Joigny
La ville primitive, construite sur un promontoire de la côte du plateau d’Othe, domine l’Yonne.
Son pont, sa riche vallée propice aux pâturages et à la culture, et sa situation stratégique sont à l'origine de sa richesse, notamment grâce à la culture de la vigne sur les coteaux calcaires.
La ville est classée ville d'Art et d'Histoire et Plus Beaux Détours de France. Elle participe au concours des Villes Fleuries et est récompensée de 3 fleurs.
Les armes de la commune se blasonnent ainsi : D'azur à la ville en perspective d'argent mouvant de la pointe, les bâtiments girouettés et ajourés du même, essorés de gueules, maçonnés de sable, la porte ouverte du champ et dans cette ouverture un maillet d'or, le manche en haut.
Toponymie
Joviniacum est écrit pour la première fois au XIIème siècle par le moine Clarius de l'abbaye Saint-Pierre-le-Vif de Sens dans sa chronique qui mentionne, entre autres, le baptême de mon ancêtre Clovis Ier (466/511) et de ses quatre fils en 503.
En 1080, Joigny se nomme Castrum Gaudiaci, qui signifie château de plaisance.
Hydrographie
La commune est traversée par l'Yonne.
La Chênée prend sa source au Nord ainsi que plusieurs de ses affluents.
Le Rubignon prend sa source au Nord-Est et constitue la limite avec la commune voisine de Dixmont.
Le site est occupé dès le Néolithique (voir Echelle des Temps).
La ville actuelle est fondée pendant l'époque romaine par Flavius Jovinius préfet de la milice romaine en Gaule en 369.
Une place-forte est construite à la fin du Xème siècle par mon ancêtre, le comte de Sens Renard Ier dit le Vieux (937/996), sur une partie des terres de l'abbaye Sainte-Marie du Charnier de Sens. Il fait construire à la même époque le castrum de Château-Renard (Loiret).
La ville actuelle est fondée officiellement en 996 et fait partie du comté de Sens.
A la fin du XIème siècle, le comté de Joigny est créé par séparation du comté de Sens devenue propriété royale.
La ville se développe tout au long de l'époque médiévale grâce à trois activités économiques essentielles : le vignoble, le bois de son immense forêt et le transport fluvial sur l'Yonne.
Au XVème siècle, la Guerre de Cent Ans donne aux habitants de Joigny leur surnom les Maillotins.
En 1420, les habitants, attachés au Parti Bourguignon pro-anglais de Jean Ier de Bourgogne dit Sans Peur (1371/1419 portrait de gauche), pour féliciter le roi, Henri V d’Angleterre (1386/1422 gravure de droite) de son mariage avec Catherine de France (1401/1437), fille du roi Charles VI (1380/1422) et de la reine Isabeau de Bavière (1371/1435), dépêchent un messager à Troyes, sans en avertir leur comte, Gui de la Tremoille, pro-français. Sur le chemin du retour, le messager est arrêté et emprisonné. Les habitants s'arment des maillets et enferment le comte dans son château pour délivrer leur messager.
En 1530, la ville est presque entièrement détruite par un grand incendie. Le feu traverse l'Yonne et détruit le pont et une partie de l'hôpital créé par la comtesse Jehanne. Le comte autorise les habitants à prélever dans les forêts comtales le bois nécessaire à la reconstruction.
En 1603, le cardinal de Retz, Pierre de Gondi (1533/1616) achète le comté et y installe sa Famille.
En 1613, Vincent Depaul ou de Paul (1581/1660 portrait de gauche ) arrive à Joigny en tant que précepteur des enfants du comte Charles Philippe Emmanuel de Gondi (1580/1662 portrait de droite), neveu du précédent. En 1618, Françoise Marguerite de Silly (1584/1625), épouse du précédent, créée une société de charité sur l’incitation de Vincent De Paul.
Au XIXème siècle, la ville s’ouvre, la destruction des remparts s’achève.
En 1814, la ville accueille en garnison le frère de Napoléon Bonaparte et en 1830, le fils du duc d'Orléans,
Sous la Restauration, la ville est prospère.
Durant la Seconde Guerre Mondiale, la ville est bombardée. La place et la porte Saint-Jean sont fortement touchées ainsi que la maison du bailli dont la façade est soufflée. De nombreuses victimes sont dénombrées vers le pont.
Seigneurs et gens de la noblesse
Les comtes de Joigny sont issus de la Dynastie Fromonide des comtes de Sens ; leurs possessions, vassales du comté de Sens, ont échappé au rattachement au domaine royal en 1055. Le comté de Joigny perdure environ 800 ans.
La tradition fait du comté de Joigny un démembrement et un partage successoral du comté de Sens en faveur de mon ancêtre, Alix Adélaïde de Sens (1000/1060), fille de Fromond III de Sens (980/1029) et épouse de mon ancêtre, Geoffroy Ier, comte de Joigny (982/1029). Mes ancêtres du Xème au XIIème siècle sont comtes de Joigny (voir tableau mes ancêtres en bas de page).
En 1337, le comte de Joigny, Charles Ier de Valois (1297/1346) veuf de Jeanne de Joigny (1300/1336) échange le comté avec Jean Ier de Noyers (1323/1362). La transaction est faite par le père de Jean trop jeune, le maréchal Miles de Noyers dit Le Grand (1271/1350), grand-bouteiller de France.
En 1409, Marguerite de Noyers (1375/1423) apporte le comté en dot à Guy de La Trémoille (1380/1438), baron de Bourbon-Lancy.
En 1464, le titre passe à Charles de Chalon-Arlay (1464/1485), petit-fils des précédents.
En 1479, Charlotte de Chalon apporte le comté en dot à Adrien de Sainte-Maure (1465/1507), comte de Nesle. Jean et Louis suivent, puis Charles mort en bas-âge en 1576, date à laquelle son cousin, Jean de Laval-Montmorency (1542/1578) marquis de Nesle, devient comte de Joigny.
Cette branche s’éteint à la mort en duel de René de Chandio, fils d’Anne de Laval sœur du précédent.
Le cardinal de Retz, Pierre de Gondi (1533/1616) achète le comté en 1603.
Paule Marguerite Françoise de Gondi (1676/1716) sans héritier direct, à son décès abandonne ses droits à son arrière-cousin Louis Nicolas de Neufville de Villeroy (1663/1734) duc de Retz et de Villeroy, pair de France.
Le dernier comte de Joigny, petit-fils de ce dernier, le duc Gabriel Louis François de Neufville de Villeroy (1731/1794) est guillotiné à Paris le 28 avril 1794.
Chronique communale
Le vin de Joigny
La première mention de la culture du vin à Joigny est faite en 1082, dans la donation d’une vigne faite par Letéric au prieuré clunisien Notre-Dame de Joigny.
Avant que la réputation des vins de Joigny n'arrive jusqu'à la cour des rois de France et qu'Alexandre Dumas n'en fasse le vin préféré de Jean de la Fontaine (1621/1695) dans son roman Le Vicomte de Bragelonne, une grande partie du vin rouge mais surtout du vin gris est expédiée, par flottage sur l’Yonne, à Paris vers la grève de Bercy, en Artois, en Picardie et en Flandres.
La culture de la vigne devient la principale ressource des habitants des quartiers Saint-Thibault et Saint-André.
A la fin du XIXème siècle, le phylloxéra ravage une partie des vignes en réduisant la culture.
Depuis 1970, le vignoble renaît et aujourd'hui 30 ha sont plantés en Appellation Bourgogne Contrôlée et 100 ha sont classés Bourgogne. Parmi ces 100 ha, un peu plus de 13 ha relèvent de l'appellation Bourgogne Côte Saint Jacques (bouteille ci-contre).
La qualité des vins de Joigny n'est pas étrangère à l'exposition abrités du vent du Nord par le plateau de la forêt d'Othe. La géologie des sols (calcaire tendre recouvert d'argile à silex) et le micro-climat dû à l’Yonne viennent renforcer ces atouts environnementaux.
Patrimoine
Joigny possède 19 monuments classés aux Monuments Historiques.
Le château des Gondi, de style Renaissance, surplombe la ville.
A l’origine sa construction est due à mon ancêtre, le comte de Sens, Renard Ier dit le Vieux (937/996), à la fin du Xème siècle (voir § Histoire et Mes ancêtres).
Au XIème siècle, dans la citadelle une église est construite à la plaéce d'un ancien prieuré, elle est nommée dans une charte de 1082.
L'enceinte est reconstruite au XIIème siècle, une nouvelle fois au XIIIème siècle, puis endommagée par le grand incendie de la ville de 1530 elle est de nouveaux reconstruite en 1569 par le comte Louis de Sainte-Maure, qui fait appel à l’architecte jovinien, Jean Chéreau. Les travaux sont abandonnés à sa mort, le pavillon, auquel il manque le dernier étage, reste accolé à l’ancien château médiéval.
En 1600, Marguerite Hurault (1574/1614), veuve du comte Guy de Laval, fait reconstruire le corps de logis et démolir l’ancien château. Les travaux se poursuivent alors que le comté est racheté en 1603 par le cardinal Pierre de Gondi (1533/1616) qui n’en prend possession qu’en 1608.
Le château se compose de deux parties bien distinctes : un corps de logis et un pavillon d'angle. Celui-ci est une œuvre importante de la seconde Renaissance tandis que le corps de logis offre, au Nord, une façade rythmique dans le plus pur style Renaissance, et au Sud, une façade plus sobre et plus modeste de style Louis XIII. A l’origine, un donjon s’élevait à la place du pavillon.
Après la suppression du comté à la Révolution Française, le château, devenu Bien National, est vendu en deux parties : le corps de logis est acheté par la commune et le pavillon par un particulier qui en entreprend la démolition en 1826. Le 3ème étage du pavillon disparait ainsi que la petite aile en retour et tous les aménagements intérieurs. Seuls les niveaux inférieurs, en sous-sol conservent leurs voûtes.
Le corps de logis devient orphelinat, pensionnat puis collège de jeunes filles jusqu'en 1966, puis est occupé par des associations.
Il est classé aux Monuments Historiques en 1983. Il est restauré de 1987 à 2000.
La porte du Bois fait partie de l’enceinte médiévale dont il ne reste que quelques vestiges. C’est la dernière des quatre portes de l’enceinte du Moyen Age. Elle est encadrée de deux tours rondes et ouvre sur la forêt, vers le Nord.
Le centre hospitalier, Hôpital de tous les Saints, est fondé en 1328 par Jeanne de Joigny (+1336) épouse de Charles II d'Alençon (1297/1346 gisant de droite), frère du roi Philippe VI (1293/1350). Il est reconstruit à la fin du XVIème siècle sous l'appellation d'Hôpital Neuf-lez-Pont, détruit lors des Guerres de Religion et reconstruit en 1732.
Pendant la Révolution, il sert de prison puis les bâtiments sont loués pour être utilisés comme centre d'internement pour les prisonniers de guerre et enfin comme caserne sous Charles Louis Napoléon Bonaparte (1808/1873).
En 1841, le bâtiment est démoli et reconstruit pour devenir en 1848 l'hôpital actuel.
La chapelle des Ferrand est construite, à la Renaissance, sous le règne du roi François Ier (1494/1547) et après l'incendie de Joigny.
Jean Ferrand (+1559), archidiacre de Sens, grand amateur des beaux arts la fait construire ainsi que l'ancien hôpital Saint-Antoine. Elle est consacrée à la Vierge.
Située au centre de l'ancien cimetière de Saint-André, elle est englobée dans le Palais de Justice depuis 1850. Le dôme d'origine est remplacé par la toiture actuelle plus disgracieuse, les fenêtres sont agrandies et une cheminée défigure le bâtiment. A l’intérieur une fresque, datant de 1630, représentant l'adoration des mages, est redécouverte sous l'enduit en 1934.
Dévastée pendant la Révolution Française, la chapelle longtemps abandonnée et, devenue la salle du tribunal, n'est jamais consacrée.
L'ensemble, tribunal et chapelle, est vendu en 2012 et à la location pour des fêtes et réceptions.
L'édifice est classé aux Monuments Historiques.
L’église Saint-André, à l’origine église d’un prieuré fondé dans les faubourgs de la ville en 1080 par les moines de l'abbaye de La Charité-sur-Loire à la demande du comte Geoffroy de Joigny, est placée sous le vocable de Notre-Dame. Au début du XIIIème siècle, l'église du prieuré est agrandie et devient l’église paroissiale.
Après l'incendie de la ville en 1530, elle est réaménagée par le prolongement d'un bas-côté à voûte d'ogive et un chevet plat. La nef actuelle reprend la nef primitive de l'église du XIème siècle et la façade occidentale est refaite vers 1550. Le collatéral est formé de cinq travées à voûtes ogivales du gothique tardif.
Elle est dédiée à Saint-André et sert de sépulture aux comtes.
A l’intérieur, une Pietà de la fin du Moyen Âge, ainsi que la dalle funéraire en pierre du comte Guillaume de Joigny du XIIIème siècle où il est représenté tête nue et mains jointes et celle d'un prêtre du XVème siècle, classées aux Monuments Historiques en 1992.
L'édifice est classé au titre des Monuments Historiques en 1971.
L'église Saint-Jean date du XIIIème siècle. Elle est située en haut de la ville près du château des Gondi.
Elle est reconstruite vers 1490, après la Guerre de Cent Ans, mais l'incendie de 1530 l'endommage gravement. Des travaux sont entrepris de 1548 à 1596 sous la direction de Jean Chéreau. Le style gothique est respecté dans les parties basses, mais le haut de l'église est refait en style Renaissance, comme le faux triforium et les verrières du haut. La voûte en berceau surbaissé représente des motifs de broderies de jardin. L'église est fréquentée par saint Vincent de Paul.
A l’intérieur, le tombeau de la comtesse Alix de Joigny avec gisant et cuve, décoré de figures sculptées ; le tombeau d’une autre comtesse, composé d’un sarcophage rectangulaire sur un socle fleuri d’églantier est classé aux Monuments Historiques en 1992 ; un groupe sculpté de sept personnages en costume du XIIIème siècle, date du premier quart du XVIème siècle, est également classé en 1992 : tout comme une Vierge à l’enfant du XVIème siècle et un banc d’œuvre au dossier en bois taille du XVIIIème siècle.
En 1864, l’orgue est agrandi en orgue symphonique. La partie instrumentale et le buffet de l'orgue sont classés aux Monuments Historiques en 1960.
L'église Saint-Thibault
Thibaut de Provins (1039/1066), proche parent du comte Eudes II de Blois dit Le Champenois (983/1037), meurt à Vicence (Italie). Il est canonisé en 1073 par le pape Anselme de Lucques, Alexandre II (1010/1073). En 1075, son frère, le moine bénédictin, Arnolf de Champagne, ramène une partie de ses reliques de Vicence à l'abbaye Sainte-Colombe de Saint-Denis-lès-Sens. Le cortège s'arrête une nuit à Joigny et une petite chapelle est construite en sa mémoire.
Le faubourg, hors des remparts, s'agrandit et se peuple de vignerons et d'artisans, une nouvelle église paroissiale est bâtie quelques années plus tard à l'emplacement de la petite chapelle.
Elle est dévastée pendant la Guerre de Cent Ans et reconstruite en 1490 en style gothique flamboyant, restaurée après l’incendie de 1530 sa façade est remaniée.
Sainte Madeleine Sophie Barat (1779/1865) y est baptisée en 1779.
Les voûtes sont remarquables, les vitraux datent des XVIIIème et XIXème siècles, la rosace en grisaille du XVIème siècle. L’orgue est construit en 1842, classé aux Monuments Historiques en 1980 et restauré à l’identique en 1986.
L'église fait l’objet d’un classement au titre des Monuments Historiques en 1914.
Plusieurs maisons à pans de bois sculptés (la maison du Pilori, la maison de l'arbre de Jessé, la maison du Bailli…) datent du XVème siècle et quelques beaux hôtels particuliers en centre-ville.
Personnages liés à la commune
Marcel Aymé (1902/1967 portrait de droite) est né à Joigny où son père est maréchal ferrant au régiment des Dragons. Sa famille quitte la ville en 1903 pour Tours, après le décès de sa mère en 1904, il part vivre dans le Jura chez ses grands-parents. Victime de la grippe espagnole, il doit arrêter prématurément ses études d'ingénieur. Après son service militaire en l'Allemagne occupée, il exerce de nombreux métiers : journaliste, agent d'assurance, employé de bureau, manœuvre...
Son premier ouvrage paraît en 1926, Brûlebois, l'année suivante, Aller-retour, puis en 1928, Les jumeaux du diable. Son quatrième roman, La table aux crevés, est récompensé par le prix Théophraste Renaudot en 1929.
Parmi ses œuvres les plus célèbres on peut noter La jument verte en 1933 et Les contes du chat perché en 1934.
Dominique Adolphe Grenet (1821/1845) peintre, est né à Joigny dans une famille de notables. Elève d'Auguste Couder et de Léon Cogniet, il débute au Salon de 1845 où il présente un tableau Paysage, vue de Vézelay ou Saint Bernard prêche la seconde croisade et figure à ce salon jusqu'en 1882 avec des paysages de la Bourgogne, de la Bretagne et de la Forêt de Fontainebleau.
Madeleine Sophie Barat (1779/1865 portrait de gauche) est née à Joigny, la dernière d'une famille de trois enfants. Ses parents lui offrent une bonne éducation et elle fait l'apprentissage de la couture. Elle poursuit ses études à Paris, accompagnée de son frère Louis, prêtre. Elle fonde en 1800 la première communauté du Sacré-Cœur. On en compte aujourd'hui 600 dans plus de 40 pays, regroupant environ 4500 religieuses. Elle est béatifiée en 1908 et canonisée en 1925.
Jean Chéreau, personnage énigmatique dont les dates de naissance et de décès ne sont pas connues, a vécu au XVIème siècle. Dans un traité d'architecture qu'il a rédigé, il se définit comme tailleur de pierre natif de Joigny.
Il est l'auteur de la reconstruction de l'église Saint-Jean entre 1548 et 1596 et a œuvré sur le château comtal, vraisemblablement avec Jean Chéreau son père, en s’inspirant de l'architecte italien Sébastiano Serlio (1475/1554).
Faubourgs, quartiers, hameaux, lieux dits et écarts
Episy, La Madeleine, Léchères et les Faubourgs de Paris, du Pont et Saint Jacques.
Evolution de la population
Nos lointains ancêtres de la noblesse de Joigny ...
Carte Cassini
Sources
Sites et photo : Wikipedia, Joigny/tourisme et terroir, Office du Tourisme.
Date de dernière mise à jour : 25/07/2019