Saint-Pierre, s’élevait autrefois, au bas des promenades et pourrait se localiser dans l'enceinte actuelle d'une maison bourgeoise rue Saint-Pierre. Elle figure sur le plan de Lormes de 1600, sa construction serait donc antérieur à cette date. Elle existait encore à la fin du XVIIème siècle. Elle a aujourd’hui disparue.
La chapelle Saint Jacques, chapelle médiévale qui s’élevait autrefois rue Saint Jacques, a aujourd’hui disparue. Cette chapelle, qui donnait asile aux pèlerins sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, a été vraisemblablement fondée par de nobles barons de la ville. En 1726 elle est rattachée à la Maison-Dieu située à côté.
Le vieux château, château-fort des seigneurs de Château-Chinon et le château appartenant à la baronnie de Lormes-Chalons, se font face au Moyen-âge.
Au XIIIème siècle, les Lormois reconnus libres s’érigent en commune et fortifient leur ville.
Le château-fort du XIIème siècle se trouve à l'intérieur des remparts. Il est brûlé par les Armagnacs en 1412 et jamais reconstruit, contrairement à l'autre château, bien qu'il apparaisse sur un plan de 1600, probablement une copie d’un plan médiéval.
Une archive de 1669 atteste un château ruiné qui est en dehors de la ville au plus bas. Aujourd'hui subsistent du Vieux Château la chapelle seigneuriale (ci-après) et les vestiges de la Tour aux Loups démolie au XXème siècle.
Le maréchal Jean VI d'Aumont (1522/1595) assiège Lormes, s’empare et abat le château qui est reconstruit quelques temps plus tard, mais il est en grande partie détruit par un incendie en 1811. Il n'en subsiste aujourd'hui que deux grands bâtiments face à la chapelle castrale.
La petite chapelle du Vieux-Château dédiée à Notre-Dame du Bon-Secours, est érigée au XIIème siècle et reconstruite en 1647. Sa décoration intérieure date du XIXème siècle. Son architecture et la structure originelle de sa voûte croisée d'ogives, prenant appui aux quatre angles sur des culs de lampe, sont restées intactes.
Elle est le dernier vestige du riche passé historique de la ville. Un temps illuminée la nuit, elle est aujourd'hui en triste état.
Le quartier du vieux château et ses petites ruelles rappelle l'origine fortifiée de la ville à l'époque où deux châteaux-forts se faisaient face et parfois s'affrontaient. Ce quartier est contourné par le Ruisseau du Goulot sur lequel subsiste un des derniers lavoirs de la ville, nombreux autrefois tout au long de la rivière.
Le château des Aubues est construit au XIVème siècle à l’emplacement d’une ancienne forteresse médiévale.
En 1865, le château, encore bien visible, est de plan rectangulaire armé de deux tours carrées et de deux tours rondes, le tout entouré d’anciens fossés. Il appartient en 1480 à Guillaume de Montsaulnin, écuyer, seigneur de Coulon.
Il change plusieurs fois de propriétaire jusqu’à la Révolution Française. La carte Cassini de 1760 indique le hameau mais plus le château qui est transformé en bâtiment agricole. Les tours décoiffés, les fossés remblayés.
De nos jours, un des bâtiments est encore flanqué d’une tour ronde d’une dizaine de mètres de haut, face à la vallée, devant les deux tours carrées sont encore visibles. Une dépendance abrite les restes d’une chapelle castrale voûtée d’arêtes avec des piles carrées. La base d’une autre tour est visible, ainsi que des meurtrières dans ses murs.
Une belle ferme occupe l’emplacement, transformée en gîtes.
Le château de Grand Pré date du XVIIIème siècle. Il est d'aspect classique avec un plan en forme de T, et un corps de bâtiment avec deux tours.
Le château Cartier, grosse maison bourgeoise située à la Croix Châtain au milieu d'un grand parc, sert de P.C. au Maquis Sanglier pendant la seconde Guerre Mondiale. Elle est brûlée par la Wehrmacht en septembre 1944. A près la guerre, ce qui en reste est acquis par Henri Robert. Figure atypique de Lormes, qui a fait fortune dans l'agro-alimentaire, ce qui lui vaut de la part des Lormois à la fois le respect et le surnom sarcastique de marquis de la Biscotte. Il se promène dans la ville à cheval parfois accompagné de sa meute de chiens de chasse. Il est à l'origine du Bien-Aller Lormois, un groupe de trompes de chasse qui se produit à l'occasion des fêtes tout de rouge vêtu.
Le quartier des moulins, au nombre de sept, ils étaient alimentés en énergie par l'Auxois né de la confluence du Ruisseau du Goulot qui traverse le centre ville et du Cornillat qui alimente le lavoir Vauban dans le centre ville.
Il en subsiste encore quelques traces, comme le passage destiné à la roue à aubes.
Une huilerie fonctionnait encore il y a quelques dizaines d'années.
Le couvent des Ursulines apparaît nettement sur le plan de Lormes dressé en 1600, peut-être d'après un plan plus ancien. Il dépend probablement du prieuré de la Charité-sur-Loire et compte 8 sœurs et 2 converses. En 1712, il est réuni avec tous ses biens à la maison-mère de Corbigny.
Aujourd’hui, le bâtiment a disparu.
La Maison-Dieu, établissement de charité du faubourg Saint-Jacques, est construite vers 1177.
Elle est fondée par les barons de la ville pour donner asile aux pèlerins revenant de Saint-Jacques de Compostelle. A proximité, une antique chapelle dédiée à l'apôtre.
Le pèlerinage tombe en désuétude, le marquis de Mascary, comte de Château-Chinon, en fait cession aux dames de la Maison-Dieu avec les biens qui en dépendent. Elle a aujourd’hui disparue.
La léproserie Saint-Lazare, administrée par des dames séculières, est construite au Nord, au lieu-dit La Maladrerie sur le chemin de la Vallée. Elle est fondée en 1177 par Hugues II de Lormes. Elle accueille les lépreux, très nombreux au Moyen-âge. Après une cérémonie religieuse dérivée de l'office des morts, le lépreux est enfermé dans la maladrerie pour toujours par crainte de la contagion.
Les biens de cette léproserie sont attribués en 1695 à la Maison-Dieu par un arrêt du Parlement.
Elle a aujourd’hui disparue.
L'hôpital-local, à l'intérieur duquel dans le premier bâtiment, une plaque est apposée par les anciens Résistants du Maquis Camille. Elle rappelle le souvenir de Madame Lantier, directrice et du Docteur Citron qui exerce de nombreuses années dans ses murs et y cache les Résistants pendant la dernière guerre.
Intégrée dans l'hôpital et construite en 1842, une chapelle sert de lieu de repli pour les cérémonies lorsque la température ou les intempéries rendent difficile l'accès à l'église.
L’Hôpital est rénové en 2004, ces nouveaux locaux se nomment Les Cygnes.
Les Promenades, ancien Champ de l'Étape ou place des Ormeaux, datent de 1832.
Leurs magnifiques tilleuls abritaient autrefois la foire aux bestiaux. Cette foire est l'origine de la fête foraine qui se tient de nos jours à la Pentecôte.
La digue, édifiée en 1897, est un barrage à l'entrée des gorges de Narvau, destiné à alimenter une centrale électrique située en contre-bas.
L’ouvrage devenu dangereux est démoli en 2012. Aujourd'hui, il n’en reste que le soubassement, l'étang est asséché et la rivière a retrouvé son ancien cours.
Les lavoirs étaient autrefois très nombreux sur le Ruisseau du Goulot ou ses affluents. Chaque maison située à proximité d'un de ces cours d'eau avait le sien. Les petits lavoirs familiaux ont presque tous disparu ou sont en voie de disparition. Le grand lavoir situé sur l'Avenue du 8 Mai 1945 n'est quasiment plus identifiable. La ville a réussi à en sauver quelques-uns.
La grotte aux fées, dans une falaise granitique des gorges de Narvau, ce site naturel classé où coule l'Auxois est situé à la sortie du bourg.
Personnages liés à la commune
Charles François Robert de Chevannes (1) (1737/1823), chevalier de Saint-Louis, maréchal des logis.
Il est né à Moulins-Engilbert. Il commande les troupes de la Garde du roi et lance au peuple en révolte qui pénètre dans le château de Versailles à 6 h du matin le 6 octobre 1789, allant de porte en porte et arrivant à la chambre du roi : Je suis le commandant du poste ; à moi appartient l'honneur de mourir le premier pour la défense du roi mais, pour Dieu, respectez ce bon prince qui ne veut que votre bien. Ces paroles et sa contenance sauvent Louis XVI qui l'en remercie publiquement et le nomme colonel de la Garde constitutionnelle.
Il meurt dans sa demeure de Lormes le 27 janvier 1823.
Jean Alban Lefiot (1755/1839) nait à Lormes le 27 février 1755. Il est avocat au présidial et bailliage royal de Saint-Pierre-le-Moûtier avant la Révolution, nommé procureur-syndic en 1790, puis est élu député à la Convention Nationale par le département de la Nièvre en 1792. Il siège sur les bancs de la Montagne. Au procès de Louis XVI, il vote pour la mort sans sursis du souverain déchu.
Il meurt à Paris en 1839.
Jean Baptiste Jourdan du Mazot (1757/1829), nait le 19 décembre 1757 à Lormes. Homme politique, il est député de la Nièvre, fait rare pour l'époque, pendant 12 années sans interruption de 1792 à 1804.
Il meurt en 1829 à Saint-Aubin-des-Chaumes.
Charles Gilbert Heulhard de Montigny (2) (1771/1872), magistrat, pamphlétaire, homme politique, député de la Nièvre. Il nait le 10 novembre 1771 à Lormes, épouse Marie Huguette Charlotte de Borne de Grandpré (1778/1865) et meurt le 14 janvier 1872 à Lormes, au château de Fraifontaine (voir § suivant).
Jean Baptiste Camille Corot (1796/1875, portrait de droite), peintre paysagiste, portraitiste et graveur. Sa nièce épouse un Lormois par l’intermédiaire duquel il découvre Lormes et ses environs où il fait de nombreux séjours en 1831, 1841 et 1842. Il peint notamment l'ancienne église et le quartier des Moulins.
Il nait et meurt à Paris.
Eugène Renduel (1798/1874), nait à Lormes le 18 novembre 1798. Après avoir débuté comme clerc chez un avoué de Clamecy, il s'installe à Paris en 1819. D'abord employé chez un libraire, il ouvre sa propre librairie en 1828, au 22 rue des Grands-Augustins, et devient rapidement l'éditeur attitré des écrivains romantiques.
En 1838, il achète le château de Beuvron et les terres agricoles liées, il s'y retire pour raison de santé deux ans plus tard, renonçant à toute activité éditoriale. Il est maire de sa commune, jusqu'à une première attaque en 1873. Il meurt à Beuvron le 19 octobre 1874.
Henri Bachelin (1879/1941, portrait de gauche) nait à Lormes le 27 mars 1879 dans la maison de son grand-père du quartier de La Grange Billon. Après des études au séminaire de Nevers, suivies de quatre années dans l'armée, il exerce la profession d'employé de banque, qu'il abandonne en 1911 pour se consacrer exclusivement à la littérature. Il publie une quarantaine de livres, essentiellement des romans et des nouvelles, mais aussi des ouvrages de critique littéraire et de musicologie.
Cité pour le Prix Goncourt, il décroche le Prix Fémina en 1918 pour son livre Le Serviteur paru chez Flammarion. Bien que monté à Paris, où il fréquente Charles Louis Philippe, Jules Romains, André Gide et Paul Léautaud, il reste toujours très attaché à sa petite ville natale.
Il meurt à Paris le 21 septembre 1941. Lormes a édifié un buste à sa mémoire devant la maison où il passe son enfance, à côté des Promenades.
Elie France Touchaleaume (1914/2010, portrait de droite) est né à Lormes le 15 octobre 1914. Après des études secondaires à Saint-Brieuc, il s'engage dans la Marine en avril 1936. A la déclaration de guerre, il est officier sur le contre-torpilleur Le Terrible dans l'Atlantique puis commandant du Chasseur 13 et du Chasseur 41. Il débarque à Portsmouth en Angleterre le 18 juin 1940. Rallié à la France Libre, il participe à des opérations de fusiliers-marins en Afrique où il est blessé. Il est affecté ensuite à diverses opérations en Méditerranée puis dans l'Atlantique. En 1945 il est nommé Compagnon de la Libération. Après la guerre il reste dans la Royale en poste à Saïgon et en Egypte. Capitaine de frégate de réserve depuis 1962, il décède le 5 mars 2010 à Boulogne-Billancourt et est inhumé dans le cimetière de Lormes.
et bien d’autres encore ...
Hameaux, lieux dits et écarts
La Justice, la Villaine, Joué, Charrières, la Grange-Billon, Grandpré, l'Ecorchien, le Triou, le Moulinot, le Fresne, Chevigny, Marné ou Marnay, la Bussière, le Champ du Clou, l'Huis Morin, Sommée, Sonne, Cuzy, Planvoy, l'Huis Nolin, Pontin, Ponty, l'Etang Paul, le Moulin du Bois, le Foulon, le Villard, les Fosses, les Bruyères, Richâteau, les Grandes Méloises, les Mouilles...
Les Aubues est un des fiefs les plus importants de la baronnie de Lormes. Il possède un manoir seigneurial au pied de la montagne de la Justice. Cette terre en toute justice est mouvante de la baronnie de Lormes-Châlons (voir § Patrimoine).
La Grange Renault rappelle une ancienne famille qui a donné des baillis à Lormes et à Saint-Martin-du-Puy.
Loppin est la propriété de Philibert François de Borne de Granpré (1781/1866), chef d'une branche cadette de la Maison de Borne de Gouvault, établie à Lormes depuis longtemps.
Luxery dont une partie est située sur Pouques-Lormes et l'autre sur Lormes. Il n’en reste au XIXème siècle que des vestiges.
Boussegré appartient en 1601 à Madame de Mussidan. François de Marchand, écuyer, sieur de Belleroche, en fait l'acquisition en 1625.
La Vallée, est tenue en fief, en 1473, par Guillaume de Guillemenot.
Vaurin, au fond de la vallée, appartient en 1794 à Claudine Charlotte du Blé, veuve de Guillaume Marie Sallonnyer de Boux, maire de Lormes en 1792. La Société populaire de Lormes l'oblige à démolir son colombier, bien qu'elle ait déjà fait tuer les pigeons et enlever la toiture.
Fraifontaine est une belle maison de campagne ou demeure bourgeoise édifiée au cours du XIXème siècle pour Charles Gilbert Heulhard de Montigny (voir § précédent). Vers 1850, une chapelle funéraire est construite et abrite un tombeau de famille où 5 membres reposent. L'ensemble, d'ordonnancement très classique avec un fronton, offre un magnifique panorama.
Les bois de Mongin et de Saint-Germain où les habitants de Lussery, les Aubues, de la Vallée, de Richâteau, de Loppin, de Chauvi ont le droit de prendre bûches, buissottes, bois-mort et de mener pacager leurs bestiaux en tout temps. Cette concession leur est faite en 1490 par Léonard de Châlons, baron de Lormes. Dans le bois de Saint-Germain se trouvait autrefois une chapelle, dédiée à l’évèque Saint-Germain.
Evolution de la population
Nos lointains ancêtres de la noblesse de Lormes ...
11 naissances/baptêmes et 8 décès/inhumations y sont enregistrés :
Carte de Cassini
Sources
Sites et photo : Wikipedia, Mairie, Nièvre Passion, Patrimoine du Morvan.
Lecture :
(1) Les Mémoires sur la vie de Marie Antoinette, reine de France et de Navarre par Madame Campan, première femme de chambre, relatant l'action de Charles François Robert de Chevannes en 1789 (chapitre XV p.253).
(2) site sur Arthur Heulhard
Date de dernière mise à jour : 28/09/2019